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Les promesses de l’Aube

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Publié le

31 mars 2020

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La pandémie en cours et la crise sanitaire qui l’accompagne amènent chaque jour leur lot de mauvaises nouvelles égrenées par le décompte macabre et quotidien des malheureux emportés par l’infection. Nul ne sait à l’heure actuelle si la mortalité sera « maîtrisée » (les espoirs sont de 20 000 morts au Royaume-Uni et de 100 à 200 000 morts aux Etats-Unis pour considérer que la crise aura été surmontée) ou si elle aboutira sur une hécatombe ressemblant à la grippe espagnole ou à la peste noire des siècles passés.

 

 

 

Néanmoins, la conséquence première et immédiate de cette pandémie réside actuellement dans le confinement total d’une majeure partie de la population vivant en Occident et celui de la moitié de la population humaine. L’origine de ce virus qu’il provienne de tel ou tel animal ou d’autres sources hypothétiques finira peut-être par apparaître à la vérité demain, ou pas. Les mesures prises par nos gouvernants, aussi controversées qu’elles soient quant à leur mise en œuvre, leur temporalité, leur respect par la population sont évidemment des questions qui doivent être débattues et qui devront trouver des réponses en temps voulu. Mais l’essentiel du débat politique nécessaire aux conclusions à tirer de cette crise doit se situer à un bien plus haut niveau que les seuls règlements de comptes politiciens.

 

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Cette crise, aussi dramatique et meurtrière soit-elle fait basculer le monde occidental, l’Europe, la France, dans un état jusqu’alors inconnu d’arrêt des activités économiques « non-indispensables » à la société. L’argent qui fait tourner le monde voit désormais le monde tourner « sans lui ». L’inconnu de la durée de notre confinement renforce encore les incertitudes sur ce qu’il adviendra de nos sociétés collectives demain. Bien évidemment, la priorité doit être donnée à la résolution de cette crise sanitaire afin que la société puisse enfin revivre collectivement dans l’espace public. Les principaux dirigeants politiques et économiques, conscient des pertes économiques catastrophiques engendrées par cet arrêt brutal, espèrent légitimement la reprise au plus vite de toutes les activités ayant cessé. Ce jour-là signifiant le dépassement du pic de mortalité est évidemment à souhaiter au plus vite.

 

Mais les failles béantes de nos sociétés, déjà bien visibles avant la pandémie (contestation sociale des Gilets Jaunes, multiples revendications corporatistes notamment de la part des soignants, des pompiers, des policiers, autant de métiers dont l’importance vitale est rendue indubitable par cette crise) apparaissent maintenant au grand jour. Bien d’autres oubliés de l’Histoire (caissiers, livreurs, agents de propreté…) se retrouvent eux aussi en première ligne et leur activité apparaît désormais comme « indispensable ». Que les choses soient claires. Si la reprise de toutes les activités est évidemment à souhaiter, nul ne doit penser que tout reprendra « comme avant ». Et surtout pas certains députés LR ou LREM préparant toutes sortes de mesure de relance de l’économie sur le dos des travailleurs.

 

Cette crise, aussi dramatique et meurtrière soit-elle fait basculer le monde occidental, l’Europe, la France, dans un état jusqu’alors inconnu d’arrêt des activités économiques « non-indispensables » à la société. L’argent qui fait tourner le monde voit désormais le monde tourner « sans lui ».

 

Car cela voudrait dire que la caissière de supermarché, faisant partie des rares à prendre des risques pour que les personnes d’un statut professionnel plus élevé puissent continuer à se nourrir confinés chez eux, devrait continuer à être rémunérée au smic ou approchant lorsque la plupart de ceux restants à l’abri gagnent plus qu’elle au quotidien, même à l’état de chômage partiel. La crise sanitaire fait en effet apparaître de manière accrue la réalité de notre société d’avant. Les petites mains, les petites gens, celles qui constituent les piliers essentiels de notre économie se révèlent aujourd’hui indispensables à l’empêchement du chaos et font pourtant partie des personnes les plus mal rémunérées au sein de notre société.

