On pourra reprocher ce qu’on veut à Jean Baudrillard – notamment un héritage mal compris encouragé par des déclarations sibyllines et un certain goût de la provoc – le bougre a été plutôt visionnaire lorsqu’il prophétisa, dès le mitan des années 80, la fin du réel tel que nous le connaissons. Un réel crucifié sur l’autel de l’hyper-réalité, c’est-à-dire de cette réalité désormais séquencée en tronçons numériques et en simulations, propulsée dans l’ère du faux par des techniques de reproduction devenues folles. Bien avant l’avènement du net, Baudrillard avait compris comment le numérique, fatalement entrelacé à notre expérience du monde, allait désormais alimenter nos fantasmes, contrecarrer tout contenu informationnel. L’hyper-réalité, c’est donc ce moment particulier de la réalité où le vrai et le faux sont parfaitement indissociables, contenus l’un dans l’autre, imbriqués fatalement. À ce titre, la guerre du Golfe et sa mise en scène télévisuelle, l’attentat du 11 septembre entrevu comme une performance d’art moderne à grande échelle et ou encore la fuite rocambolesque d’un O.J Simpson captée par un hélicoptère de police devenu réalisateur de thriller, peuvent être vus comme des moments historiques d’hyper-réalité télévisuelle. [...]
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