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La droite dans les murs

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Publié le

9 mars 2022

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Ayant systématisé la fronde aux élites et à l’ordre établi, la droite tombe ces derniers temps dans l’opposition-réflexe, au point de défendre des idées qui ne sont plus les siennes.
droite

Ces premières semaines de 2022 auront été un cabinet des curiosités politiques tout à fait déconcertant pour l’observateur tant il a vu s’opérer, sur à peu près tous les sujets importants, une inversion des positions entre conservateurs et progressistes.

Crise sanitaire d’abord, qui a vu les conservateurs emprunter la rhétorique libertaire qu’ils sont censés combattre, au point de substituer à la défense prudente des antiques vertus de la cité – justice, vérité, honneur, bien commun – un discours proprement licencieux, fondé sur l’illusion de la propriété de soi, discours qui repoussait par principe toute contrainte en tant qu’elle serait la marque d’un autoritarisme, déjà advenu mais toujours en cours de parachèvement. Au point de vociférer pour défendre le droit d’aller se dandiner en boîte de nuit ! Et il aura fallu un président postmoderne – un temps ramené de son logiciel individualiste par le poids du tragique (ce n’est pas pour rien que la droite a toujours cru à la politique du pire) – pour rappeler à ces mêmes conservateurs ce qu’ils répètent depuis mille ans, à savoir que les devoirs précèdent nécessairement les droits sans quoi la communauté politique serait aussitôt dissoute, pour rappeler aux conservateurs-chrétiens aussi que la vigueur oblige, et qu’elle doit toujours, au détriment de ses intérêts immédiats, être mise au service du plus faible. Emmanuel Macron leur a en somme rappelé qu’un homme ne fait jamais ce qu’il veut – et que c’est donc la proportionnalité des mesures que l’on pouvait interroger, plutôt que de poser en absolu des principes (les libertés individuelles, « mon corps, mon choix », etc.) tout simplement faux.

Lire aussi : Faut-il réformer le système des parrainages ?

Parrainages ensuite, où la droite, de crainte qu’Éric Zemmour ou Marine Le Pen ne les obtiennent pas, a dénoncé comme un seul homme cette nouvelle oligarchie qui cadenasserait l’élection – oligarchie dans les faits formée par les 35 000 maires de nos villes et villages, oligarchie que les conservateurs de jadis nommaient donc « autorités locales » ou « pays réel » et sur lesquels ils comptaient refaire la France. Quoiqu’elle doive s’inscrire dans les pas de l’imaginaire monarchique, quoiqu’elle prétende incarner la prudentia et le principe de hiérarchie, voilà qu’elle revendiquait la mise au pas des derniers intermédiaires et de l’ancrage territorial au profit d’une conception toute rousseauiste, pour ne pas dire populacière, de nos institutions. Les résultats ont depuis rendu un verdict implacable (douze candidats au total, Zemmour avec 720 parrainages), et quand bien même le système poserait effectivement problème, rien n’indiquait a priori que c’était le mécanisme des parrainages plutôt qu’autre chose : représentativité des instances territoriales, modes de scrutins locaux, magistère du politiquement correct, courage politique des élus, etc. Qu’à cela ne tienne, il aura fallu Anne Hidalgo pour entendre un éloge des notabilités locales, prise de parole ridicule et fort justement été moquée, mais qui répondait au même ressort que le discours de la droitosphère : la prise de position n’était motivée qu’électoralement. [...]

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