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Les jeunes pousses du conservatisme républicain irlandais

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Publié le

17 février 2020

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Tiocfaidh ár lá ! Le jour de l’Irlande arrivera-t-il ? Les récentes élections législatives ont ébranlé la vieille classe politique irlandaise traditionnellement organisée autour de deux partis de centre-droit : le Fine Gael et le Fianna Fáil. Ces deux partis et ce clivage datent de la guerre civile (1922-1923) et n’avaient jamais été remis en cause jusqu’alors. Le Sinn Féin, héritier d’une longue lutte pour l’unité de la nation irlandaise, vient de troubler le jeu en gagnant les élections.

 

Mais au-delà de la victoire de l’ancienne branche politique de l’IRA, l’Irlande connaît également une timide renaissance du républicanisme conservateur. Républicain en ce sens qu’il s’inscrit dans la longue tradition patriotique de l’unité de l’île mais conservateur au niveau des mœurs alors que le mouvement républicain a largement adopté les codes du progressisme ces dernières années. La victoire éclatante du Sinn Féin a occulté le gain d’un siège d’un petit parti « Aontú » (Unité en gaélique) qui est une scission conservatrice du Sinn Féin.

 

Lire aussi : Le peuple contre la frontière, reportage en Irlande du Nord

 

Le score modeste d’Aontú (1,9%) à ces élections résulte d’un nombre réduit de candidats (25) présentés par le parti du fait de sa formation récente (janvier 2019). Son charismatique leader Peadar Tóibín ayant réalisé par exemple un score honorable (17,6%) dans le comté de Meath (An Mhí) proche de la frontière avec l’Irlande du Nord. Aontú, né du débat sur la légalisation de l’avortement et la position pro-choix du Sinn Féin, comme le National Parti/An Páirtí Náisiúnta ou le Irish Freedom Party sont à la fois républicains (pour l’unité de l’Irlande et le départ des Britanniques), conservateurs, anti-avortements, eurosceptique et anti-immigration.

Une alliance peu probable en Irlande ces dernières années où les concepts de la gauche sociétale ont envahi l’espace politique Pour y voir plus clair, nous avons demandé à un couple brito-irlandais (Gaëlle est bretonne, Tom est irlandais) installé en République de nous expliquer une situation d’apparence paradoxale.

 

On assiste actuellement en Irlande à une floraison de partis républicains et conservateurs. À quoi est-ce dû ?

 

Floraison est un grand mot, je dirais plutôt qu’on assiste à l’émergence de jeunes pousses. Il y a en effet de nouveaux partis fortement nationalistes aux tendances conservatrices qui émergent comme le National Party et l’Irish Freedom Party mais devant les résultats des élections on peut constater que l’Irlande vire à gauche après un long passé plutôt centriste. Les résultats parlent pour eux-mêmes : Gemma O’Doherty d’Anticorruption Ireland, qui, de par son passé de journaliste ainsi que par sa force et son combat sans relâche pour la belle Eire, est la plus connue et populaire dans ce mouvement, n’a reçu que 1614 votes.

 

L’Irlande était jusqu’alors plutôt une terre d’émigration, comment est vécue l’arrivée de populations extra-européennes dans les villes irlandaises ?

 

L’arrivée de populations extra-européennes dans les villes irlandaises n’a créé que division et confusion ainsi qu’un sentiment de perte de la souveraineté et d’appartenance à l’île d’émeraude. Tout en causant un énorme déficit de nos services publics et sociaux (santé, logement etc.). Nous avons aujourd’hui plus de 10 000 Irlandais sans foyer. Les immigrés sont logés en priorité, avant les Irlandais.

 

Le catholicisme a été complètement rejeté d’Irlande ces trente dernières années, et les dix dernières l’ont achevé complètement. L’Irlande n’a jamais vraiment été conservatrice mais plutôt centriste : aujourd’hui elle vire rapidement vers l’extrême gauche, suivant de très près l’exemple suédois.

 

Le Taoisseach (premier ministre) Leo Varadkar du Fine Gael, fils d’un immigré indien, homosexuel, libéral sur les questions économiques et sociétales est une synthèse du « nouveau monde ». Sa défaite cuisante lors des législatives est elle le signe d’un retournement de l’opinion ?

 

Leo Varadkar n’a jamais été très populaire, il faut savoir qu’il n’a jamais été élu par le peuple irlandais. Il fut élu par Fine Gael après la retraite d’Enda Kenny. Mais le « Nail in the coffin » (coup de grâce) fut reçu quand Leo Varadkar annonça une commémoration prochaine des « Black And Tans » [escadrons de la mort britanique lors de la guerre d’indépendance, ndlr], une gigantesque erreur qui a considérablement heurté sa popularité qui était déjà bien pauvre. Le classique « Come Out Ye Black And Tans’ » des Wolf tones est devenu le numéro un des classements musicaux à la suite de la controverse.

 

L’Irlande conservatrice, catholique et nationaliste (républicaine) existe-t-elle encore ?

 

Non, cette Irlande est bel et bien morte. Son dernier souffle se fit sentir le jour ou 66% des Irlandais ont voté pour le génocide de leurs propres enfants en mai 2018 lors du référendum pour l’égaliser l’avortement. Le catholicisme a été complètement rejeté d’Irlande ces trente dernières années, et les dix dernières l’ont achevé complètement. L’Irlande n’a jamais vraiment été conservatrice mais plutôt centriste : aujourd’hui elle vire rapidement vers l’extrême gauche, suivant de très près l’exemple suédois.

 

Lire aussi : Graham Gudgin : Y a t-il un problème Irlandais ?

 

Oui, quelques voies conservatrice et nationalistes émergent doucement, mais ce n’est qu’une toute petite minorité. Il est aussi possible qu’une partie des électeurs qui ont voté pour le Sinn Féin l’aient fait dans l’idée qu’ils votaient nationaliste tout en n’ayant qu’une compréhension erronée de la politique de gauche ou de droite. Même si le Sinn Féin est un poil plus nationaliste que Fine Gael ou Fianna Fáil, c’est en grande partie une façade sans réel impact.

 

Propos recueillis par Maël Pellan

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