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Comment les islamistes prennent le contrôle de la Libye

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Publié le

12 novembre 2020

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Le 9 novembre, le Forum libyen du dialogue politique a débuté à Tunis. Il est organisé par la mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), dirigée par la diplomate américaine Stephanie Williams. Objectif, mettre fin à la guerre civile et restaurer l’unité du pays. En outre, le forum devrait élire un nouveau gouvernement et un nouveau premier ministre, qui remplaceront probablement le gouvernement d’accord national reconnu par les Nations unies à Tripoli. Ce gouvernement intérimaire resterait en place jusqu’à la tenue de nouvelles élections dans six mois. Analyse.

Le gouvernement d'union nationale poursuit désormais les intérêts des groupes islamistes libyens, des Frères musulmans, ainsi que de la Turquie et du Qatar. Le fait qu'il soit considéré comme « reconnu par l'ONU » fait le jeu des islamistes. En août, les forces opposées en Libye ont annoncé une trêve, laquelle a été consolidée en octobre. Des négociations sont encore en cours à différents endroits. Cependant, le processus de négociation sous les auspices de l'ONU ouvre la voie à l'arrivée au pouvoir de forces encore plus radicales que celles qui étaient à la tête du gouvernement d'union nationale jusqu'à récemment.

Les stratégies secrètes de la diplomatie américaine

Il convient de rappeler que dès le début, la sélection même des participants au forum a soulevé des questions parmi les experts libyens et internationaux. Le forum du dialogue politique de Tunis est organisé par la mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL). L'Américaine Stephanie Williams dirige de facto la MANUL. C'est elle qui a sélectionné 49 des 75 participants à la conférence pour choisir la nouvelle direction de la Libye. Cette direction gouvernera le pays jusqu'à ce que de nouvelles élections soient organisées dans toute la Libye, celle de Tripoli et celle de Benghazi.

La MANUL peut écarter n'importe qui du processus électoral, même s'il reçoit le soutien dont il a besoin, en déclarant qu'il n'est pas psychologiquement équilibré ou compétent. Enfin, si le processus de sélection des ministres, d'un Premier ministre et des membres du Conseil présidentiel est bloqué, la MANUL déterminera lui-même qui occupera le poste contesté

La MANUL peut écarter n'importe qui du processus électoral, même s'il reçoit le soutien dont il a besoin, en déclarant qu'il n'est pas psychologiquement équilibré ou compétent. Enfin, si le processus de sélection des ministres, d'un Premier ministre et des membres du Conseil présidentiel est bloqué, la MANUL déterminera elle-même qui occupera le poste contesté. Or, surprise, les participants au forum du dialogue politique à Tunis eux-mêmes ne s'entendent pas sur les personnes qui occuperont les postes clefs au sein du nouveau gouvernement.

Les profils du président de la Chambre des représentants de Libye (Tobrouk), Agila Saleh, du ministre de l'intérieur du gouvernement d'union national Fathi Bashagha, du président actuel du gouvernement d'union national Fayez Sarraj et du vice-Premier ministre du Gouvernement d'union nationale Ahmed Miitig sont évoqués. Structurellement le Forum ne peut aboutir à aucun compromis, mais la procédure développée par Stephanie Williams permet la nomination déclarative d'un nouveau gouvernement qui sera considéré comme « reconnu par les Nations Unies ». Dès lors, il est très probable que les noms du chef du Conseil présidentiel et du Premier ministre seront annoncés prochainement.

La menace des frères musulmans

Qui les Américains peuvent-ils porter au pouvoir ? Selon le Conseil suprême des cheikhs et des notables de Libye, 45 des 75 participants sélectionnés par MANUL sont liés aux Frères musulmans (une organisation islamiste interdite dans de nombreux pays, mais pas en France, NDLR). La collaboration avec les frères musulmans reste exceptionnelle pour l'administration Trump. Mais sur fond de nouvelles prédisant la victoire du démocrate Joe Biden à l'élection présidentielle américaine, on peut s'attendre à ce que Washington se réoriente vers une alliance avec «l'Islam politique », là où il est bénéfique aux Américains. C'est ainsi que l'administration de Barack Obama a agi lors du « Printemps arabe ».

Khaled al-Mishri, président du Haut Conseil d'État , pourrait être l'un des candidats des États-Unis et des Frères musulmans aux plus hautes fonctions de l'État en Libye. Il participe activement au processus de négociation et représentait ouvertement jusqu'au dernier moment les Frères musulmans. Plus dangereuse encore est la figure de Fathi Bashagha, l'actuel ministre de l'intérieur. Il est accusé de torture et de crimes de guerre, de liens avec les Frères musulmans et de salafistes radicaux.

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