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Nicolas Bay : “L’instauration d’un véritable RIC pourrait être un contrepoids à ce système électoral biaisé”

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Publié le

18 juin 2019

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Les Gilets Jaunes revendiquent activement le referendum pour un vrai pouvoir du peuple. Et d’autant plus lorsqu’il s’agit de la privatisation d’un bien public. Un référendum a été ouvert le 13 juin et court jusqu’au 13 mars 2020, sur le projet de privatisation d’Aéroports de Paris. Entretien avec Nicolas Bay.

 

Pourquoi êtes-vous opposé à la privatisation d’Aéroports de Paris ?

Il ne s’agit pas ici d’une infrastructure comme une autre. On ne peut pas vendre ainsi Aéroports de Paris – comme on l’a fait auparavant avec Toulouse par exemple – en prétendant occulter la dimension stratégique évidente de ces sites. Il y a là un enjeu de sécurité et de souveraineté : ces aéroports constituent une porte d’entrée dans notre pays et plus largement dans l’espace Schengen. Veut-on renoncer à leur maîtrise, à leur contrôle ?

 

Lire aussi : Nicolas Bay « Les Français attendent un Front national rassembleur »

 

Au-delà de cet aspect majeur, on peut aussi y voir la continuation de la vente à la découpe de nos infrastructures et des biens communs des Français (ces sites ayant été bâtis, améliorés et entretenus avec leur argent), dans une logique purement court-termiste et financière. Une logique que l’on a déjà vue aussi appliquée à nos industries vitales, je pense notamment à la vente d’Alstom et ses répercussions désastreuses. En ce domaine Macron déploie sa vision… à laquelle nous sommes fondamentalement opposés.

 

C’est la première fois en France qu’a été déclenchée la procédure de référendum d’initiative partagée. Le Rassemblement National est lui favorable au principe de Référendum d’Initiative Populaire, calqué sur le modèle suisse. Est-ce l’occasion rêvée de montrer sa pertinence ?

Le référendum d’initiative partagée souffre de nombreux vices, le plus important étant qu’il a besoin d’être déclenché par les parlementaires. Or, le Parlement en France n’est pas, quoi qu’on en dise, représentatif du peuple puisque nous sommes avec le Royaume-Uni le seul pays de l’UE à ne pas avoir de scrutin proportionnel pour les législatives. Ainsi, recueillant 28% des voix au premier tour en juin 2017, le parti macroniste truste 53% des sièges à l’Assemblée nationale. Il dirige donc le pays seul, doté d’un poids qui est sans commune mesure avec le soutien populaire réel dont il bénéficie.

L’instauration d’un véritable référendum d’initiative populaire (ou citoyenne) – existant dans de nombreux pays – pourrait être un efficace contrepoids à ce système électoral biaisé. Aujourd’hui, avec le seuil de 10% du corps électoral, le déclenchement par les parlementaires, les contraintes, la lourdeur du processus ; tout est fait pour que les Français ne puissent pas se saisir eux-mêmes des grandes questions qui les concernent pourtant directement.

 

 

Ce référendum est-il une première concrétisation politique de la pression des Gilets jaunes ?

Le mouvement des Gilets jaunes a largement mis en lumière cette soif démocratique qui anime le peuple français. En ce sens, ces mobilisations ont sans doute été un élément déclencheur, ou du moins facilitateur, de cette procédure pour les Aéroports de Paris dépassant les clivages partisans. Les Gilets jaunes ont clairement dit aux parlementaires que les citoyens souhaitaient se saisir de leur destin. Espérons que les nombreuses entraves prévues dans le dispositif du Référendum d’initiative partagée leur en laissent réellement la possibilité.

 

L’unanimité avec des partis farouchement adverses sur ce référendum est-elle le signe qu’une coopération est ponctuellement possible, ou est-ce simplement contextuel et dû à la mainmise de LREM sur l’appareil législatif ?

Disons-le simplement : nous serons toujours prêts à travailler avec ceux qui défendent sincèrement les intérêts de la France et des Français, fut-ce de manière ponctuelle et malgré nos désaccords sur d’autres sujets. C’est aussi notre conception de la politique, au service de l’intérêt général, loin de ceux qui érigent des barrières et des oukases il est vrai.

Il y a là un enjeu de sécurité et de souveraineté : ces aéroports constituent une porte d’entrée dans notre pays et plus largement dans l’espace Schengen.

Par ses déclarations et plus encore par ses actes, M. Macron illustre la fracture profonde qui divise aujourd’hui la vie politique française. Elle passe par le clivage entre les mondialistes et les nationaux, entre les tenants du gouvernement des juges et ceux de la démocratie directe, entre la mondialisation sauvage et la voie protectionniste et localiste, entre la société individualiste du tout-marchand et la communauté attachée à ses valeurs de civilisation. Ce clivage de fond, qui tient d’une vision du monde et de l’Homme, trouvera à s’exprimer dans bien des sujets encore, et devra amener chaque responsable politique, chaque formation, à choisir clairement son camp.

 

Propos recueillis par Louis Lecomte

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