En 2019, lorsque Downtown Abbey débarque sur grand écran quatre ans après la "n de la série au succès international, l’attente et l’appréhension sont de rigueurs. On ne transpose pas aussi facilement un format TV dans une salle obscure. La déception est grande, du moins pour ceux qui espéraient quelque chose. Trois ans plus tard, les créateurs remettent le couvert: non seulement on ne s’y rend pas en traînant les pieds mais on s’émous- tille même aux premières notes de piano du fameux générique. Finalement, on n’abandonne jamais des compagnons d’écran de cinq ans aussi facilement, quand bien même ils seraient anglais.
Pour ceux qui sont passés à côté de l’une des plus belles créations de cette dernière décennie, Downton Abbey suivait les aventures de Lord Robert Crawley, comte de Grantham, de sa famille et de leurs domestiques. Un petit bijou d’écriture créé par Julian Fellowes, scénariste de Gosford Park, qui brossait avec délicatesse un portrait de l’Angleterre de 1912 à 1925, entre tragédie intime et grande Histoire. D’un anti-conformisme revigorant, la série ne cessait de rappeler qu’il n’y a point de civilisation sans convention, que le « l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde », comme l’écrivait Valéry et que le conservatisme est son salut. Cette nouvelle ère, comme l’annonce le titre, s’ouvre sur le mariage de Tom Branson (le gendre veuf de Lord Grantham) et de sa fiancée Lucy. La caméra précède les mariés sortant de l’église, l’occasion de croiser tous ses personnages découverts au fil de six saisons. Tous ont répondu présents pour un nouveau tour de piste. Puis la vedette apparaît enfin, majestueuse, éternelle : le château. [...]
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