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“L’IVG est devenu à la fois un totem et un tabou.”

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Publié le

9 mars 2024

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Voilà près de dix ans qu’Agnès est écoutante pour l’association Choisir la vie. Après avoir recueilli les témoignages multiples de femmes enceintes qui doutent, fragilisées par leur vécu ou par leur situation sociale, mais qui choisissent finalement de donner la vie, elle a décidé d’en faire un livre afin de leur rendre hommage. Des témoignages bouleversants qui montrent des femmes qui se battent, souvent contre leurs proches mais aussi contre tout un système qui veut faciliter la mort.

Comment avez-vous vécu la journée du 4 mars ?

Évidemment assez mal, mais je m’étais préparée à la chose. C’était une évidence que cette loi allait passer. C’est une nouvelle étape dans ce lent processus de dégringolade que la France a entamé. Mais si on prend de la hauteur, et que l’on met ça en rapport avec le plan de Dieu, il faut sûrement que les hommes et les femmes aillent jusqu’au bout de leur liberté pour éprouver son impasse. Le libre-arbitre est bien inscrit au cœur de l’homme, c’est même le sens de la prescription divine. Mais il y a des conséquences si on ne considère que la liberté, en faisant fi du reste. Donc on ira au bout des conséquences de ces lois mortifères. L’euthanasie évidemment va suivre. Car tous ces législateurs ne sont pas sur le terrain, ils sont dans l’idéologie, au mépris de ce qui se passe réellement. En dix ans d’écoute de ces femmes qui souhaitent avorter, qui doutent, qui ont peur, je pense être à même de savoir ce que l’avortement représente vraiment. Les législateurs, les défenseurs des soi-disant “droits des femmes” sont à mille lieues de comprendre la psychologie, de comprendre ce qui se passe dans le cœur des femmes lorsqu’elles sont confrontées à ça.

Le discours officiel prend soin d’éviter certaines vérités sur l’IVG, notamment les conséquences graves que l’acte peut entraîner au niveau physique et psychologique…

Tout à fait. J’ai eu la chance de connaître une gynécologue, le docteur Allard, qui a écrit tout un livre sur les conséquences psychologiques et physiologiques qui sont très importantes et qui sont absolument cachées. Et j’ai eu plein de témoignages en ce sens à notre propre antenne d’écoute, par exemple une femme qui a développé un cancer du sein à la suite de l’avortement et une autre qui est devenue stérile. Je ne dis pas que c’est systématique, bien sûr, mais cela peut arriver. Sans parler évidemment des conséquences psychologiques, qui elles sont presque toujours là. Je cite dans mon livre le témoignage d’une jeune fille qui avait décidé d’avorter malgré notre accompagnement. Cela faisait neuf mois qu’elle était en suivi psychiatrique, de dépression en dépression. Il y a aussi des tentatives de suicide. Ce qui me choque le plus, c’est que c’est annoncé comme quelque chose d’anodin, une “extraction” tout au plus. On mentaux femmes jusqu’au bout, parce qu’au moment de l’échographie, juste avant l’avortement, on interdit d’écouter les battements du cœur et on éteint le son. Puis on leur défend de regarder. Il ne faut surtout pas voir ça.

L’une des femmes qui témoigne dans mon livre a raconté qu’elle avait dû aller voir sur Internet pour comprendre que son fœtus, au moment de l’acte, avait des bras et des jambes.

L’une des femmes qui témoigne dans mon livre a raconté qu’elle avait dû aller voir sur Internet pour comprendre que son fœtus, au moment de l’acte, avait des bras et des jambes. “Ce n’est pas possible !” me disait-elle, stupéfaite. On a aussi des histoires vraiment terrifiantes de femmes laissées seules. On leur donne la pilule abortive et on les abandonne littéralement, face à leurs hémorragies, face à leur douleur. Un acte d’IVG, c’est quelque chose d’extrêmement choquant, c’est bien pour cela que personne ne veut en parler. L’IVG est devenu à la fois un tabou et un totem. Un totem parce que l’Etat essaie d’en faire une religion, et un tabou parce que personne ne veut regarder la vérité en face. Les gens ne veulent pas affronter leur conscience sur ce sujet. On parle d’un “amas de cellule”, il y a tout une sémantique utilisée pour maquiller la réalité. Notre association Choisir la Vie avait envoyé l’image d’un foetus avorté à chaque sénateur avant le vote. Et vous savez quoi ? Les médias nous ont reproché d’envoyer des “images sordides” au Sénat. Sordide. Mais ce ne sont pas nos images qui sont sordides, c’est la réalité !

Oui, ce qui est frappant, c’est que quand une femme est enceinte et qu’elle veut garder son enfant, elle dit “j’attends un enfant” et par contre, dès qu’elle exprime la volonté d’avorter, tout à coup, comme par magie, l’enfant devient un simple amas de cellule…

C’est ça : dans cette optique, l’enfant n’existe plus par lui-même, il n’existe que par le projet parental. Si vous voulez un projet parental, il y a un enfant. S’il n’y en a pas, il n’y a pas d’enfant. C’est absurde. Ce sont eux les obscurantistes qui nient toute réalité scientifique. Nous sommes face à une véritable mascarade. 

Qu’est-ce qui vous a le plus marquée au cours de vos écoutes ?

Ce qui frappe, c’est que beaucoup de femmes se disent acculées pour des raisons sociales. C’est même la grande majorité. Elles disent qu’elles n’ont pas le choix… ce qui rend le slogan “mon corps, mon choix,” particulièrement cynique. Le gouvernement ne ferait-il mieux pas d’augmenter les aides, de subvenir aux besoins des jeunes mères, plutôt que de promouvoir aveuglément l’IVG ? “Mon corps, mon choix”, ça ne veut rien dire… Premièrement, un foetus n’appartient pas à sa mère, c’est un autre corps. Ensuite, l’autre raison qui revient tout le temps dans les appels, c’est le chantage de l’homme : “mon compagnon n’en veut pas, si je n’avorte pas il me quitte…”. Voilà la première eraison de l’avortement. Et on veut nous faire croire qu’il s’agit d’un “droit des femmes” ? Mais c’est précisément l’inverse ! Les hommes en abusent pour abandonner leurs responsabilités. J’ai été frappée également par le nombre de jeunes filles qui souhaitent garder leur enfant contre l’avis de leurs parents. Je pense à cette jeune fille qui avait été chassée de chez elle, que nous avons recueillie et qui a tout fait pour garder son enfant. Il y a chez toutes ces femmes une volonté de vie admirable.

D’un côté le président Macron fait de grandes déclarations sur sa volonté de relancer la natalité, de l’autre il inscrit l’IVG dans la constitution. Comment vous expliquez ce grand écart ?

C’est très simple, la politique nataliste, selon moi, c’est d’abord revaloriser la maternité et se battre contre l’infertilité – une infertilité croissante qui est dûe notamment à la pilule et à sa présence résiduelle dans l’eau, on le sait. Mais cette lutte contre l’infertilité, elle va d’abord servir aux laboratoires, à la recherche, et justifier toujours plus la PMA. On peut penser que cela servira à M. Macron pour rendre légale la GPA, par exemple. Je ne le vois pas du tout promouvoir une politique nataliste naturelle, mais je peux me tromper.

Pour en savoir plus

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