Après avoir vanté Chanel et Vuitton dans sa transparente Voix humaine, Almodovar revient avec un mélo mémoriel qui plonge deux mères involontaires dans les souvenirs de la Guerre d’Espagne. Le clinquant/le luxe vs l’histoire/la mort : cherchons l’erreur.
Madres Paralelas regorge de rimes à l’image des deux bibelots design qui se regardent en chien de faïence sur la cheminée de Penélope Cruz, ici une photographe engrossée en tout début de film par son amant anthropologue judiciaire. L’un blanc semble se pencher vers l’autre noir, alors que la fille de Cruz de complexion très brune s’avérera celle de sa jeune amie de maternité (et plus si affinités). La vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais le film si, déroulant son flot d’énormes rebondissements avec une sorte d’hébétude désincarnée.
Lire aussi : Mulholland Drive : la clé des songes
Le voilage blanc se gonflant de vent à une fenêtre madrilène simule déjà le résultat de la saillie qui se déroule en chambre : un ventre va s’arrondir, et le plein conduire au vide. Les femmes enceintes seront délivrées, tandis qu’à l’autre bout de la vie, les fosses communes accoucheront des restes humains d’exécutions phalangistes, collectés puis honorés. Les mères, la terre, même combat : expulser ce qui est en trop. Les premières sont de l’ordre de la fiction (outrée), la seconde du documentaire, dont semble relever le dernier mouvement du film – l’excavation – tout en conservant un lien ténu avec la fiction par le biais des objets qui identifient les victimes de la répression franquiste. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !