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Pourquoi je n’ai jamais pu me sentir de gauche alors que j’avais tout pour l’être (et tout à y gagner)

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Publié le

14 février 2018

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SBRUSSELL
On peut être de la génération 68, avoir grandi dans un kibboutz, côtoyé les plus grands esprits et artistes de son temps, voyagé à travers le monde, édité quelques monstres de la littérature – et ne rien devoir à Jack Lang. La preuve par l’exemple. Ce merveilleux maître de liberté, Henry David Thoreau, disait: « Si vous voulez vraiment être chrétien, commencez par oublier de l’être. » Cette vérité vaut pour à peu près toutes les situations de la vie ; une appartenance, un idéal ne peut devenir un titre de gloire ni un mérite, ou bien c’est une aliénation, une usurpation. Et puis, il y a l’objet et le mot qui désigne l’objet. Il se trouve que j’ai rencontré dans ma vie – j’ai conscience que je le dois à l’époque – plus de crapules qui se reconnaissaient dans le mot « gauche » que dans le mot « droite ». Ma mère échappait à cette confusion : elle se moquait complètement du mot, étant une femme d’action (et la prière, où le mot et l’objet ne font qu’un, est une des formes les plus absolues de l’action). Au fond, vivre demande d’agir, et agir appelle la foi plus encore que le courage. « C’est facile d’être de gauche quand tu as le soutien de la droite », disait le Russe Dovlatov – on pourrait entendre : « de se dire progressiste quand vous avez le soutien des salauds. » Je crois, comme le grand satiriste anglais Auberon Waugh, que le monde ne se divise pas entre les personnes de droite et de gauche, les riches et les pauvres, les Blancs et les Noirs, mais entre les personnes agréables et les personnes désagréables. Et j’ai fait mienne sa philosophie : « Chercher par tous les moyens à éviter d’avoir affaire aux gens désagréables, et si par malheur vous deviez les rencontrer sur votre chemin, ne pas hésiter à leur rendre coup pour coup. » Je parlerai de mon expérience personnelle, qui après tout en vaut bien une autre. Je suis un enfant de l’idéalisme sioniste, ce rêve des pionniers du début du vingtième siècle qui avaient en tête de bâtir un pays et d’y faire renaître un peuple qui n’avait jamais oublié la terre de ses ancêtres, tout au long de deux mille ans d’exil. Ma mère a grandi dans un kibbutz et, à vrai dire, jusque dans les années 1960, ce petit pays (de la taille d’une province historique française) était un grand kibbutz. Une paire de Levi’s était le rêve de tout Israélien qui se respectait – jusqu’à ce que le socialisme messianique s’ouvre à la mode. C’était l’aventure. L’aventure, c’était aussi partir, et ma mère et moi nous nous envolâmes pour la France. Je reçus, selon la volonté de mon père d’adoption, un Breton amoureux de sa patrie, ancien para des guerres d’Indochine, une éducation catholique stricte. Dans cet univers, les mots et l’objet qu’ils désignaient se rencontraient : il y avait un mot pour l’autorité, c’était le mot (...)
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