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Éditorial de Jacques de Guillebon : SOS

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Publié le

3 février 2022

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Le numéro 50 est disponible depuis ce matin en kiosque, par abonnement, et à la demande sur notre site. Voici l’éditorial du numéro, par Jacques de Guillebon.
Jack

Bruits de guerre, queues d’épidémies, rumeurs de krachs boursiers, menaces d’inflation et fonte de banquise : pendant que le monde encore une fois ne va pas, nous parlons affaires sérieuses en France. L’incroyable Valérie Pécresse nous entretient de transmission. Rassérénante nouvelle, se dit-on. Hélas. Mauvaise élève qui a certainement tenté de copier l’un de ses rares voisins qui aient lu des livres, elle fait du Bellamy à destination de Neuilly : le patrimoine immatériel, connais pas, on en revient encore et toujours à cette droite de la toiture à refaire, dont les enfants ont beaucoup souffert, qui devront payer sans doute pas loin de 10 % sur le million de leur succession. Cette appétence pour l’héritage au sens uniquement concret se répand parmi toute la droite, jusqu’à Marine Le Pen en passant par Éric Zemmour. Que chacun puisse jouir de la demeure familiale et du fruit du travail de ses parents, rien de plus normal – dans une certaine mesure ; mais que les intuitions électorales de ceux qui aspirent à nous gouverner se réduisent à ces questions de fermiers généraux rend ce temps plus triste et plus médiocre encore. Quelle politique internationale de la France ? Quelle réforme réelle de l’école ? Quelle volonté culturelle ? Et surtout : quelle foi, quelle spiritualité, quelle métaphysique ? C’est un peu comme si tout le monde s’en foutait.

Humanitarisés, kantiennisés, nul pour se soucier plus du salut de nos âmes.

Certes, on nous rétorquera que le temporel doit demeurer dans son ordre et qu’il n’est pas fondé à se soucier du salut des âmes, lequel serait strictement privé. Paralogisme moderne ô combien destructeur, dont nous mourons à petit feu. Pour faire bonne mesure, on se contente d’agiter – si l’on ose dire quoique la métaphore soit déplorable – les racines chrétiennes de la France sans jamais se demander d’où elles sont nées, et quelle semence irriguée par qui les a aidées à faire croitre l’immense arbre de la civilisation française. Que sont nos milliers de calvaires aux croisées des chemins si personne ne se signe en les rencontrant ; que sont nos églises aux pierres liées par la sueur de nos aïeux si nul ne les pénètre pour y prier ? Non, le contemporain préfère admirer – ça coûte moins. Vous comprenez, je n’ai pas la foi ce n’est pas de ma faute. Et j’ai certainement autre chose à faire. Acheter des NFT par exemple, même si personne n’a compris de quoi il retournait.

Humanitarisés, kantiennisés, nul pour se soucier plus du salut de nos âmes. Restent les incroyables galipettes de l’esprit scientifique, qui nous envoie au-delà de Mars ou au fin fond de la matrice numérique. Animaux doués de la dignité du cloporte, nous revendiquons nos droits imaginaires qui n’existent que sur un bout de papier appelé constitution qu’un peu de vent dictatorial chinois ou tyrannique islamique dispersera demain ; nous nous battons pour des libertés que rien ne justifie au fond sinon la claire conscience que nous sommes des enfants sauvés, et pas par n’importe qui et pas par nos seules forces.

Lire aussi : Éditorial de Jacques de Guillebon : Jubilé

Mais c’est apparemment comme si tout le monde s’en foutait. Tant que les affaires roulent et que la terre tourne encore, peu importe dans quel sens. Tout cela nous paraît si loin, si lointain ce temps où l’on pouvait non seulement mourir pour ses idées mais surtout vivre sous elles ; où nous n’avions pas des gratte-ciels mais des cathédrales, inutiles squelettes élevés gratuitement vers un firmament qu’on croyait habité. Imagine-t-on qu’alors on eût fait campagne seulement sur le taux de CSG ? Imagine-t-on qu’on se soit résolu à traiter le pouvoir d’achat sans imaginer le sort général des pauvres, ni leurs profondes aspirations ?

Mais apparemment, nous nous y sommes faits, âmes habituées que nous sommes, et on se réjouit d’avoir Hanouna plutôt que le curé d’Ars, Michel Onfray plutôt que Thomas d’Aquin, Valérie Pécresse plutôt que le duc de Guise.

Est-il temps encore ? Oui. Il est temps encore de faire de cette morne campagne autre chose. Est-il temps encore ? Oui. Il est temps encore de faire de cette morne campagne autre chose qu’un Waterloo spirituel. Il est temps que se lèvent de nouveaux soleils d’Austerlitz dans ce ciel qu’ils ont cru un jour éteindre. De sauver nos âmes.

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