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La Chinafrique est une machine à fric

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Publié le

20 avril 2021

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La Chine capitalisto-communiste a mis la main sur le continent noir. Une main de fer, rapace, dont elle ne compte pas desserrer l’étreinte, malgré les scandales et le parfum de révolte.

C’est en 1955 que les Chinois rencontrent les futurs pères de l’indépendance africaine, lors de la Conférence de Bandung. Pékin pourtant ne s’intéresse pas immédiatement à un continent divisé entre les trois puissances coloniales (France, Portugal et Royaume-Uni). Il faut attendre le voyage du ministre des Affaires étrangères Zhou En Lai, une décennie plus tard, pour que la Chine communiste lance un programme d’aide à ces nouveaux pays, tournant autour de huit grands points principaux : « Égalité entre les Partenaires-Bénéfices Mutuels-Respect de la Souveraineté-Dons et Prêts sans intérêt-Allègement des charges-Renforcement du bénéficiaire-Respect des obligations ». Une politique d’échanges que va poursuivre avec efficacité le vice-Premier ministre Deng Xiaoping, qu’elle soit commerciale, industrielle ou même militaire. Progressivement la coopération politique et idéologique mise en place par Pékin va laisser place à une aide commerciale très agressive, qui passe de 12 milliards au début du millénaire à plus de 200 milliards de dollars en à peine plus de dix ans, faisant ainsi de la Chine un allié incontournable, à la place des anciennes puissances coloniales.

L’empire du Milieu ne lésine pas sur les moyens pour parvenir à ses fins

Une réussite que le dragon rouge doit avant tout à une femme, Xu Jinghu. À la retraite depuis 5 ans, elle reste incontournable pour ce qui est de la stratégie politique et économique de la Chine-Afrique. Principal artisan du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), sa maîtrise parfaite de la langue française avait rapidement attiré l'attention du PCC qui comprend tout le parti qu’il peut en tirer. Le choix de Pékin de la nommer secrétaire à l’ambassade du Gabon entre 1985 et 1990 n’est pas anodin puisque ce territoire est un pilier stratégique de la Françafrique. L’empire du Milieu ne lésine pas sur les moyens pour parvenir à ses fins. En échange de l’abandon de la reconnaissance de Taïwan et de juteux contrats, la Chine dépêche sur place des centaines de milliers de nationaux pour coordonner des chantiers pharaoniques.

Lire aussi : Pékin, nouvel argentier de l’Afrique

C’est ainsi que la télévision chinoise fait son apparition, s’adaptant aux langues nationales et que des petits Chinatown poussent comme des champignons dans les grandes capitales africaines. Ignorée à ses débuts, cette realpolitik finit par affoler les Européens qui avertissent leurs homologues que « les Chinois ne veulent que les matières premières ne portant aucun intérêt à la démocratie » comme le martèle dans un entretien au quotidien allemand Die Welt l’ancien président du Parlement européen, Antonio Tajani. « Tout ce que nous faisons avec la Chine - j'insiste là-dessus - est parfaitement maîtrisé, y compris le volet financier, le volet de la dette », lui répondra le président sénégalais Macky Sall lors du septième forum sino-africain. « Il s’agit d’aider l’Afrique à renforcer sa capacité d'autosuffisance, et d’éviter d’accroître la dette », affirme même Xu Jinghu qui va occuper par la suite plusieurs postes diplomatiques importants. Pékin a même réussi à installer récemment une base militaire à Djibouti, pourtant chasse gardée de la France et des États-Unis. D’ailleurs, sur 3 000 soldats chinois déployés dans le monde, les deux tiers le sont en Afrique.

Les scandales succèdent aux scandales. Pauvreté des matériaux utilisés dans la construction, conditions de travail similaires à celles de l’esclavage, racisme sur les chantiers, contrôle du commerce

« Il est temps pour les Africains de se réveiller sur les réalités de leur romance avec la Chine qui prend nos ressources naturelles et nous vend des biens manufacturés. C’était également l’essence du colonialisme », avait déclaré publiquement celui qui était encore en 2013 gouverneur de la Banque centrale du Nigeria et émir de Kano, le Lamido Sanusi II. Dans un câble mis en ligne par Wikileaks, un diplomate américain accuse la Chine d’être « un concurrent agressif, pernicieux et sans aucune morale ». Les scandales succèdent aux scandales. Pauvreté des matériaux utilisés dans la construction, conditions de travail similaires à celles de l’esclavage, racisme sur les chantiers, contrôle du commerce (comme à Dakar où ils ont investi la totalité du boulevard Général de Gaulle), corruption, clientélisme, l’empire du Milieu utilise à foison son droit de véto à l’ONU, soutenant les dictatures qui bafouent les droits de l’homme[...]

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