 

Cela devra impérieusement changer. Si l’on se bat pour la vie de tous aujourd’hui comment peut-on refuser de se battre pour l’amélioration de ces vies sauvées demain ? Que ce soit par une hausse drastique des bas salaires, le rééchelonnement des rémunérations de tous ou la réévaluation de l’ensemble des prix en vigueur actuellement, il serait moralement indécent de ne pas réfléchir ensuite à « changer ce qui ne va pas », clameur scandée par plus d’une année de manifestations de Gilets Jaunes. De même, au-delà du cas des travailleurs, le confinement actuel s’il se poursuit dans la durée va mettre en lumière de nombreux cas qui, ne trouvant pas de travail, dépourvus de droits à des aides satisfaisantes, vivent avec si peu que ça n’en n’est plus vivable. Si les gouvernants veulent éviter de voir ces personnes finir à la rue demain ou tomber dans la délinquance, il doit d’ores et déjà réfléchir à la mise en place d’un revenu universel décent (comparativement au coût de la vie) pour chacun en contrepartie d’un service civique -ou militaire- régulier s’échelonnant sur toute la durée de la vie active.

 

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La rue. Vide et calme en ces jours qui ne voient l’arpenter dans sa quasi-totalité que les gens qui ont indiqué leur motifs de sortie sur leurs attestations officielles. Dans sa quasi-totalité mais pas dans son entièreté. Car toute une partie de notre société n’a pas d’attestation de sortie, elle. Attestation qu’on ne lui demandera de toute façon pas car elle n’aurait pas d’endroits où rentrer. Cette masse de sans-abris, qui crèvent sur nos trottoirs en hiver (lorsque nos cœurs se serrent un peu plus en les voyant) comme en toute saison de l’année, est la dernière à être prise en compte en ces temps troublés. Certes des initiatives sont prises, toutes charitables et louables comme les dons aux associations qui continuent à les nourrir, mise à disposition temporaire de locaux le temps de la crise. Mais la plupart d’entre eux restent sur les trottoirs, face à des restaurants fermés, des marchés qui ne se tiennent plus, des passants bien moins nombreux à donner une pièce. Confinés chez nous, nous pouvons les ignorer mais cela ne les empêchera de continuer à souffrir. Imagine-t-on le jour du déconfinement attendu, les structures d’accueil leur dire que le risque de contamination étant levé ils peuvent reprendre leur vie de misère dans une société prête à s’adonner à la fête où chacun aurait repris sa juste place ?

 

Les circonstances terribles qui nous touchent tous doivent être l’occasion de mettre en place les structures nécessaires (centres de réinsertion sociale) permettant à chacun d’avoir une chance de goûter à nouveau à une vie heureuse.

 

Comme notre gouvernement l’a martelé à l’annonce du confinement, la santé de tous est devenu la priorité. À la bonne heure car dans cette France qui se targuait d’offrir une santé totalement gratuite à son peuple (les disparités avec la mentalité américaine apparaissent à cet égard énormes et ne doivent que nous conforter dans ce choix philosophique) et « le meilleur système de santé du monde », Coréens et Japonais nous font eux relativiser cette idée reçue sur nous -mêmes. En effet, si nos médecins, nos chercheurs, nos chirurgiens font sans nul doute partie des meilleurs spécialistes de santé du monde et que nos personnels soignants sont d’un dévouement et d’une abnégation qui forcent le respect (souvenons nous des blouses blanches qui il y a encore quelques mois continuaient à soigner avec une étiquette agrafée sur la blouse où il était inscrit « en grève »), c’est notre système de santé tout entier qui apparaît sous-doté, sous-équipé, avec un manque de places en réanimation, de matériel adéquat, avec des soignants déjà surmenés et dont le nombre menace de faire défaut en cas de contamination accrue du personnel.

 

L’horrible situation à laquelle sont confrontés nos médecins de devoir choisir ceux qu’ils doivent sauver et ceux qu’ils doivent laisser mourir (situation identique en Italie) ne devrait plus devoir se reproduire. Une santé totale, gratuite et pour chaque citoyen français est un impératif à retrouver à rebours total de la politique mis en œuvre actuellement. Rappelons à cet égard la Une du Figaro du 16 septembre 2018 (soit exactement deux mois avant la première manifestation des Gilets Jaunes) qui titrait : « Sans le dire, Macron s’éloigne du système de protection sociale hérité de 1945 ». Au principal intéressé de réaliser que c’est l’ouverture de ce système en libre accès à la planète entière qui a rendu son financement insoutenable, pas le principe de sécurité sociale auquel le peuple Français est profondément attaché car ultime rempart du citoyen français face à la mort.

