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Céline Revel-Dumas : « Dans une GPA éthique, l’indemnisation sert de rémunération déguisée »

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Publié le

15 octobre 2021

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L’animateur Christophe Beaugrand mène la promotion de son livre « Fils à papa(s) », où il raconte son parcours de GPA aux États-Unis. Dans ses prises de parole, il défend le modèle éthique de la pratique dans les pays anglo-saxons. Céline Revel-Dumas, auteur du livre « GPA, le grand bluff » nous explique en quoi la GPA éthique est un leurre. Entretien.
GPA

Lorsqu’il évoque son livre, Christophe Beaugrand se défend de toute exploitation sur des femmes vulnérables, arguant que dans les pays anglo-saxons, les mères porteuses « sont choisies sur leur haut niveau de revenus […] pour que l’argent ne soit pas une motivation ». Qu’en est-il selon vous ?

L’affirmation de Christophe Beaugrand pourrait laisser croire que des femmes de milieux privilégiés acceptent d’être mères porteuses. C’est faux. Les agences sélectionnent les femmes en écartant les plus précaires. Mais il s’agit avant tout de valoriser leur image auprès des clients.  La misère n’est pas très vendeuse. Et les clients ont besoin d’être rassurés car l’enjeu est important, émotionnellement et financièrement. Parmi les candidates à la GPA, ce sont celles qui présentent le mieux qui sont sélectionnées. Certaines mères porteuses, le deviennent pour des raisons religieuses car elles considèrent la maternité comme sacrée. Mais de manière générale, l’argent est bel et bien une motivation.

Aux États-Unis une mère porteuse est rémunérée en moyenne entre 20.000 et 35.000 dollars et jusqu’à 50.000 dollars. Ces femmes vivent la GPA comme un travail qu’il faut mener à bien avec tous les impératifs que cela comporte. Notamment celui de ne jamais parler d’argent avec les candidats à la parenté. Beaucoup de « parents d’intention » sont persuadés que la question financière n’a pas lieu d’être. Et comme dans tout contrat commercial, il existe des clauses d'annulation. Les contrats de GPA, peuvent comporter des clauses obligeant la femme à subir une « réduction embryonnaire » ou un avortement, si les parents d'intention changent d'avis.

Le « don » aux États-Unis est bel est bien une mise aux enchères de la femme elle-même

Dans une interview accordée à Konbini, Christophe Beaugrand explique que dans une GPA « éthique », ce sont la donneuse d’ovocytes et la mère porteuse qui choisissent le couple de parents d’intention. Dans votre livre, vous expliquez pourtant que ça n’est pas systématique. 

Les « parents d’intention » sont souvent victimes du marchandising des agences. Ils pensent sincèrement que ces femmes les choisissent. C’est en réalité le script qu’elles doivent suivre pour être engagées. Pas de discours du merveilleux et du don, pas de travail. Certaines refusent de travailler avec des couples gays, alors que d’autres au contraire redoutent la jalousie des femmes qui n’ont pu être enceintes. Mais une chose est certaine : la sélection des donneuses a lieu sur catalogue, et des « profils PDF » de mères porteuses sont proposés aux futurs parents, qui font une première sélection. Il arrive que les donneuses d’ovocytes ou les mères porteuses refusent un contrat si elles sont indisponibles ou ont eu une meilleure offre. Il s’agit bien d’une relation commerciale répondant à la loi de l’offre et de la demande. L’illusion du « choix » pensé comme libre-arbitre n'est qu’une illusion pour rassurer les couples qui veulent un enfant.

Y a-t-il une différence réelle entre GPA commerciale et non-commerciale ?

La difficulté dans les pays où la GPA n’est pas rémunérée mais « indemnisée », c’est que la définitions des « frais » est extrêmement floue. En réalité les paiements ne peuvent pas être cadrés.

On nous parle de « donneuse » d’ovocytes. Dans les pays interdisant la GPA commerciale, les donneuses d’ovocytes sont « indemnisées ». Peut-on vraiment parler de « don » ?

Il ne s’agit pas d’un « don ». Cette rhétorique altruiste vise à dissimuler la financiarisation de la procréation. L’indemnité est calculée en fonction du temps donné par la jeune femme, l’énergie consacrée, les désagréments (à savoir les douleurs) etc. Mais ce sont des sommes très conséquentes pour des étudiantes, qui sont les plus démarchées. Jeunes, leurs ovocytes ont plus de valeur. Cette indemnisation sert de rémunération déguisée lorsque la loi interdit la vente de matériel humain. Aux États-Unis par exemple, où l’indemnisation peut être très élevée, il existe une loi fédérale interdisant la vente d’ovocytes. Mais dès les années 1990, les cliniques ont trouvé un moyen de contourner l’interdiction. [...]

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