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Éditorial culture de mai : Goebbels moins le grandiose

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Publié le

4 mai 2021

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Le numéro 42 est disponible depuis ce matin, en kiosque, par abonnement, et à la demande sur notre site. Voici l’éditorial culture, par Romaric Sangars.

Le mitterrandisme, dont ce numéro récapitule les méfaits quarante ans après son funeste avènement, fut à l’origine du triomphe de cette caste ignoble que Philippe Muray qualifiait d’« artistocrates », ces vedettes de la chanson, du cinéma ou de l’humour qui devinrent les relais médiatiques envahissants du catéchisme progressiste. Ce qui nous paraît commun ne l’était pas avant ces années 80 et il aurait auparavant paru incongru de prendre en considération les réflexions politiques et morales d’un comédien doué, d’un chanteur émotif ou d’un clown amusant, comme si leurs qualités professionnelles pussent avoir un quelconque rapport avec un surplomb stratégique de la réalité ou une rumination spéciale de la pensée en vertu desquelles il eût été raisonnable de leur prêter une attention plus soutenue, sur les grands sujets du temps, qu’à notre chauffeur de taxi détaillant sa Weltanschauung en plein embouteillage.

Il est vrai que le règne des « intellectuels » avait déçu. Ces prophètes profanes héritiers de Zola avaient bien dénoncé parfois des injustices, leur métier d’écrivain, de philosophe, d’observateurs de leur époque armés de culture pouvait justifier qu’ils prissent, dans une société laïque, le relais des prêtres, mais enfin, il se trouve qu’ils s’étaient, au long du XXe siècle, tous compromis avec les totalitarismes, exceptés Bernanos à droite et Camus à gauche. Ce n’était pas une raison de brader leur chaire à Coluche et ses potes. Soudain, Renaud – gouailleur mais mièvre, Guy Bedos – colérique inculte, Balavoine – douze ans d’âge mental, vinrent expliquer le monde au reste de la population entre deux tournées triomphales, une vanne salace et un refrain sentimental. On s’était tout de même éloigné de Voltaire. Dans ces années 80 arrogantes et superficielles, exprimer une opinion débile à la mode devint le cancer mental d’une jeunesse manipulée par les grands médias. Goebbels moins le grandiose. Voilà ce qu’avaient inventé Mitterrand et Jack Lang.

Dans ces années 80 arrogantes et superficielles, exprimer une opinion débile à la mode devint le cancer mental d’une jeunesse manipulée par les grands médias

Comme Coluche à Sartre, la « culture » se substitua à l’art. Le tag, le skateboard, le rap, la pub, devinrent, par souci d’égalitarisme qui n’offensât personne, équivalents à Mozart, à Baudelaire, à Dante. Le moindre geignement d’analphabète recouvrit ce qui pouvait justifier nos vies. Pour ce seul crime, Lang mérite amplement l’enfer qui l’at- tend. Tandis que dans la Chine de Mao, des jeunes gens fanatisés avaient brûlé les toiles de leurs meilleurs peintres au nom de la « révolution culturelle », ici, des étudiants de l’UNEF ID fascisaient l’excellence. De vulgaires jongleurs se prirent pour Bossuet, on se servit de l’autorité de Shakespeare pour nous intimider devant le moindre dégueulis d’adolescent répétant comme un zombie les mantras socialistes.

Aujourd’hui, Camélia Jordana, Adèle Haenel, Ibrahim Maalouf, Angèle, tous ces gens qui auraient été recalés au brevet des collèges de 1960, succédant aux bénéficiaires du putsch mitterrandien, continuent de servir d’armée de réserve à la propagande progressiste. Il est vrai que la lutte est plus facile quand on s’affronte à l’esprit critique réduit d’une population débilitée par quarante ans de pédagogisme. Pourtant, la stupidité de ces saltimbanques est trop outrancière pour ne pas s’avérer flagrante, la preuve par la dernière soirée des César. L’artistocrate est nu. Mais bien davantage qu’il l’imagine. Son arrogance, sa vulgarité, sa bêtise, tout cela étincelle désormais sous les spots.

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : l’art de conserver

L’une de nos missions historiques consiste à continuer de démystifier ces usurpateurs, à en finir avec le règne des artistocrates. Ce n’est pas à un chanteur de variétés, ou pire, à un rappeur, c’est-à-dire un idiot volubile, de guider les foules. Il est de notre responsabilité de renvoyer ces clowns en coulisses du débat public. Et nous promettons de le faire de manière spectaculaire, parce que nous voulons, nous, contrairement aux singes engagés, qu’au moins, au fil de ces convulsions nationales, le public s’amuse.

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