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Metallica au stade de France : brutal et sentimental

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Publié le

17 mai 2019

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Le 12 mai dernier, le plus célèbre groupe de trash metal de l’Histoire, Metallica, assurait un concert titanesque au stade de France. François Gerfault, notre correspondant de guerre des décibels, s’était glissé dans la foule. À peine dissipés ses acouphènes, il a rédigé son rapport. Le voici.

 

 

Pourquoi, diable, la quarantaine passée, se rendre à un concert de Metallica ?  Pour s’offrir une cure de jouvence bien sûr, s’assurer qu’il est encore possible de retrouver la vigueur et la hargne de ses quinze ans. Ce dimanche 12 mai 2019, au Stade de France, les four horsemen, ont, une fois de plus, réussi à nous faire oublier le temps qui passe.

 

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Guerre civile mondiale

 

 

Leur show, inchangé depuis des années, est un rituel scrupuleusement observé : le concert débute par un extrait du Bon, la brute et le truand puis les artistes, à peine ridés et grisonnants, entrent en scène : Hetfield, le chanteur au visage de soudard paumé ; Ulrich, le batteur, sorte de nabot empâté et ricanant ; Hammett, le guitariste androgyne à l’humeur tellement égale qu’elle en paraît suspecte ; le « nouveau » bassiste enfin, dont on a encore oublié le nom… Les titres s’enchaînent alors pendant plus de deux heures, en majorité des vieux morceaux du siècle dernier, car pourquoi renouveler son répertoire quand on a, entre autres chefs-d’œuvre, composé les deux plus grands disques de métal de tous les temps : Ride the lightning et Master of Puppets ?

 

 

AMBIANCE GUERRIÈRE

 

Metallica, c’est le bon, la brute, le truand… et le fantôme, celui de Cliff Burton, l’ancien bassiste décédé en 1986, auquel le groupe rend hommage à chaque concert. Ce 12 mai, pour sacrifier au culte du grand ancêtre de la « Metallica family », le « nouveau » bassiste interprète un extrait d’Orion, magnifique instrumental composé par Burton lui-même. Hélas, cette interprétation s’avère incertaine mais cet incident lui est facilement pardonné : c’est qu’il doit être pesant de se voir en permanence, et pour une durée indéterminée, assigné la place du mort.

© L’Incorrect

Le spectacle est soutenu par des vidéos-clips diffusées sur une demi douzaine d’écrans géants de quinze mètres sur cinq, l’occasion de constater à quel point l’imaginaire de Metallica est guerrier et ce quand bien même ses membres, en bons fils des années soixante, se croiraient pacifistes. Et certes, ce n’est pas à la charge de la brigade légère que font songer les vagues de décibels qui submergent le Stade de France mais plutôt au déferlement de centaines d’escadrons de cavalerie lourde. Bref, l’ambiance est sombre et belliqueuse. Seule fantaisie de la soirée: une courte reprise de Johnny Halliday : « Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? » aussitôt entonnée en chœur par tout le stade.

 

 

REMÈDE BARBARE

 

Rien ne change, sauf l’âge des musiciens et du public, qui s’éloignent à toute vitesse de leur première jeunesse, même si un tiers de l’assistance affiche encore moins de quarante ans. Mais qu’importe, le temps est suspendu ce soir et tout le monde paraît régénéré. Et comment ne pas l’être lorsqu’on entend résonner dans ce cadre colossal et mégalomaniaque ces magnifiques power balads aux envolées épiques et désespérées que sont One ou Welcome home (sanatorium) ? Soudain, on s’imagine capable de tout : battre comme plâtre son manager, fendre la racaille à coups de hache d’armes, faire feu aux côtés des grognards du dernier carré, ou, dans un autre registre, valser gracieusement, revêtu d’une armure de plates, avec la cavalière de son choix…

 

Soudain, on s’imagine capable de tout : battre comme plâtre son manager, fendre la racaille à coups de hache d’armes, faire feu aux côtés des grognards du dernier carré, ou, dans un autre registre, valser gracieusement, revêtu d’une armure de plates, avec la cavalière de son choix…

 

Un concert de Metallica est avant tout un grand spectacle à l’ambiance brutale et sentimentale, une super production américaine en quelque sorte. Une expérience barbare. Or, une forte dose de barbarie, administrée ponctuellement, peut, en nous ramenant à quelques affects archaïques, se révéler salubre, créer les conditions d’une passagère régénération. 80 000 spectateurs, dont votre serviteur, l’ont expérimenté corps et âme dimanche dernier, 80 000 personnes qui ont puisé dans cet évènement la force de tenir quelque temps encore. A l’heure où s’écrivent ces lignes, ils ont dignement réintégré leur état civil pour s’enliser dans leur quotidien, jusqu’à la prochaine tournée. Merci pour eux… And beer for all !

 

François Gerfault

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