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Jeannette Bougrab : «Les intellectuels de gauche se sont toujours fourvoyés avec les pires criminels »

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Publié le

12 février 2019

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BOUGRAB Jeannette
Dans sa Lettre aux femmes voilées et à ceux qui les soutiennent, Jeannette Bougrab, ancienne présidente de la Halde et ancien ministre de Nicolas Sarkozy, effectue un tour du monde effrayant des persécutions infligées aux femmes musulmanes qui ne veulent pas porter le voile. L’indifférence de la France la stupéfie. Vous avez passé trois ans en Finlande, pays de culture luthérienne où il serait en quelque sorte inconvenant de s’interroger sur la signification du port du voile islamique. En France, au moins, on peut en parler. Ce n’est pas parce que j’ai écrit un livre pour dénoncer ce que signifie le port du voile et comment il est imposé, sous peine d’incarcération, de tortures voire de mort dans certains pays, à travers des exemples concrets, qu’on peut en parler. Certes, en Finlande, les choses sont plus posées, mais, en France, il est impossible de débattre sereinement de ce sujet. Lorsque j’énonce de simples faits – par exemple que des femmes sont jetées dans des geôles et torturées parce qu’elles ont arraché leur voile en public – je suis violemment attaquée. Quand je dis que des femmes sont assassinées parce qu’elles ont simplement réclamé leur émancipation, les gens ne m’écoutent pas. Alors même que toute la France, le pays des droits de l’homme, le pays des Lumières, le pays de Voltaire, devrait être au côté de ces femmes-là, on ne l’est pas. Comment l’expliquez-vous ? À vrai dire, je ne m’explique pas cette faillite du modèle français. Je suis très surprise de voir que des jeunes femmes françaises sont « pro-voile », alors qu’en Iran, des femmes qui n’ont pas grandi dans un État de droit, qui n’ont pas grandi avec ces valeurs de liberté, qui n’ont pas baigné dedans depuis leur plus tendre enfance, se révoltent contre le sort qui leur est fait. C’est une sorte de servitude volontaire que je n’arrive pas à comprendre. Peut-être estiment-elles que le port du voile relève de la liberté des femmes : elles choisissent de le porter ou pas ? Que des femmes le mettent volontairement, je n’en doute pas. Ce que je dis, c’est que c’est un acte qui relève de pratiques contraires aux valeurs républicaines d’égalité et de liberté. Le voile est devenu une sorte de certificat d’islamité : porter le voile, ce serait être une bonne musulmane. Le voile serait un signe de foi, alors que c’est d’abord un acte politique. Or, tandis que les intellectuels français se taisent, les mots les plus forts dénonçant la condition de la femme sous la férule islamiste viennent d’Égyptiennes ou d’écrivains comme Kamel Daoud qui vivent en terre d’islam. Si j’ai écrit ce livre, c’est aussi pour me faire leur porte-voix, et pour relayer la parole de ceux qui se sont exilés aux États-Unis ou au Royaume-Uni, et qu’on ne trouve décidément pas en France. Vous rappelez la responsabilité écrasante de la France – et l’aveuglement de ses intellectuels – avec les 122 jours que l’ayatollah Khomeiny a pu passer en France pour y préparer la révolution islamique de 1979, revenant d’ailleurs à Téhéran dans un avion affrété par l’Élysée ! Mais ça continue ! Hier, c’était Khomeiny ; aujourd’hui, c’est Ben Salman. On déroule le tapis rouge au jeune prince saoudien, en le présentant comme un réformateur, alors qu’il n’est que l’incarnation du wahhabisme le plus rétrograde qui soit. Savez-vous que le jour où les femmes ont eu le droit de conduire en Arabie saoudite, il a fait arrêter de nombreux militants des droits des femmes, qui ont été torturés, et qui, pour certains, croupissent toujours en prison ? (...) À découvrir dans le dernier numéro de L’Incorrect et en ligne pour les abonnés.
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