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Les Confins du monde : notre Vietnam.

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Publié le

4 décembre 2018

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Indochine, 1945. Robert Tassen, jeune militaire français, est le seul survivant d’un massacre dans lequel son frère a péri sous ses yeux. Aveuglé par son désir de vengeance, Robert s’engage dans une quête solitaire et secrète pour retrouver les assassins. Mais sa rencontre avec Maï, une jeune prostituée indochinoise, va bouleverser ses croyances.

 

 

Si l’histoire démarre sur un fait authentique, la cruelle riposte japonaise du 9 mars 1945, intervenue alors que de Gaulle veut récupérer l’Indochine, Guillaume Nicloux exploite ce moment historique d’une transition flottante où le rapport des forces en présence (français, japonais, vietminh) demeure indéterminé, pour mieux ancrer son film dans un univers fantasmagorique empreint d’ombres et de brouillards.

 

La filmographie du réalisateur continue de se montrer surprenante : du thriller comique avec le génial Enlèvement de Michel Houellebecq, au road-movie de Valley of Love en passant par l’adaptation de La Religieuse de Diderot, Nicloux a fait profession d’éclectisme. Si Les Confins du monde s’inscrit dans le genre du film de guerre, il y échappe aussi pour embrasser une quête existentielle merveilleusement mise en scène, et ce, dès l’ouverture. La caméra fixe le jeune Tassen (Gaspard Ulliel, troublant de grâce et d’étrangeté), seul au milieu de personnages fantômes, le regard impénétrable. S’il existe bien une guerre, son propre champ de bataille est devenu intérieur; si le chaos suinte de cette jungle étouffante, il est d’abord intime.

Nicloux offre une immersion vertigineuse dans les commencements peu connus d’une guerre qui ne prendra fin qu’à Dien Biên Phu.

UNE JUNGLE FASCINANTE

 

Servi par une structure narrative composée de boucles et d’ellipses, Nicloux cultive l’abîme (quelque fois trop) en déployant une palette visuelle fascinante, alternant images crues et visions spectrales, porté par un univers sonore obsessionnel et sublime. Contrairement à celle d’un Malick, la caméra de Nicloux ne pointe pas vers le ciel, elle colle à la boue, aux chairs meurtries, aux corps qui s’enlacent. Cette jungle infinie, qui emprisonne tous ceux qui s’y trouvent, forme comme un no man’s land mortifère, où le vivant presque mort croise le mort encore vivant. Un enfermement qui reflète celui de Tassen, prisonnier de son amour impossible pour Maï et de sa vengeance, aliéné par ses pulsions jusqu’à plonger dans une nébuleuse destructrice. Seul le mystérieux Saintonge (Depardieu, deux fois grandiose) lors de brèves apparitions, si étrange qu’on ne sait si son personnage existe réellement, lui offre une porte de sortie métaphysique à travers saint Augustin.

 

Lire aussi : L’éditorial de Romaric Sangars : Hausse des prix

 

TROP LOIN, TROP TARD

 

Si Les Confins du monde élabore des fantasmes, le film n’épouse pas pour autant l’esthétique furieusement baroque d’un Apocalypse Now. Ni Chevauchée des Walkyries ni temple grandiose, la plongée de Tassen au cœur des ténèbres, qu’on imagine bien volontiers comme un prequel au chef-d’œuvre de Conrad, demeure une œuvre minimaliste. Les longues attentes et les moments de camaraderie rappellent l’art de Schoendoerffer, et cet ennemi qu’on ne voit jamais rappelle les flèches tirées de nulle part dans Aguirre ou la colère de Dieu de Werner Herzog. Surprenant, fascinant, le film de Nicloux offre une immersion vertigineuse dans les commencements peu connus d’une guerre qui ne prendra fin qu’à Ðien Biên Phu. Débute une lente agonie de soldats contraints de maintenir l’ordre dans un pays à l’autre bout du monde et qui n’en est déjà plus un – des soldats qui, un soir d’ivresse dans une maison close, entonnent une Marseillaise qui résonne comme le cor de Roland. Trop loin, trop tard.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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