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Éditorial d’Arthur de Watrigant : Rentrée et gueule de bois

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1 septembre 2023

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« Le journalisme est débranché depuis belle lurette. Heureusement, notre cher président va remédier au problème. » Éditorial du numéro 67.
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Vous ignorez sans doute de le savoir mais L’Incorrect vit dans une cave parisienne. Du moins ça y ressemble beaucoup. Pierres apparentes et deux petites lucarnes pour laisser passer la lumière, l’idéal pour garder la tête froide et les idées claires même en temps de canicule. Si la rédaction reconnait bien volontiers les avantages comme les odeurs de clopes tièdes, le taux humidité idéal pour conserver du pinard et pouvoir écouter du Sardou à pleine balle sans refourguer une crise d’hémorroïdes à Juliette Armanet (une chanteuse), il lui arrive de réclamer quelques travaux de confort : une verrière pour Nicolas Pinet, un rooftop pour Romaric Sangars, une cuisine en formica pour Rémi Carlu, une tireuse à bière pour Juliette Briens et un troisième plumard pour Ange Appino.

La mystique cistercienne comme horizon, voilà un programme qui a de la gueule

Alors cet été L’Incorrect a décidé de déménager le temps d’un bouclage, de l’autre côté du périph’ pour prendre l’air et le pouls de la vraie France : le Sud-Ouest. À peine le pied posé sur le sol du pays réel, la moitié des journalistes se liquéfiait comme un Mister Freeze oublié dans le micro-ondes, montrant une nouvelle fois que l’Homme n’est pas interchangeable. Macron, von der Leyen et toute la clique peuvent blablater tant qu’ils veulent, un Picard n’est pas fait pour vivre au sud de la Loire, tout comme Matteo en France. Notre cave redevenait soudainement désirable, du moins pour ceux qui n’avaient pas lu, enfant, Le beau chardon d’Ali Boron. D’autant plus que si le soleil peinait à se frayer un chemin, l’internet fonctionnait lui à plein régime. Tout l’inverse de notre villégiature temporaire. Sauf à tenter de jouer à la ballerine russe perchée en haut d’un saule pleureur pour attraper 1G, l’actualité se révèle soudainement moins oppressante. Les petits anges ne partent plus trop tôt, les hommes ne peuvent pas pondre de gosses, l’antisémitisme n’est pas sorti de l’arrière-cuisine de LFI, Momo ne joue pas l’émeutier en pillant des Lidl et Philippe Delerm n’a jamais écrit de livre. Bref la pause est salutaire, même indispensable pour ragaillardir tout ce petit monde avant de repartir au combat, sabre au clair, tête haute, le teint hâlé dans cette France qui se consume depuis trop longtemps.

C’est l’heure de la rentrée. Notre coq, un tantinet déréglé qui sonnait à 17 heures pour nous rappeler qu’il y avait pot, a été grand remplacé par les sirènes de l’actualité qui nous filent la migraine d’une gueule de bois. Nos confrères pétitionnent toujours au nom de la liberté d’expression pour dénoncer le JDD et sa nouvelle équipe. « Là où Vincent Bolloré passe, le journalisme trépasse » explique fièrement Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. Le même qui fut mis en accusation par le Canard enchaîné en 2016 à cause « des départs, les licenciements et le mal-être d’une partie de l’effectif de l’organisation » n’a probablement jamais lu une ligne des éditions précédentes de l’hebdo du week-end pour professer une ânerie pareille. Le journalisme est débranché depuis belle lurette. Heureusement, notre cher président va remédier au problème. En septembre s’ouvrent les États généraux de l’information car « l’accès à une information libre, indépendante et à laquelle on peut se fier est bien l’une des conditions de la démocratie ». Le « cadre pluraliste » annoncé est respecté : les seuls journalistes du comité de pilotage sont Nathalie Collin, ex-patronne de Libé et du Nouvel Obs et… Christophe Deloire. C’est beau comme Radio France et l’issue ne réserve guère de surprise.

Lire aussi : Éditorial d’Arthur de Watrigant : « À quoi servent les gens de droite ? »

Mais peu importe chers lecteurs, car notre brillant rédacteur en chef culture nous laisse entrevoir la lumière dans La Dernière avant-garde, son nouvel essai sublime : « À l’aube du deuxième millénaire, comme tous les succédanés sont morts, les semblants d’ordre, les faux destins, les trônes trompeurs, ne reste sans doute que l’Esprit Saint pour y voir clair ; l’Esprit Saint et le XIIe siècle ». C’est autre chose que les valeurs de la République. La mystique cistercienne comme horizon, voilà un programme qui a de la gueule.


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