Une enfant est morte. Un crime immonde, abject, incompréhensible de gratuité dont seul le Mal peut s’enorgueillir. Lola aurait pu être notre petite-fille, notre fille, notre sœur, c’est-à-dire l’innocence abattue au coin de la rue. La coupable est une Algérienne clandestine, nous somme-t-on de ne pas dire. Elle serait SDF et sa mère se battait pour que ses trois filles s’en sortent, nous oblige-t-on à entendre. Et donc ? Est-ce parce qu’elle est une immigrée qu’elle aurait commis cette barbarie sans nom ? Évidemment non, pas plus parce qu’elle serait sans le sou et sans père. Coup de folie ? Vengeance ? Sacrifice d’enfants zouhris, ces gamins au morphotype bien particulier, offerts à Satan en Afrique du nord en échange de trésors ? L’enquête livrera sans doute quelques réponses mais qui ne satisferont ni ne consoleront personne puisqu’il y a bien longtemps que l’Homme pour satisfaire son orgueil et fuir le vertige du Mystère a refusé de croire. En attendant la France pleure, prie et gronde.
Mais la machine médiatico-politique s’est mise en branle, en mode rouleau compresseur, pour étouffer ce drame en ordonnant de se taire pour Lola alors que la même machine exigeait le vacarme pour d’autres, oubliant que le silence justement était aussi politique. Ils ont dénoncé l’immonde récupération parce que des rassemblements s’organisaient, l’ignominie de cette prétendue utilisation de la barbarie, les mêmes, ces princes de la récupération politique la plus crade, qui organisent des Nuremberg à chaque coin de rue, jusqu’à demander des comptes aux époux Klarsfeld qui ont eu l’indécence d’accepter d’être nommés citoyens d’honneur de la ville de Perpignan.
La France serait priée, en plus de plier le genou à chaque voyage diplomatique en Algérie, d’en garder les déchets
Qui sont-ils pour juger la sincérité de la colère ? Qui sont-ils pour analyser tels des biologistes de la bien-pensance le degré de pureté des larmes ? Qui sont-ils pour déterminer ce qui relève de la récupération politique ou non ? Qui sont-ils pour imposer le rétro-planning de l’indignation et les éléments de langage sinon des communicants vautours qui préfèrent enterrer les réponses pour éviter la seule question qui vaille : pouvions-nous éviter la mort de Lola ? La réponse est oui, sans débat, ni mais, ni virgule.
Le camarade Samuel Fitoussi nous a offert une séquence télé d’une drôlerie terrifiante en affirmant l’évidence – si la loi était appliquée, Lola serait encore vivante – devant un parterre de journalistes qui nous feraient brûler notre carte de presse de honte. Quelle fut la réponse de l’un d’eux ? « Oui, mais elle aurait alors peut-être tué un enfant en Algérie ». Stupidité ou mauvaise foi, la compatibilité des deux n’étant plus à prouver depuis bien longtemps, la France serait priée, en plus de plier le genou à chaque voyage diplomatique en Algérie, d’en garder les déchets.
La coupable n’aurait jamais dû être en France et c’est pourquoi ce fait divers est un fait de société. Parce qu’il y a une responsabilité politique et médiatique, non qu’ils aient voulu la mort de cette enfant, bien entendu, mais parce que leur idéologie, leur incompétence, leurs mensonges et leur lâcheté ont permis à la coupable de croiser sa victime.
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Il n’y a bien que notre garde des Sceaux pour feindre de croire que l’ensauvagement ne serait qu’un sentiment, du moins pour les victimes, car dès qu’un suspect pointe son nez, la robe du pénaliste reprend vite le dessus : « Celle qui fait figure de principale suspecte, a vingt-quatre ans, est inconnue des services de police, sauf qu’elle a été victime de violence », osa-t-il dire à l’Assemblée nationale. La rubrique des monstruosités ne cesse d’enfler jour après jour et il y a bien longtemps que plus personne ne croit aux bienfaits de l’immigration. À peine quelques jours après la mort de Lola, un Algérien sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire) tentait de violer une magistrate du parquet de Créteil.
Alors on peut jacter sur l’imprécision des mots, la lourdeur et la maladresse des appels à manifester, la bêtise d’acheter des noms de domaines, mais tout cela n’est rien à côté de l’injonction de se taire, de l’ordre d’oublier pour ne surtout pas dire qu’on s’est trompé.
Dans cette plongée vertigineuse dans les abysses de l’âme humaine, la France a redécouvert comment, chez l’Homme, le bien et le mal joutent toujours et que le prétexte pour détruire peut être accessoire chez le diable. Mais l’homme malgré sa petitesse a pour lui cette civilisation façonnée depuis deux-mille ans, son cadre, ses lois, ses mœurs et son État, garant de sa sécurité et de son humanité. Encore faut-il qu’il assume son rôle, encore faut-il que la France ne devienne pas un asile sans droit.
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