 

L’horrible situation à laquelle sont confrontés nos médecins de devoir choisir ceux qu’ils doivent sauver et ceux qu’ils doivent laisser mourir (situation identique en Italie) ne devrait plus devoir se reproduire. Une santé totale, gratuite et pour chaque citoyen français est un impératif à retrouver à rebours total de la politique mis en œuvre actuellement.

 

Arrive maintenant, l’inéluctable question de l’Argent. Cet argent qui fait tourner nos nations et qui est à la base de tous les choix de société, bien plus mauvais que bons, faits par nos gouvernants ces dernières décennies. La France est endettée de 2400 milliards d’euros actuellement. La question de la réduction de cette dette était à la base du programme du candidat Fillon qui nous promettait une saignée de la fonction publique sans précédent pour pouvoir y arriver. C’est encore cette dette faramineuse (deux fois moins élevée qu’au Japon proportionnellement au PIB cela dit) qui a du conduire le Président Macron à se défausser de ses engagements en termes sanitaires comme à faire passer au forceps une réforme des retraites massivement rejetée par la population car entraînant un accroissement de la durée du temps de travail.

 

Or, ce mur indépassable de l’argent, est en train d’être magistralement dépassé afin de soutenir une économie à l’arrêt. En l’espace d’une nuit, la Banque Centrale Européenne vient de décider « d’imprimer » 750 milliards d’euros (près d’un tiers de la dette française !) qui se concrétiseront principalement par un rachat par la BCE d’une grande partie des dettes grecques et italiennes. De même, aux Etats-Unis, où 2000 milliards d’euros viennent d’être injectés, la planche à billets fonctionne à plein régime depuis l’ère Obama et la nécessité de sauver les banques dans l’après-crise financière de 2008. Pourtant, l’inflation n’explose pas comme tant redouté et l’économie tient. Le peuple est donc pleinement légitime pour venir frapper à la porte du palais pour demander à ce que cet argent soit investi pour eux et plus seulement pour les grands argentiers à l’abri des soucis de l’homme ordinaire. Quel que soit le choix à faire par la suite, qu’il soit un laisser-aller total du déficit, la poursuite de la tentative de réduction de ce même déficit ou l’annulation de celui-ci par une impression de l’argent nécessaire à son remboursement total, le peuple ne doit plus désormais pâtir des conséquences des choix capitalistes.

 

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Le système libéral mondialisé qui menait la danse depuis 1991 a aujourd’hui un genou à terre. Et en cela, cette crise mortelle est porteuse d’un immense espoir. Réindustrialisation, localisme, contrôle des frontières, retour de l’Etat comme acteur central de nos sociétés, le réel se charge aujourd’hui de rappeler à ceux qui l’avaient oublié, que seul le Rassemblement National plaidait depuis des décennies pour le retour de politiques de bon sens, enracinées dans nos terres, au service du peuple Français. Emmanuel Macron, dos au mur dans son discours du 13 mars 2020, a semblé l’avoir compris quand il affirmait qu’ « il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties » et la nécessité de ne plus « déléguer à d’autres notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie ». Ces paroles ne seront pas oubliées. Mais à ceux qui penseraient qu’ « il faut que tout change pour que rien ne change » selon la mythique phrase du Guépard, qu’ils sachent bien que si le peuple est confiné, il est aussi réveillé.

 

Revenu universel, hausse massive des bas revenus, rééchelonnement des salaires ou des prix, droit au logement, reprise de contrôle sur l’économie virtuelle remis sur les rails des besoin réels, résolution de la question de la dette, réindustrialisation totale, autant de sujets tabous et de murs infranchissables en temps « normal » qu’il nous appartient maintenant d’imposer. Parce que le réel l’exige.

 

Et parce que le peuple français n’entrera pas docilement dans cette bonne nuit de confinement. Au contraire, il attend impatiemment d’en sortir. Car c’est l’heure des promesses de l’Aube.

 

 

Romain Sens

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