Au début de la Première Guerre mondiale, Céleste Albaret, 23 ans, paysanne douée pour le farniente, entre au service de Marcel Proust. C’est le mariage de la carpe et du lapin. Huit ans durant elle servira l’énergumène, satisfaisant ses caprices de noctambule et de névrosé, certes, mais surtout assistant au spectacle de la fiévreuse distillation de La Recherche. Il n’est pas certain qu’elle comprenne ce qu’elle regarde mais elle y prend un plaisir infini, charmée par l’intelligence et les manières de l’écrivain qu’elle observe comme un botaniste amateur entré par hasard dans une serre exotique. Chloé Cruchaudet, qui s’est sérieusement documentée (et a ensuite sagement décidé d’écrire sa propre version de l’histoire), livre un album délicat, intelligent, qui permet autant de goûter les étonnements de Céleste, sa découverte de la grande bourgeoisie parisienne, que d’apprécier la rouerie mondaine de Proust (délicieuse scène avec Gide !) et de pénétrer, un peu, dans le secret de la fabrique du roman. [...]
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