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Les critiques littéraires de mai 1/2

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Publié le

20 mai 2021

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Les critiques littéraires du mois de mai par Anne-Sophie Yoo, Bernard Quiriny et Mathieu Bollon. Partie 1/2.

L’ÈRE DE QANON

RedPill, Hari Kunzru, Christian Bourgois, 368 p., 23 €

Devenue depuis quelques années la marotte des médias dominants, l’alt-right n’avait jusqu’alors jamais inspiré la littérature. C’est désormais chose faite avec le dernier opus de l’Anglo-indien Hari Kunzru, vivant à New York et auteur de plusieurs romans salués par la critique comme L’Illusionniste ou Larmes blanches. Dans ce livre dont l’action se déroule en 2016, un écrivain américain d’âge mûr en panne d’inspiration se rend en résidence d’écrivains à Wannsee dans la banlieue de Berlin, tout près de l’hôtel particulier où a été décidée la solution finale. Le roman d’Hari Kunzru, dont le titre fait référence à la fameuse pilule rouge du film Matrix, nous entraîne dans un univers paranoïaque entre 1984 et Shining, presque dickien dans son essence et évoquant le monde parallèle des complotistes du mouvement QAnon. En dépit de son parti pris progressiste et même si le choix de l’élection de Donald Trump comme dénouement paraît bien trop prévisible, on ne peut s’empêcher d’être captivé par l’intrigue de ce livre. Au travers d’un récit tortueux propre à dérouter le lecteur, l’auteur fait mouche en posant la question de la création artistique dans un monde ultra-médiatisé, dominé par l’Entertainment et dans lequel les réseaux sociaux et la technologie ont rendu caduque la notion d’intimité. Édifiant ! Mathieu Bollon

SEXE, MENSONGES ET CORRUPTION D’ÉTAT

La diablesse dans son miroir, Horacio Castellanos Moya, Métailié, 156 p., 9€

Ce cocktail explosif, digne d’une telenovela à forte audience, ne frapperait pas autant notre imagination si la vérité sur l’assassinat d’Olga Maria, la bourgeoise chic de San Salvador aux innombrables amants, se contentait d’éclater à la lumière d’une énième enquête policière bien convenue. Non, ici, le pouvoir de couper les têtes, la sentencia, appartient à la rumeur, invraisemblable machine à fantasmes que véhiculent tour à tour complaisance, ambivalence et détestation. Ses secrets sortent, par ordre de gravité, de la bouche de Laura, la meilleure amie de la victime, au fil d’un monologue téléphonique ininterrompu qui va, peu à peu, prendre un accent paranoïaque après avoir longtemps erré sur la note sucrée pimentée des coucheries de bord de piscine. Et pour cause… la femme qui en sait et dit trop ne peut que devenir l’ennemie jurée de la société. Cette nouvelle plongée survoltée au cœur de l’engrenage salvadorien si cher à Moya décrit la trajectoire d’un dégrisement qui laissera aussi sonné que songeur. Car la révélation est de taille : les hommes – commerciaux, photographes, politiciens, militaires, etc., qui se succèdent sans visage réel comme dans une séance de morphing enrayée sont rivés au rôle d’exécutants obtus et maladroits de leurs mains. Au contraire des femmes, véritables créatures almodovariennes, qui agissent sur leur imaginaire à la manière de quelque puissant accélérateur de feu et s’avèrent les vrais commanditaires du désastre privé et collectif. Anne-Sophie Yoo [...]

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