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Carmen : L’art sauvé de lui-même

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Publié le

7 janvier 2018

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cARMEN

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Des gens malins, à Florence, ont décidé de changer la fin de Carmen. Parce que c’est pas possible de laisser mourir la dame comme ça.

 

 Le contexte culturel a changé, nous dit gravement l’attaché de presse. On est au XXIe siècle, merde, quoi ! Stop la haine, quoi ! Je comprends pas que tu comprends pas ça ! Les bons sentiments font les bons ouvrages, tout le monde sait ça ! Donc, Carmen tue Don José, façon Jacqueline Sauvage, et Olivier Py trouve ça très bien. Parce que le contexte a changé mais il faut quand même que quelqu’un meure.

Il ne faudrait pas croire que ces fins observateurs du contexte culturel soient dépourvus de sens esthétique : la mort, c’est beau ; il faut juste que ce soit la bonne personne qui meurt. Celui qui meurt, c’est l’oppresseur, pas l’opprimé, et ça génère du débat, et de l’audience, et on ménage quand même une petite satisfaction macabre, un petit spasme amoureux pour l’amateur.

Ce qui était autrefois un exercice parodique ou pamphlétaire (Voltaire écrivant des textes grotesques sur les amours animales de Jeanne d’Arc, par exemple), en marge du texte original, devient un choix de société, une exigence de civilisation, une œuvre éducative, une refondation morale et nécessaire.

 

Lire aussi : Marvel, le comique de diversité

 

 On attend évidemment avec impatience Madame Butterfly tuant Pinkerton (ou vendant son épouse américaine à un trafiquant d’organes, ça me paraît plus cruel, donc plus juste, et propre à générer du débat), ou Antigone instituant une démocratie participative après l’exécution de Créon par les esclaves constitués en coopérative de bourreaux. C’est épatant !

Un marché prodigieux s’ouvre, aux bénéfices infinis ! Des armées de scénaristes vont réécrire, les éditeurs vont publier de luxueux coffrets où voisineront différentes versions d’une même œuvre (la version dite “paléopatriarcale” – ou originale – sous blister avec avertissement, la version “libérée“, avec inversion systématique des oppresseurs et des opprimés, et la version “inclusive”, où les personnages discutent entre eux de leurs possibles devenirs pour établir un consensus sur des pluralités narratives genderfluides).

Le marché nous apportera, dans un même mouvement, un divertissement bienvenu, un honnête profit et une société pacifiée.

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