Après avoir travaillé pour Espérance banlieues, pourquoi avoir décidé de fonder Excellence ruralités ?
Après avoir travaillé chez IBM mais en quête de sens, j’ai rejoint Espérance banlieues au début de l’expérience pour m’occuper du développement du réseau. Les travaux de Christophe Guilluy sur le déclassement de la France périphérique m’ont alors beaucoup parlé – moi qui ai grandi à côté de l’aéroport de Roissy, dans la France qu’il décrit. J’ai eu envie de me mettre au service de cette jeunesse-là et d’élaborer une école qui réponde à leurs problématiques sociales et culturelles, en transposant ce qu’on faisait à Espérance banlieues.
Cette expérience signe en creux l’échec de l’Éducation nationale dans la ruralité. Quels problèmes touchent cette France périurbaine dans le domaine de l’éducation ?
Quand nous avons démarré, je voyais les problèmes sous l’angle social. Nous nous sommes installés à La Fère (Aisne), commune de 3 000 habitants avec 50% de chômage des jeunes. Les problématiques sociales sont très lourdes et affectent mécaniquement le niveau scolaire. La première année, les enfants avaient suivi des chemins très difficiles, avec par exemple de la violence dans les familles. Progressivement, nous avons vu arriver des enfants dont les difficultés étaient surtout la résultante de l’école : niveau très faible, harcèlement, etc. Un père me disait qu’il avait été obligé de filmer son enfant à travers les grilles de l’école en train de se faire tabasser pour que la chose soit enfin prise en compte. Le sentiment d’être abandonné par l’école résonne particulièrement dans ces territoires parce qu’il y a déjà une grande défiance envers les institutions. Les méthodes employées ne permettent pas aux enfants de développer leurs talents et leurs savoir-être pour s’insérer ensuite en société. [...]
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