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Georges-Marc Benamou : le dernier mitterrandien

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Publié le

21 mai 2021

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La rédaction de L’Incorrect a jugé bon de donner la parole à un défenseur de la cause mitterrandienne. Sans tomber dans la « tontonmania » primaire, l’écrivain et journaliste français Georges-Marc Benamou, fondateur du magazine Globe dans les années 80 et intime confident de Mitterrand pendant son second septennat, nous parle de son affection profonde et sincère pour celui en qui il a vu (et voit toujours) le dernier des monarques républicains.
mittterrand

Vingt-cinq ans ont passé depuis la publication de votre ouvrage Le dernier Mitterrand. Votre regard a-t-il changé depuis sur la vie et l’œuvre de ce président ?

Mon regard sur lui n’a pas changé. Le dernier Mitterrand a été mon premier livre et je l’assume totalement. Je n’ai rien à ajouter ni à retirer de ce que je raconte à propos de ce monarque au crépuscule. C’est un morceau d’histoire de France à la dimension symbolique. Mitterrand est « le dernier des grands présidents français ». Il le lui disait lui-même sans forfanterie. Sa mort marque le passage à une autre France. Après, on a l’apparition des petits présidents qui ont du mal à se faire élire et à rester en place. C’est ce qu’il disait et, en ce sens, il avait tout à fait raison. Après lui, l’intégration européenne change la donne.

Quelle place lui accorderiez-vous parmi les présidents de la Ve ?

Il est banal de dire que le grand président de la Ve est de Gaulle et que Mitterrand vient tout juste après. De son vivant et à travers nos conversations, Mitterrand contestait cette vision des choses. Le « match » qui l’oppose à de Gaulle dans l’écriture de l’histoire est quelque chose qui l’obsédait, surtout à la fin de sa vie. Il avait l’habitude de dire que de Gaulle n’avait gouverné que dix ans alors que lui était resté arrimé au pouvoir pendant 14 ans. C’est la grande gloire de ce conservateur qu’était Mitterrand que d’avoir su conserver le pays aussi longtemps sans jamais avoir été renversé par une révolution. Le roseau Mitterrand a tenu quatorze ans alors que le chêne de Gaulle a été arraché au bout de dix ans. Pour les vieux chefs gaulois, la paix civile est une donnée très importante que l’on oublie souvent.

Malgré l’affection sincère qui vous portait vers cet homme, ne vous a-t-il pas parfois déçu ?

Tout d’abord, je ne suis pas de la génération des hommes providentiels. Je n’ai pas été gauchiste. Ma génération a justement souffert de l’absolutisme des gauchistes. Si l’on relit l’appel à Mitterrand en 88, il y est bien écrit que l’on ne croyait pas à l’homme providentiel. Mitterrand correspondait vraiment à ce que je pensais en 1988. Chaque époque a son homme – et en l’occurrence son président. Imagine-t-on Chirac et Pasqua au pouvoir à ce moment-là ? Cela me paraissait naturel que ce soit lui qui soit élu.

C’est la grande gloire de ce conservateur qu’était Mitterrand que d’avoir su conserver le pays aussi longtemps sans jamais avoir été renversé par une révolution

Je n’ai aucune déception politique si ce n’est peut-être un peu d’agacement par rapport à un certain conservatisme mitterrandien sous le deuxième septennat. J’aurais préféré plus d’audace ou d’inventivité économique. Malgré son autoritarisme, de Gaulle était peut-être plus volontariste. Si l’on reprend l’idée du match de Gaulle-Mitterrand, il y a une donnée que Mitterrand ne contrôlait pas : quoi qu’il fasse, de Gaulle était l’homme du 18 juin. Mitterrand partait donc battu.

Vous écrivez : « Monarque, il aurait été plutôt des rois paysans, malotrus à la piteuse réputation, de ces rois méconnus mérovingiens ou premiers Capétiens. » Que voulez-vous dire ?[...]

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