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Etats-Unis : une fuite en avant sociologique

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Publié le

25 août 2018

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On a beaucoup glosé sur les lignes de force des électorats de Donald Trump et d’Hilary Clinton, symptomatiques d’une fracture occidentale, opposant les grandes métropoles à des « périphéries », les communautés entre elles, ou même, les classes cultivées aux catégories moins éduquées.

 

Se jouerait, en filigrane, un conflit quasi eschatologique entre un vieux monde occidental refusant de disparaître, en l’espèce celui des grands espaces, des cowboys, de l’Amérique des pionniers, et, un nouveau monde plus sensible au progrès, écolo, multiculturel, avènement d’un homme d’après. C’est ici, d’ailleurs que les visions divergent : le multiculturalisme, ce combat permanent contre le mode de vie « dominant », celui venant de l’Europe moderne, est-il l’étape préliminaire obligatoire avant l’émergence d’un monde de l’indifférence, où les races, les religions, et tous les attachements collectifs, finiraient par céder le pas au règne de l’individu monocolore, ou bien un état destiné à devenir permanent ?
À en juger par les élections primaires du Parti Démocrate dans différents Etats américains, il semblerait que l’opposition à Donald Trump soit aujourd’hui principalement concernée par des symboles. Femmes musulmanes et candidats transgenres sont ainsi devenus le nec plus ultra de la gauche américaine, dont le discours pourrait se résumer à « nous sommes les gentils des grandes villes de toutes les couleurs et de tous les genres ». Hollywood et la télévision nourrissent d’ailleurs ce discours, en témoigne la plutôt réussie série Sense 8, produite et réalisée pour Netflix par des « frères Wachowski » pionniers de la transmigration sexuelle. Les deux réalisateurs de films aussi cultes que Bound ou la trilogie Matrix ont troqué leurs anciens prénoms, Andy et Larry, pour de nouveaux plus féminins : Lana et Lilly. Tous deux ont subi des opérations lourdes de chirurgie esthétique.

 

 

Sense 8 est donc la première création de « Lana et Lilly », celle où i-elles ont pu développer toutes leurs obsessions. Fable panthéiste sur un groupe de personnes connectées depuis la naissance par un lien télépathique puissant que la société rejette, Sense 8 offre un panel de héros censés représenter tous les sous-groupes, toutes les chapelles modernes : une Indienne en butte aux traditions culturelles de son pays, un transsexuel de San Francisco, un policier toxicomane, un gangster germano-russe, un acteur mexicain hyper viril obligé de sortir du placard, un Africain forcément adorable, une Coréenne experte en arts-martiaux, etc. À peu de choses près le casting rêvé des Démocrates pour détruire l’Amérique de Trump !
Le choix des acteurs est primordial pour qu’un film soit réussi. Les Démocrates ont choisi plusieurs candidats susceptibles d’incarner cette Amérique post Trump. En plein mois d’août, Christine Hallquist remportait l’élection primaire démocrate au poste de gouverneur du Vermont, en pôle position pour devenir la première « femme transgenre » élue gouverneur(e) aux Etats-Unis. De quoi réjouir ces nouveaux médias qui font sans cesse vibrer la corde de l’émotion avec de petites vidéos larmoyantes sur des parcours de vie exemplaires ou des personnes injustement discriminées. Brut ou Aj + sont les spécialistes de ces formats courts faciles à comprendre et à diffuser. Si les questions LGBTQ sont plutôt du ressort de Brut, Aj + n’y rechigne pas mais se concentre plutôt sur les minorités culturelles et raciales.

 

 

Ils auront de quoi faire avec Ilhan Omar, Somali-Américaine et première femme voilée élue à la chambre des représentants du Minnesota et à l’assemblée législative d’un Etat fédéré, qui vient de remporter l’élection primaire démocrate au Congrès afin de représenter le cinquième district du Minnesota, ou avec Rashida Tayeb, travailleuse sociale du Michigan qui n’aura pas d’adversaire pour les élections de mi-mandat de la Chambre des représentants, et sera donc assurée d’être la première femme musulmane à y faire son entrée en janvier 2019. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, inclusif et régénéré. Le Parti Démocrate fait clairement le choix d’unir toutes les minorités contre la majorité conservatrice favorable à Donald Trump, rompant brutalement avec les intuitions socialistes de Bernie Sanders. Cette stratégie n’avait pas permis à Hilary Clinton de gagner l’élection présidentielle, battue sur le fil par le white devil phallocrate en personne.
Le parti à l’âne l’emportera-t-il de la sorte ? Difficile de l’affirmer pour l’heure, mais la popularité de Donald Trump se stabilise, sinon progresse dans les dernières enquêtes d’opinion, principalement grâce à ses mesures fiscales bien accueillies. De manière à consolider les swing states qui l’ont fait Président, ceux de la Rust Belt ouvrière auparavant démocrates, Donald Trump pourrait avancer un peu plus sa politique de grands travaux publics et maintenir son cap protectionniste. Les préoccupations des Américains sont, comme en France, bien éloignées des délires idéologiques d’une gauche pseudo-progressiste, embourbée dans les luttes communautaires. Ilhan Omar et Rashida Tayeb semblent être des candidats pour les militants les plus radicaux, absolument pas représentatifs de l’ensemble de la société américaine. En France, les socialistes s’étaient aussi fait plaisir en choisissant Benoît Hamon, candidat clivant. Le résultat n’avait pas été fameux…

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