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Haïti : Baby Doc Jr. se prépare à la présidentielle

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Publié le

28 mars 2020

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Vaudou et “Tontons macoutes” de retour à Port-Au-Prince ? Six ans après la disparition de “Baby Doc”, son fils François-Nicolas Duvalier multiplie les apparitions dans la vie politique haïtienne.

 

Le 7 février 1986, tard dans la nuit, les caméras accourent à l’aéroport pour confirmer la rumeur: le “président à vie et héréditaire” Jean-Claude Duvalier, dit “Baby Doc”, quitte Haïti. Poussé vers la sortie par Washington, il doit prendre un vol pour Grenoble et la France, l’ex-métropole. A l’arrière de la voiture, le visage d’un enfant endormi apparaît. François-Nicolas Duvalier a trois ans. Après l’humiliation et l’exil, le jeune homme subira le divorce de ses parents et puis la mort de son père, “Baby Doc”, en 2014. Entre temps la famille Duvalier a fait son retour surprise sur l’île en janvier 2011.

 

La restauration est un plat qui se mange froid

 

Après des études en relations internationales et une première expérience de gestion d’entreprise, François-Nicolas se lance finalement dans l’agriculture, secteur stratégique puisque Haïti importe de nombreuses denrées alimentaires. Entouré d’agronomes, il s’investit à 37 ans “dans la production et la transformation de sauces piment” selon ses propos rapportés par Haïti Press Network. 

En réalité, il prépare activement la revanche politique des Duvalier. Sa famille a régné sans merci pendant trente ans mais les mauvais souvenirs de la dictature se sont estompés. La répression des “Tontons macoutes”, une violente force para-militaire (l’équivalent des «croque-mitaines » mêlés au folklore vaudou) est maintenant entrée dans les livres d’histoire. La jeunesse haïtienne se souvient surtout du terrible séisme de 2010 dont elle ne s’est toujours pas remise. Place désormais à la nostalgie chez les “Duvalieristes”. Ces derniers gardent des milliers de soutiens à travers le pays ainsi qu’au sein de la diaspora américano-haïtienne où les anciens caciques du régime gardent dans leurs penderies les uniformes bleus et les foulards rouges des “tonton-macoutes”.

 

Lire aussi : L’Union européenne : stop ou encore ? Par Marion Maréchal

 

« La politique est la gestion de la cité, on ne peut gouverner dans l’improvisation, tout doit être planifié ». Interrogé par le journaliste-vedette Wendell Theodore pendant une heure dans l’émission Le Point sur Télé Métropole le 18 février dernier, François-Nicolas Duvalier s’alarme de la situation politique qui ronge la première république noire des Caraïbes. L’héritier de “Papa et Baby Doc” s’imagine en alternative à l’anarchie qui règne à Haïti.

L’héritier de “Papa et Baby Doc” s’imagine en alternative à l’anarchie qui règne à Haïti. 

En juillet 2018, lors d’un reportage pour Guyane Soir, il ne cachait pas ses ambitions : «  Je suis un jeune citoyen et lorsque je regarde la situation du pays depuis que je suis rentré en 2011, j’ai vu comment elle se dégradait jour après jour. Je ne peux pas croire qu’un citoyen qui se respecte puisse rester les bras croisés devant ce qui se passe ». Mais « pas question de revenir à une dictature, cela ne marche pas » affirme-t-il sur sa page Facebook, suivie par 70 000 abonnés. Sur les réseaux sociaux, entre deux photos-souvenirs de famille, l’homme soigne son image fédératrice. « La fraternité doit passer avant l’intérêt personnel, avant les passions égoïstes » écrit-il à ses compatriotes lors des fêtes du nouvel an.

 

“Puputsch” ou vraie candidature ?

 

En octobre 2019, à la Haïtian United Foundation, il durcit le ton, profitant des émeutes qui secouent la capitale. Il appelle à « inventer une nouvelle Haïti », tout en dénonçant la faillite des élites et la détérioration des conditions de vie de ses compatriotes. Il demande à la jeunesse de le rejoindre dans son combat pour la « libération du pays ». Mais hésitant entre stratégie insurrectionnelle et prudence démocratique, François-Nicolas Duvalier refuse d’appuyer la destitution du président par le parlement:  « Je comprends les revendications de la population […] qui  exprime son raz-le bol face à la misère, la faim et la vie chère  mais je ne serai jamais pour le départ d’un Président élu ».

La presse haïtienne renvoie le fils Duvalier à son passé familial tout en voyant en lui un challenger pour la course de 2022. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la nostalgie Duvalier a rattrapé Haïti.

Il est d’ailleurs reçu au palais présidentiel avec d’autres représentants du parti « Patrayil » en vue de la formation d’un nouveau gouvernement. Il remet au président Jovenel Moïse ses propositions pour redresser le pays mais se brouille avec Louis Gonzague Day, autre figure du parti. Tandis que les candidatures pour la présidentielle de 2022 se multiplient dont celle du chanteur Garcia Delva, la presse haïtienne renvoie le fils Duvalier à son passé familial tout en voyant en lui un challenger pour la course de 2022. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la nostalgie Duvalier a rattrapé Haïti.

 

 

Frédéric de Natal

 

Le contexte historique

L’histoire d’Haïti a été marquée par ses personnages truculents, parfois ubuesques, et estampillée du sceau de la tragédie. Une fois libérés des planteurs, les anciens esclaves se sont empressés de reproduire ce schéma oppresseurs/oppressés qu’ils avaient pourtant combattu. La jeune nation se divise avec d’un côté, une république, et de l’autre un empire où les ducs de la Marmelade ou de la Limonade cohabitent avec les princes de la Gonaïve au sein du Palais de Sans-Souci. Pour prix de leur liberté, la folie de ses monarques qui imitent Napoléon Ier.

Aux brèves périodes de démocratie se sont toujours succédé les régimes militaires et les dictatures.
Jean –Jacques Ier Dessalines, assassiné en 1806, après 2 ans de pouvoir sans partage, par ses collaborateurs qui vont se disputer son trône, le roi-fou Henri Christophe tué lors d’une révolution en octobre 1820, son fils pendu après seulement 15 jours de règne, l’empereur Faustin Ier de 1859 à 1869 qui se trémoussait de frénésie lors des cérémonies vaudous ou encore Sylvain Ier Salnave auto-proclamé pompeusement « protecteur de la république », couronne sur la tête,  sont autant de noms du panthéon de l’histoire haïtienne et de symboles d’un pays qui n’a connu aucune stabilité depuis son indépendance. Aux brèves périodes de démocratie se sont toujours succédé les régimes militaires et les dictatures.
Lorsqu’il arrive au pouvoir, le docteur François Duvalier incarne le renouveau d’une nation qui entend se débarrasser des grandes familles créoles qui dirigent la république sous l’œil bienveillant des américains qui ont occupé le pays de 1915 à 1934. Très vite, le régime se transforme en une présidence répressive où le clientélisme est roi et les partis d’opposition interdits. Son fils, intronisé président en 1971 à seulement 19 ans, n’a pas sa poigne de fer et part en exil en 1986.

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