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LE REDOUTABLE DE MICHEL HAZANAVICIUS

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Publié le

6 septembre 2017

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Le revolutionnaire-Les Compagnons du Cinema - Photo-Philippe Aubry-web

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[qodef_dropcaps type=”normal” color=”red” background_color=””]L[/qodef_dropcaps]e Redoutable de Michel Hazanavicius raconte Jean-Luc Godard en 68, cinéaste star, tout juste marié à la jeune actrice Anne Wiazemsky, en crise artistique et politique. La rencontre de deux cinémas antinomiques.

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Eliminons d’emblée les doutes, le film ne mérite pas un tapis rouge. Il faut pourtant en dire du bien, ne serait-ce que pour chatouiller les aficionados du « plus con des suisses prochinois » (Debord) qui dégueuleront leur haine d’érudits sur quiconque osera émettre un avis positif. Hazanavicius est un conservateur du cinéma. Il l’aime, le consomme et le transmet. Godard est un révolutionnaire. Il construit puis déconstruit.

Ce qu’Hazanavicius montre sans tout saisir, par un running gag malin du cinéaste suisse cassant ses lunettes, c’est Godard en quête perpétuelle d’un nouveau regard, refusant de se conformer dans l’anticonformisme et allant ainsi jusqu’à tout détruire (son couple, ses amis, sa réputation et son œuvre). Le Redoutable est le film d’un conservateur sur un révolutionnaire. Le cinéma de Godard est un langage, celui d’Hazanavicius un divertissement. Dans un plan séquence réjouissant d’une voiture ramenant Godard et ses comparses de Cannes à Paris, le chauffeur, français moyen de la terre, qui tente timidement d’expliquer qu’il attend d’un film un spectacle qui l’emmène ailleurs, est immédiatement rembarré par Godard (brillant Louis Garrel) plus méprisant que jamais.

Avant-gardiste, Godard réinvente sans cesse, mélange les Arts (le dessin, la littérature, la musique, la syntaxe…), ce qui le rend souvent inaccessible (surtout depuis 1968), trop en amont pour toucher le grand public et trop intouchable pour ne pas l’écraser. Le Suisse est libre. Libre artistiquement (savoureuse scène de Godard accueilli en star à Rome qui se termine sous les huées du public et une engueulade mémorable avec Bertolucci) et libre politiquement (Godard intervenant dans un amphi farci de gauchistes pour expliquer que « Les juifs font aux arabes ce que les nazis ont fait aux juifs »).

« CE QU’HAZANAVICIUS MONTRE PAR UN RUNNING GAG MALIN DU CINÉASTE SUISSE CASSANT SES LUNETTES, C’EST GODARD EN QUÊTE PERPÉTUELLE D’UN NOUVEAU REGARD. »

Hazanavicius filme pour le peuple, pour lui faire aimer le cinéma : les classiques américains (La Classe américaine), le cinéma franchouille des années 60 (OSS 117) et le muet (The Artist). Biberonné aux Nuls, il en a gardé l’esprit du détournement comme cette superbe séquence miroir où il recrée la scène de Vivre sa vie d’Anna Karina, quand, au cinéma, regardant La passion de Jeanne d’Arc de Dreyer, ce sont cette fois-ci Godard et Wiazemsky dont les dialogues sont plaqués sur les images du chef-d’œuvre muet. De l’école Canal, le réalisateur d’OSS 117 a gardé le sens de la réplique, c’est-à-dire la maitrise du timing et du cadrage. Souvent inégales, certaines font mouche, comme cette tirade hilarante face caméra : « Je suis sûr que si tu demandes à un acteur de dire que les acteurs sont cons, il le fait ».

Hazanavicius s’attache à distiller des références célèbres, comme la découverte des jolies courbes de Wiazemsky (pâlotte Stacy Martin), trop évident clin d’œil au Mépris, ou ce pastiche subtil de la scène d’ouverture d’Il était une fois la Révolution, référence préparée en amont pour le spectateur avec un crochet par Le Bon, la brute et le truand. Au lieu des bourgeois mexicains, zoomés par l’immense Sergio Leone, se bâfrant comme les bêtes qu’ils entendent dénoncer, on y voit la femme et les amis de Godard démasqués par le regard furieux que ce dernier porte contre son propre monde embourgeoisé.

Certes, Hazanavicius n’invente rien et comme dirait Godard encadre alors les grands cadres, mais dans un cinéma français qui ne se renouvelle guère et qui ne transmet plus, réjouissons-nous de tenir encore les deux bouts de la corde.

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LE REDOUTABLE (1h47) de Michel Hazanavicius

Avec Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Béjo…

En salles le 13 septembre

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