On évoque sans cesse la lutte des pouvoirs, temporel et spirituel : y a-t-il cependant encore un pouvoir spirituel en France aujourd’hui, du point de vue catholique ?
Un pouvoir spirituel au sens où il s’est longtemps exercé tout au long de notre histoire, à savoir faisant peu ou prou jeu égal avec le pouvoir temporel dans un environnement qui demeurait culturellement chrétien, certes non ! Mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait plus de pouvoir spirituel en France. Ce pouvoir, bien que fort diminué, existe toujours et l’État, au demeurant, entretient avec lui des relations officielles, montrant par-là que le terme de « séparation » est impropre : la République entretient les églises (après les avoir volées), reconnaît l’autorité spirituelle du pape sur ses fidèles, subventionne l’enseignement catholique sous contrat d’association (aide à double tranchant qui a largement contribué à faire perdre à nombre d’établissements concernés leur spécificité chrétienne), accueille des aumôniers militaires dans le cadre du diocèse aux Armées et, depuis 2002, a établi des contacts réguliers entre Matignon et les représentants qualifiés du Saint-Siège ; ajoutons que l’Église ne subit guère de pressions pour la nomination des évêques et qu’elle bénéficie d’une liberté réelle pour l’annonce de l’Évangile.
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Tout cela dessine une face plutôt positive du rapport Église-État, mais elle a sa contrepartie, lorsque la laïcité vire au laïcisme : on le voit lorsqu’un gouvernement méprise la religion rabaissée à un aspect secondaire de la vie, cherche à contrôler l’éducation des enfants ou lorsqu’il impose des transgressions anthropologiques sans précédent qui s’inscrivent dans une vision athée de l’homme alors que l’État est censé être « neutre » en la matière, ce qui est impossible
Si 65 à 70 % des Français sont encore baptisés, nombre d’entre eux ne connaissent plus grand[1]chose de leur religion et, surtout, les catholiques pratiquants (ceux qui vont à la messe tous les dimanches) ne représentent plus que 1,8 % de la population. Autrement dit, le catholicisme est en voie de marginalisation dans le pays qui fut la « fille aînée de l’Église » : difficile, dans ce contexte, espérer avoir un pouvoir spirituel très influent, surtout lorsqu’émerge dans ce domaine un « concurrent » agressif et sans complexe qui réussit à imposer ses vues par l’intimidation : l’islam. [...]
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