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Jean-Frédéric Poisson : « Faut-il considérer le drame d’Annecy comme un fait divers ? »

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Publié le

15 juin 2023

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Président de VIA | La voie du peuple, Jean-Frédéric Poisson appelle les politiques à tirer les conclusions du drame d’Annecy pour que des mesures soient prises urgemment, et ce malgré les cris d’orfraie des sans-frontiéristes.
Poisson

Ces derniers jours, l’attaque au couteau d’Annecy au cours de laquelle quatre enfants en bas âge ont été attaqués et deux adultes ont été blessés par un migrant syrien a défrayé la chronique. Cette attaque n’est que la dernière d’une longue liste, un phénomène qui prend toujours plus d’ampleur et explique pourquoi les Français se sentent de moins en moins en sécurité dans leur propre pays. Certains politiques – ceux qui y ont intérêt – nous assènent qu’il ne s’agit que d’un fait divers. Mais quand un fait divers sordide se répète encore, et encore, ne serait-il pas judicieux d’en tirer des conclusions politiques ? Le même jour, un homme de 30 ans se faisait poignarder à Marseille pour avoir voulu défendre une jeune fille. Le lendemain, un autre homme recevait cinq coups de couteau à Villeurbanne et une travailleuse sociale de Brive-la-Gaillarde se faisait attaquer à l’arme blanche. Enfin, dimanche dernier, un homme était poignardé de neuf coups de couteau à Gorge de Loup. Ne serait-il pas temps de tirer des conclusions ? « Non, c’est de la récupération », scandent toujours les belles âmes scandalisées… Mais à quoi serviraient les politiques si, justement, ils ne « récupéraient » pas les malheurs qui touchent les Français dans leur quotidien pour essayer de les conjurer ? L’aveuglement ou l’occultation de ce phénomène mortel qui prend de l’ampleur ne serait-il pas bien pire que de tirer des leçons salvatrices ?

Lire aussi : Jean-Frédéric Poisson : « L’État délaisse notre patrimoine, la société civile le sauve »

À rebours d’Élisabeth Borne qui a déclaré qu’il ne fallait pas « vouloir tirer des enseignements généraux » de cette attaque, il est au contraire nécessaire de tirer la sonnette d’alarme, une fois encore, pour essayer de résorber ce phénomène délétère. S’il y a, comme à chaque attaque, de nombreuses conclusions pratiques à tirer, l’une d’entre elles qui a son importance est la remise en cause des dogmes « sans-frontiéristes » qui gangrènent nos institutions, et en particulier nos institutions européennes. Dans le cas d’Annecy, il s’avère que le migrant syrien avait obtenu le statut de réfugié en Suède après avoir transité en Turquie. Ainsi, doit d’abord être remis en question l’accord hypocrite signé entre l’Union européenne et Ankara le 18 mars 2016, et qui impliquait que l’Union européenne alloue six milliards d’euros à Ankara. Dans cet accord, chaque Syrien n’ayant pas fait de demande d’asile ou dont la demande avait été rejetée devait être renvoyé en Turquie. La belle affaire ! En réalité, l’Union s’engageait en contrepartie à en « réinstaller » un autre bénéficiant du statut de réfugié depuis la Turquie dans un pays membre, dans la limite de 72 000 places, comme si ce statut pouvait garantir l’intégrité de l’individu. Dans le cas d’Annecy, on ne peut que constater l’échec patent de cet accord puisque le prévenu a manifestement bénéficié des largesses d’Ankara et de Stockholm, preuve en définitive que bénéficier d’un statut légal n’empêche pas de représenter un danger pour les sociétés qui accueillent…

Ayant ensuite obtenu son statut en Suède, l’auteur de l’attaque, Abdelmasih H., s’est rendu en France fin octobre en violation des accords de Schengen qui stipulent qu’un réfugié ne peut circuler dans d’autres pays européens qu’en raison du regroupement familial ou pour une recherche d’emploi. Abdelmasih ne cochait aucune de ces deux cases. Mais l’espace Schengen échappe tellement au contrôle que le Syrien a pu passer d’un pays à l’autre sans rencontrer de problème. Quand bien même, envers et contre toute réglementation, il aurait obtenu de la Suède une autorisation de se déplacer jusqu’en France, celle-ci n’aurait été valide que pendant trois mois. Pourquoi au bout de ces trois mois, Abdelmasih était-il encore en France ?

L’indifférence, si ce n’est le laisser-faire criminel de ceux qui nous gouvernent, doit nous pousser à redoubler d’efforts pour que des mesures soient prises urgemment

Enfin, ne pouvons-nous pas constater l’échec de suivi psychiatrique des migrants au niveau national ou européen, suivi qui aurait dû faire qu’Abdelmasih – s’il est avéré qu’il présente vraiment une pathologie mentale – soit pris en charge avant qu’il ne vienne poignarder des enfants dans un parc ? En France, ce suivi est normalement réalisé par l’équipe mobile psychiatrie et précarité (EMPP), en centre médico-psychologique (CMP) ou au centre hospitalier spécialisé Guillaume Régnier (CHGR). Or, il s’avère que ces structures n’ont pas suffisamment de moyens humains et matériels (voir le rapport « Initier le soin : des professionnels au front de la précarité » de l’Orspere-Samdarra). De plus, il est de plus en plus fréquent, avec l’afflux croissant, que les migrants effectuent une « rupture de suivi » et s’évanouissent dans la nature. Le nombre d’attaques de ce type étant en augmentation, ne serait-il pas temps d’effectuer ce contrôle avant, aux frontières, avant d’importer dans nos villes et nos campagnes des individus susceptibles de passer à l’acte ?

Toutes ces faillites impliquent que les politiques se penchent sur le sujet malgré les accusations de récupération. Les réformes nécessaires sont protéiformes : elles concernent à la fois nos accords migratoires avec les pays extra-européens, Turquie comprise ; les traités européens sur les frontières intérieures et la manière de les rendre à nouveau effectives et efficaces ; notre propre gestion des migrants au niveau national ; et le suivi psychologique de ceux qui sont déjà à l’intérieur de nos frontières et qui sont de véritables bombes à retardement pour nos compatriotes. Par-dessus, se greffent également des questions propres à l’éducation, à la sécurité et à la justice. Le chantier est donc vaste. L’indifférence, si ce n’est le laisser-faire criminel de ceux qui nous gouvernent, doit nous pousser à redoubler d’efforts pour que des mesures soient prises urgemment, malgré les cris d’orfraie des sans-frontiéristes les plus acharnés. Car, soyons lucide : il n’y a pas toujours de « héros au sac-à-dos » pour s’interposer entre les victimes et ceux qui passent à l’acte.

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