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Les Rugissants

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Publié le

4 janvier 2020

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L’écrivain Steven Sampson me proposait de venir fêter les « roaring twenties », et s’il m’invitait par écrit, j’imaginais son accent américain colorer son propos et rallier Francis Scott Fitzgerald à Paul Morand comme le siècle précédent au nôtre afin de rouvrir la perspective d’une décennie délirante et exquise, qui fut dite « folle » chez nous, et « rugissante » aux USA. Voilà qui me paraissait un beau programme.

 

D’autant que la décennie passée nous aura épuisés de geignards et de procéduriers en tout genre. C’était à qui exhibait les plus sanglants stigmates, un concert de récriminations permanent, toutes les inflexions possibles de la plainte : de quoi vous donner parfois envie, dans les mauvais jours, d’achever tout le monde, pour abréger enfin des souffrances si vulgairement amplifiées.

 

 

 

Contre les geignards, il faut rugir. C’est ce qui est agréable avec Abdel Raouf Dafri : il est plutôt du genre à rugir. La vision de la guerre d’Algérie qu’il propose dans Qu’un sang impur… est libre de toute idéologie binaire, de tout moralisme simplet. Son discours est débarrassé de l’ignoble prurit de donneur de leçons qui infecta les artistes des derniers lustres. Ceux-ci jugeaient d’un air satisfait depuis leurs studios de montage et leurs carrés VIP l’attitude de ceux qui avaient fait l’Histoire et leur avaient gagné des places privilégiées, n’ayant quant à eux démontré que leur capacité à jouir d’une période de prospérité. On peut espérer que Dafri annonce une nouvelle ère de cinéastes capables de nous libérer du puritanisme idéologique, comme les artistes du XXe siècle finirent par régurgiter l’étroite morale victorienne.

Ces derniers temps, il y eut autant de fonctionnaires du ressentiment que de chercheurs d’or durant la Conquête de l’Ouest.

Le « réalisme héroïque » d’un Ernst Jünger est toujours d’actualité, dont on réédite les essais essentiels ce mois-ci, lui qui sut faire face à la modernité quand elle prit le tour de l’apocalypse et qui en fit même l’occasion d’une initiation radicale. Il pensait que la schizophrénie bourgeoise oscillant entre rationalisme et sentimentalisme avait été consumée par la brutalité élémentaire de la Grande Guerre. Mais non. Les geignards contemporains font pire. Ils prétendent qu’une réflexion désobligeante ou qu’une humiliation ancestrale mérite plus de compassion que d’avoir survécu à Verdun. Voilà pour leur sensibilité malade. Par ailleurs, au gré de syllogismes sommaires et obstinés, ils en tirent des tas de conclusions sur les torts infinis que tous les autres humains depuis des millénaires auraient soi-disant accumulés à leur égard. Eux qui n’ont rien donné à l’humanité qu’un nouveau formulaire de réclamation. Ces derniers temps, il y eut autant de fonctionnaires du ressentiment que de chercheurs d’or durant la Conquête de l’Ouest.

Qui ait du style, du cœur et qui morde. Voilà nos vœux. Alors, va pour les « roaring twenties ». Feu !

Contre les geignards, il faut rugir. Et l’on peut espérer une nouvelle race de Français, du genre vrombissante, qui décide de se confronter franchement à tous les défis de l’époque, qui s’apprête enfin à montrer des dents, qui bondisse sur tous les sujets, qui piétine toutes les conventions qui nous castrent. À l’encontre des YouTubeurs livides des années 10, du narcissisme victimaire coalisé et du conformisme bourgeois mondial, puisse émerger un nouveau type offensif, incarné, conséquent, qui vote la mort des pleureuses. Qui ait du style, du cœur et qui morde. Voilà nos vœux. Alors, va pour les « roaring twenties ». Feu !

 

Romaric Sangars

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