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Langues régionales contre Marianne : deux siècles de combats

Depuis la Révolution de 1789, des voix s'élèvent pour défendre les parlers régionaux. Une grave question vite posée et vite écartée.

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© Romée de Saint Céran pour L'Incorrect

Face au grand éteignoir unificateur et massificateur de la Révolution française et de l'Empire, se dressent dès la Restauration et surtout sous la Monarchie de Juillet et le règne de Napoléon III des initiatives provenant de notables locaux. En réaction au jacobinisme et au centralisme, les premières sociétés savantes voient le jour dans les provinces : l'Association normande en 1832 à Caen, l'Association bretonne créée à Vannes en 1843, le Comité flamand de France en 1853 ou encore le Félibrige en 1854, dont le but est le rayonnement de la langue provençale, composante de ce que l'on nomme aujourd'hui l'occitan. Le romantisme s'éprend des idiomes ruraux comme le montre, par exemple, l'oeuvre du barde Auguste Brizeux (1803-1858), ami de Vigny et d'Hugo.

Rappelons que ces structures ne disposent pas encore d'un statut légal puisque les associations ne seront reconnues en France qu'en 1901. Au sein de ces groupes militants, on trouve des noms qui résonnent encore aujourd'hui de façon familière aux oreilles de ceux qui s'intéressent à la question des langues régionales : Edmond de Coussemaker (1805-1876) dans les Flandres, Théodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) en Bretagne ou encore Frédéric Mistral (1830-1914) en Provence et le chanoine Joseph Roux (1834-1905) en Limousin. Les deux premiers seront membres de l'Institut, le troisième prix Nobel de littérature.

Les félibres à l’offensive

Ce combat pour les langues régionales prendra un tour plus politique en 1892 avec la Déclaration des félibres fédéralistes de Charles Maurras (1868-1952) et Frédéric Amouretti (1863-1903). Ce texte bilingue d'inspiration proudhonienne bouscule les radicaux-socialistes d'Occitanie dont l'intérêt pour le parler local n'est qu'une démarche folklorique. Les pétitionnaires réclament la création d'assemblées régionales à Bordeaux, Toulouse, Montpellier et Aix-Marseille. Ils demandent le retour immédiat aux antiques libertés communales et la fin de la tutelle préfectorale pour ces collectivités. Les principaux promoteurs de cette initiative se rallient d'ailleurs assez vite à l'idée monarchique en contribuant à l'essor de la jeune Action française, fondée en 1899. Charles Maurras sera lui-même l'un des majoraux du Félibrige à compter de 1941 et écrira de nombreux vers en provençal que l'on retrouve par exemple dans La Musique intérieure (Grasset, 1925). [...]

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