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[Idées] Les enjeux éthiques de la génétique

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Publié le

25 août 2022

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Dans un essai brillant, le philosophe américain Michael Sandel examine les enjeux éthiques du génie génétique. Pour lui, le véritable problème du transhumanisme résiderait dans le triomphe d’une volonté prométhéenne sur les domaines du donné et de l’immaîtrisable, ce qui bouleverserait pour le pire notre façon d’être au monde.
sandel

Outre les flux migratoires et le réchauffement climatique, outre donc notre rapport politique à l’autre et écologique à l’environnement, il est un nouveau vertige qui pointe, quoiqu’il ne soit politiquement pris en charge par personne, une sorte de troisième dimension qui vient elle aussi remettre radicalement en cause notre être ici-bas en interrogeant la conception que l’on se fait de nous-mêmes: les techniques d’amélioration génétique. Doit-il être possible de payer des dizaines de milliers d’euros pour choisir le sexe ou augmenter la taille de son enfant, pour se doter d’une mémoire prolifique ou accroître ses capacités athlétiques? Faut-il permettre au fond, comme c’est déjà le cas outre-Atlantique, l’emploi de moyens médicaux à des fins non-médicales pour nous améliorer au gré de nos envies ? Autant de questions qu’il nous est urgent de penser pour qu’une utilisation juste soit faite des techniques de demain – le risque étant d’autant plus grand que le phénomène, s’il advient, sera nécessairement contagieux: les réticents devront imiter les rares initiateurs pour ne pas devenir leurs singes.

Personne n’est la cause de son talent, qui lui vient ou de la nature, ou du hasard, ou de Dieu

Dans un essai aussi méthodique et lumineux qu’à l’accoutumée, le philosophe américain Michael Sandel, couramment présenté comme l’une des têtes d’affiche du mouvement communautarien, interroge l’éthique du génie génétique, et cherche à formuler en termes philosophiques et moraux le profond malaise suscité par ces techniques d’augmentation.

Son grand mérite est de démontrer l’impuissance de l’outillage libéral pour cerner le problème, car il n’est pas possible, du seul fait de la logique, d’écarter une innovation au nom de principes qui ne sont pas accomplis sans elle et que donc elle ne menace pas. Or, ni l’égalité, ni la justice, ni l’autonomie ne sont conformes aux « aléas de la loterie génétique » – ni ne sont d’ailleurs compatibles ensemble sur le plan génétique, quoique chacun puisse être individuellement réalisé par la technique. Pour situer le problème, il faut donc nous « confronter à des questions que nous avons largement perdues de vue dans le monde moderne, qui concernent le statut moral de la nature et la position que doivent adopter les humains face au monde donné ». [...]

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