Là comme ailleurs, ce qui est lassant est la surabondance et l’uniformité, l’injonction nombrilesque, le psittacisme ombilical, l’avalanche des nombrils estivaux, surtout ornés de pendentifs clinquants alors même que le relâchement des chairs, à défaut de modestie, aurait réclamé plus de discrétion, sinon de pudeur ; qui n’est pas forcément que bigoterie mais aussi jugeote ; mais ceci est une autre histoire.
Mais voilà qu’en ces temps incertains, le nombril se charge de mille nuances politiques. On ne sait plus très bien s’il aide à lutter contre le patriarcat, la sexualisation du corps des adolescentes, le puritanisme-pas-néo des féministes, l’islamisation rampante des mœurs et la disparition de ces communs que sont la rue, la terrasse et la cour, mais le fait est qu’exhiber son nombril est aujourd’hui un Acte de Résistance majusculé et, comme tel, soumis à la règle des fétiches contemporains : brandi comme un symbole, il est vénéré ou haï. Il signale immédiatement l’apprentie Femen (selon la règle bien connue du continuum symbolique : qui vole un œuf, vole un bœuf, qui te sourit, te viole, qui se dévoile, se dénude) – c’est-à-dire cette curieuse variante puritaine qui explique que rien n’est sexuel, et surtout pas l’exhibition de caractères sexuels – ou la catin en puissance, et exige qu’on s’agenouille devant lui comme devant George Floyd ou qu’on le conspue comme un Polanski de base. [...]
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