L’écologisme est la grande croisade de notre temps. Pourquoi vous en méfiez-vous ?
Je me méfie de l’écologie telle qu’elle s’incarne dans Europe-Écologie-Les Verts, chez Anne Hidalgo ou dans les mouvements associatifs précisément parce qu’elle se conçoit comme croisade et ses activistes comme des Croisés impatients de délivrer la nature, les bêtes, la terre, de la civilisation occidentale. Et ici les deux termes sont importants : il s’agit de délivrer la nature de la forme de vie occidentale et singulièrement française qui fait figure de coupable et, chez certains, dans une forme de rousseauisme larvé, paganisé, de la civilisation, de ses raffinements, de ses délicatesses – le « réensauvagement » est leur programme.
Les écologistes se regardent comme les chargés de mission d’un monde nouveau, mandatés par la planète en quelque sorte. En France, l’écologie prend son essor dans les années 1970, s’assoupit dans les années 1980- 1990 pour renaître sur les ruines du communisme, après la chute du Mur de Berlin. Significativement, le GIEC rend public son premier rapport en 1990, c’est alors que la grand-messe commence. Ces rapports d’experts, plus sombres et alarmistes à chaque nouvelle livraison, sont leur évangile, la bonne nouvelle pour une gauche orpheline de grands récits. « J’ai grandi avec les rapports du GIEC », aime à rappeler l’édile verte de Poitiers, Léonore de Moncond’huy, née très exactement en 1990.
C’est ainsi que des données factuelles qui, dès la fin des années 1960, venaient inquiéter le modèle de développement que nous avions adopté depuis la Révolution industrielle et plus résolument encore, après la Seconde Guerre mondiale, se transformèrent en une idéologie, ferment d’une Grande marche de l’humanité, entraînée par une avant-garde se tenant pour éclairée, vers un monde meilleur. [...]
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