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Édouard Husson : « Madame Merkel a un très mauvais bilan pour l’Allemagne et pour l’Europe »

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Publié le

11 octobre 2021

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Le 26 septembre dernier, le SPD a remporté les élections législatives allemandes (25,7%), devançant ainsi la CDU d’Angela Merkel. Alors que les négociations pour former une coalition sont en cours, l’historien Édouard Husson, spécialiste reconnu de l’Allemagne, décrypte les résultats pour L’Incorrect, et annonce une coalition à venir entre le SPD, les Verts et le parti libéral.
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Quels sont les ressorts de ce retour de la gauche sur le devant de la scène politique allemande, seize ans après Gerhard Schröder ?

C’est un SPD qui est dix points en-dessous du score qu’il faisait avec Gerhard Schröder. Mais il s’agit néanmoins d’un retournement spectaculaire puisque le parti a commencé la campagne électorale à 15% dans les sondages – là où se trouvent les Verts aujourd’hui. On pensait, à gauche, que les Verts étaient devenus la force politique la plus solide et on lui a même donné en mai dernier un potentiel de 25%. En fait, ce qui a compté, c’est la personnalité des candidats au poste de Chancelier : le leader du SPD, Olaf Scholz, s’est révélé plus solide que ses deux principaux concurrents, Armin Laschet, chef de file de la CDU-CSU, et Annalena Baerbock, tête de liste des Verts. Il y a un paradoxe, qu’il faut souligner : l’Allemagne était gouvernée par une Grande Coalition (CDU-SPD) et Olaf Scholz est le ministre des Finances sortant, vice-chancelier, qui plus est. Il aurait pu apparaître comme un homme usé, mais ce n’est pas le cas. Cela nous dit bien, cependant, que le SPD dont il s’agit est un parti très centriste ; certains, parmi les militants, espèrent voir un « coup de barre à gauche », par exemple dans le cas d’une coalition gouvernementale avec Die Linke et les Verts. Mais c’est peu probable.

À l’opposé, Angela Merkel se retire sur un revers électoral cinglant : pour la première fois dans l’histoire de la République fédérale d'Allemagne, la CDU n’a pas dépassé la barre des 30%. Comment expliquez-vous ce revers des démocrates-chrétiens ?

Madame Merkel vous ferait remarquer qu’elle ne se représentait pas. Mais vous avez raison, c’est largement sa défaite. Quand elle est devenue Chancelière, la coalition des chrétiens-démocrates et des chrétiens-sociaux faisait entre 35 et 40%. Elle la laisse à moins de 25%. Et il s’agit d’une tendance lourde puisqu’elle-même n’avait fait que 32% en 2017. Comment l’expliquer ? En fait, Madame Merkel, fille d’un pasteur protestant compagnon de route du régime de RDA, était porteuse d’un véritable progressisme qu’elle a progressivement insufflé à la CDU : sortie complète de l’énergie nucléaire (2011), accueil des « migrants » (2015), adoption du mariage homosexuel (2017) ne sont que les moments les plus significatifs de ce qui a été une lente dérive vers le centre-gauche de la CDU, pour se disputer les suffrages des 50% les plus riches de la population allemande avec le SPD, les Verts et les Libéraux.

Lire aussi : L’Allemagne au secours de l’Europe des nations ?

Ce faisant, Madame Merkel a laissé découvert le flanc droit du parti et permis l’installation de l’AfD à 10% environ. On aurait pu imaginer qu’Armin Laschet amorce un retour vers le centre-droit ; mais il s’est affaibli lui-même lorsqu’il a été filmé en train de ne pas écouter et de rire pendant le discours du Président de la République fédérale à la mémoire des victimes des inondations de juillet. Et puis sa campagne a été sabotée par le Ministre-président de Bavière, furieux de ne pas avoir été retenu comme candidat à la Chancellerie. Ce dernier vient d’ailleurs de faire capoter une possibilité, pas nulle, de coalition entre la CDU, les Verts et les Libéraux, parce qu’il ne voulait pas que Laschet devienne Chancelier. [...]

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