Édito
Comme en quatorze
Hier, Paris s’est mis à tirer la gueule. C’est tombé sur les coups de 17 heures, dans le genre brutal. Crachin grisâtre et vicieux vent septentrional. Aurait-on pu rêver plus doux cadeau de rentrée ? La capitale nous était rendue maussade et mélancolique, comme les femmes qui la peuplent. Fin des vacances donc. Pourtant, nous ne les avons pas détestées, les vacances. Quoi, nous sommes au fond des aristocrates, c’est-à-dire à peu près des chômeurs, nous considérons donc le travail comme une occupation vulgaire. Pardon si nous choquons là la droite bourgeoise, mais choquer la droite bourgeoise est un sport national et c’est aussi un acte de salubrité publique, quand on sait que son occupation favorite est de trahir le pays pour rester fidèle à ses intérêts.
En tout cas, les vacances furent une occasion de nous livrer à la contemplation. L’heure des grands problèmes avait sonné, des problèmes sur lesquels nous ne nous penchons que parce qu’ils sont insolubles. Les vacances, saison métaphysique. Nous pouvions profiter de ce que nous vivons encore en Occident, dans une civilisation qui a accumulé assez de patrimoine intellectuel pour que nous nous posions aujourd’hui les questions de l’amour, de l’immortalité de l’âme, du péché, de l’honneur et de l’amitié. Oui, il y a encore des livres à lire qui ouvrent sur des continents inexplorés de l’âme. L’Occident a brûlé les filins de la montgolfière qui l’élevait aux cieux, Dieu, la monarchie, la famille, mais l’air qu’il respire dans sa chute est encore pur. Le violent crash est pour plus tard, ne pleurons pas tout de suite.
Quel plaisir de se couper, ne serait-ce qu’un peu, de la fange de l’actualité quotidienne, du merdier 2020. Je ne vais pas être vulgaire tout de suite, on se retrouve à peine, mais c’est vrai que les connards qui nous gouvernent mériteraient de se faire casser la gueule tous les matins entre les biscottes et le peigne. Façon supplice de Prométhée. Quel chance, tout de même, de ne pas suivre quotidiennement la déréliction toujours plus rapide de notre pays. De s’illusionner sur le fait que la situation n’est peut-être pas désespérée, qu’il y a encore quelque chose à faire.
Mais le devoir nous appelle. Fin de la Belle Époque. Il est temps de monter dans notre taxi de la Marne, de sonner la contre-offensive. Dans le rôle de Joffre, Guillebon. On va bien rigoler. À la charge, ne perdons pas une seconde de plus. Il paraît pourtant que le journalisme ne doit pas être militant, doit chercher l’objectivité, rapport à l’intégrité professionnelle, à la déontologie du métier et aux engelures de ma belle-sœur. On rêve. Il a l’air objectif, le journaliste moyen du Monde ? Qui croit encore à ce genre de fables ? Ce n’est pas un collègue, c’est un ennemi. Nous le combattons, sans concession mais non sans respect. Nous le combattons d’ailleurs sans grand espoir de jamais le vaincre. Sans tomber dans le misérabilisme, un simple regard sur l’histoire nous apprend que ceux qui nous ressemblent ont rarement triomphé. Là n’est peut-être pas l’essentiel. Il s’agit de tenir son cap et son rang. De trouver un sentier escarpé, mais droit, sur lequel élimer les souliers de notre jeunesse.
Par Ange Appino
Au programme du jour :
– Un Singe en hiver
– IKEA vendu aux LGBT
– La gauche contre le peuple
– La crise en Biélorussie, un enjeu pour Occidentaux et Russes
– Le con du jour
– Une affreuse Pellanerie
et bien d’autres belles méchancetés.