C’est peu dire que cette génération entretient un rapport tout à fait nouveau au politique. Ce qui saute aux yeux par rapport à ses aînés, c’est d’abord sa faible participation électorale. Au second tour de la présidentielle de 2017, les 18-24 ans sont près de 34 % à ne pas s’être rendus aux urnes, une abstention qui a atteint 74 % aux législatives et même 87 % au premier tour des élections régionales de 2021. Et la tendance n’est pas à la décrue, bien au contraire. Pourquoi donc ce recours généralisé à l’abstention ? Simple phénomène de mal-inscription dû à la mobilité estudiantine ? Désintérêt pour la chose publique par nombrilisme ? Question d’inégalités économiques et sociales ? Abstention pensée comme réponse politique à part entière ? Ou juste sentiment que la politique ne peut plus rien ?
Multi causal, ce phénomène n’en indique pas moins chez eux la disparition du vote comme devoir civique tel que postulé par la mystique républicaine, au profit d’un vote à la carte en fonction de l’élection, de l’échelle et de l’enjeu. La fin des grandes idéologies et des machines partisanes – qui jadis enrôlaient, formaient et employaient – ont joué pour beaucoup dans cette déstructuration des comportements politiques classiques, et accouché chez eux d’un refus absolu des étiquettes. Égotisme oblige, il ne faut jamais se laisser enfermer et rester insaisissable pour être maître, ou du moins le croire. [...]
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