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La conjuration des imbéciles à l’assaut de 2022 : de l’idéologie woke au mouvement antivax

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Publié le

8 janvier 2022

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D’un sectarisme à l’autre. Après une année 2021 marquée en France par la diffusion de l’idéologie woke, ce mouvement sectaire et néo-tribaliste importé de la « cancel culture » américaine, 2022 commence sous les auspices d’un autre sectarisme tout aussi obscurantiste et paranoïaque. « Made in France », le mouvement antivax verse dans le discours anti-scientifique, cherche à rallier les masses à ses thèses conspirationnistes et impose l’inconséquence de son irresponsabilité à la majorité.
covid

« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». On ne saurait mieux décrire le comportement des 5,6 millions de Français non-vaccinés et de leurs porte-paroles vis-à-vis des vaccins contre le Covid-19 qu’à travers cette formule de Jonathan Swift. Face aux prouesses de la science et de la technologie développées et fabriquées en un temps record dans l’histoire de l’humanité, les imbéciles regardent l’aiguille et pensent à leur nombril. Leur défiance commune envers la vaccination a provoqué une autre prouesse : réunir les plus grands égoïstes de France dans une coalition qui mine l’intérêt général au nom d’une conception antisociale de la liberté individuelle.

Le mouvement antivax court-circuite la gestion de la pandémie. Le mois dernier, les non-vaccinés (8% des Français) représentaient 42% des admissions en hospitalisation, 54% des entrées en soins critiques et 39% des décès selon la DREES. « C’était leur choix de ne pas se vacciner » répondront les antivax. Un choix qui contribue encore à l’embolie des hôpitaux, à la déprogrammation de soins pour des milliers de patients et à la circulation du virus dans la population générale.

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Le mouvement antivax détermine la stratégie d’immunisation nationale : ce sera la sélection naturelle. Il y a deux manières de s’immuniser contre un virus : le contracter (et y survivre) et se faire vacciner. L’Institut Pasteur, où a été découvert l’ARN messager en 1961 (ce qui valut l’attribution du prix Nobel de médecine au biologiste François Jacob en 1965) a établi que la vaccination réduisait le risque d’hospitalisation de 95% et la transmission du virus de 50%. En refusant cette option, les antivax ne prennent pas seulement un risque pour eux-mêmes, ni pour les capacités des services de soins critiques de nos hôpitaux. Ils contribuent à exposer et à contaminer les Français catégorisés « à risques » en faisant circuler le virus parmi eux. Il y a dans notre pays 17 millions d’individus catégorisés « à risques », dont une large partie pour qui le vaccin n’a qu’un faible effet. Plus nombreux que les antivax, les immunodéprimés sont, eux aussi, surreprésentés dans les salles de réanimation. Combien d’entre eux seront-ils encore en vie à la fin de l’année ? Ils comptent sur la responsabilité collective pour sortir vivant de la pandémie, pas sur le darwinisme sanitaire des antivax.

L’idéologie woke cherche à déboulonner nos statues, le mouvement antivax voudrait discréditer le consensus scientifique et la parole des plus grands chercheurs de notre pays. Lorsque l’immunologue et président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy évoque la perte d’efficacité du vaccin dans le temps et souligne l’intérêt d’une dose de rappel, c’en est trop pour les antivax, qui préfèrent opposer sa parole à celles d’obscurs avocats de plateau, dont les discours sophistiques et conspirationnistes présentent les vaccinés comme des moutons dociles, envoyés à l’abattoir par « Big Pharma ».

Ce droit fondamental leur a été confisqué : ils entrent en résistance. Repose en paix Jean Moulin ! Ta relève est assurée

Pierres angulaires du discours antivax, la croyance dans la post-vérité et le recours systématique à la dramatisation concourent enfin à détourner l’attention du grand public en lui présentant des scandales imaginaires contre lesquels il faudrait s’insurger. Le passe vaccinal, qui conditionne l’accès à un certain nombre de lieux et de manifestations publiques à la vaccination, instituerait ainsi un « apartheid sanitaire » (Michèle Rivasi, eurodéputée EELV), il saperait « les principes démocratiques de la République » (Mathieu Slama, éditorialiste) et inaugurerait l’entrée de la France dans un « régime totalitaire » (Fabrice Di Vizio, avocat en droit de la santé publique). Par calcul boutiquier ou délire sincère, ils se sont auto-investis d’une mission supérieure : défendre coûte que coûte leur liberté de consommer et de jouir sans entraves partout où c’était possible avant la pandémie. Ce droit fondamental leur a été confisqué : ils entrent en résistance. Repose en paix Jean Moulin ! Ta relève est assurée. À cette petite différence près que les maquisards du vaccin n’ont pas à se cacher pour hurler « Liberté ! » sur les plateaux de télévision, en hommage sans doute à William Wallace, ce héros écossais sacrifié sur l’autel de la tyrannie britannique, rendu télégénique par Mel Gibson.

Dans Les Origines du totalitarisme (1951), Hannah Arendt décrivait notamment le système de surveillance de l’État totalitaire comme celui instituant un soupçon généralisé parmi la population aux fins de déjouer toute contestation et d’asseoir son idéologie. Les gourous du mouvement antivax ont érigé ce soupçon en clef de voûte de leur rhétorique. Distiller la peur est tellement plus efficace que de démontrer un fait. Et peu importe d’asséner des contre-vérités : les rectificatifs et « débunkages » publiés par les scientifiques et les journalistes ne font jamais le buzz.

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Le dernier mot d’ordre du gourou Philippot à ses fidèles est le suivant : les autorités cacheraient un lien avéré entre la vaccination contre le Covid-19 et la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Pour appuyer ces soupçons, certains rappellent également le scandale du Mediator, qui avait débouché sur la condamnation des laboratoires Servier. Peu leur importe de contredire les déclarations publiques de la pneumologue Irène Frachon, lanceuse d’alerte de l’affaire Mediator, qui s’est engagée pour la vaccination et qui avait salué dès cet été la transparence de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament quant aux effets secondaires des vaccins contre le Covid-19. Tous les douze mois fleurissent dans la presse des marronniers, qui invitent leurs lecteurs à tirer les leçons de l’année qui vient de s’écouler. On peut déjà écrire celui de 2022 : « Les leçons du mouvement antivax pour une société exposée à la récurrence du risque de crise systémique ». Il y serait question des conséquences de l’influence du discours antirationaliste et de la place des militants d’un individualisme refusant toute forme d’entrave à leur jouissance personnelle à l’occasion d’un choc aussi imprévisible que l’apparition de la pandémie de Covid-19. Cette dernière a révélé un monde de plus en plus interdépendant et de plus en plus conflictuel.

Il est désormais raisonnable de préparer notre état d’esprit, nos modes de vie et notre économie au surgissement de nouveaux chocs, qu’ils soient d’origine climatique, énergétique, financière ou militaire (le chef d’État-Major des armées adapte d’ores et déjà l’armée française au « risque de guerre à haute intensité »). Mais comment fera-t-on pour surmonter des périls collectifs plus graves que la pandémie actuelle, si une minorité met sans vergogne en danger la survie de la majorité ?

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