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Pédophilie : catholiques, sortez de votre bulle !

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Publié le

23 août 2018

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[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1535034579498{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]Les cas de pédophilie dans l’Église, même quand ils datent de plusieurs dizaines d’années, sont un sujet récurrent dans la presse et le cinéma. Une atmosphère assez sordide, où les crimes de quelques-uns décrédibilisent et affaiblissent l’ensemble de l’Église et des catholiques. Pendant ce temps, le catho regarde ailleurs, et s’étonne d’être de plus en plus seul.

 

Le lemming est un petit rongeur des régions arctiques : inoffensif et sympathique, il se reproduit à un rythme élevé et vis en groupe. Et selon la légende inuite, les groupes de lemmings se livrent régulièrement à des suicides collectifs, quand l’environnement se fait trop dur et les prédateurs, trop pressants. Toutes les caractéristiques des catholiques français.  Ces derniers ont aussi adopté depuis longtemps la posture de l’autruche : excepté lors de l’épisode de la Manif Pour Tous, ils se sont repliés sur leur sphère familiale et leur paroisse, évitant soigneusement d’aborder les sujets qui fâchent avec le reste de la population française. Celle qui navigue entre catholicisme culturel et athéisme de posture, et qui n’entend parler de l’Église que pour défendre l’immigration ou lors des affaires de pédophilie. Dernier exemple en date : en une semaine, un rapport américain qui accuse près de 300 prêtres de Pennsylvanie d’actes pédophiles (remontant jusqu’en 1940) et une lettre ouverte du Pape François dénonçant les manquements de l’Église et exhortant les catholiques à se mobiliser.

Ces dernières décennies l’Église a commis deux fautes : la première, la plus importante, avoir dans de nombreux pays placé l’institution au-dessus de la parole des victimes en étouffant leurs témoignages et en empêchant la justice civile de faire correctement son travail. La seconde, ne pas avoir compris que cette erreur allait servir de carburant à une « guerre de l’information » menée contre elle, et qu’il fallait impérativement réagir sur le terrain médiatique et culturel. Certes, depuis une dizaine d’années, principalement sous le pontificat de Benoît XVI, une pléiade de mesures a été prise pour traiter plus efficacement les cas d’abus sexuel dans l’Église. Mais les autorités religieuses, surtout françaises, n’ont toujours pas compris qu’elles évoluaient dans une société qui lui était désormais indifférente face à des médias souvent hostiles. Ces réformes du droit canon, efficaces mais souvent complexes et absconses, ne pèsent pas grand-chose face aux affaires qui éclatent régulièrement, même si elles remontent à plusieurs décennies.

 

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Résultat, face au crime immonde de la pédophilie, les prélats français et la plupart de leurs ouailles s’enfoncent bien souvent dans un silence qui paraît coupable, un repli sur sa communauté qui ne convainc personne. Le catholique français, tel le lemming, court tête baissée vers son suicide en refusant de prendre à bras le corps ce sujet qui participe largement au désamour entre les Français et l’Église. Dans la France périphérique qui met les pieds deux fois à l’Église (une fois pour les baptêmes, une fois pour les enterrements) et qui fait parfois le signe de croix à l’envers, l’association « curé = pédophile » fait des ravages depuis vingt ans.

Comment lui en vouloir ? La course en avant vers la modernité du clergé français (notamment sur les questions liturgiques) a creusé un gouffre spirituel entre la plupart de nos concitoyens et l’institution. Simultanément, l’actualité, le cinéma, les séries abordent la question de la prêtrise régulièrement sous le seul angle de la perversion sexuelle.

 

La pédophilie n’est pas un « problème catholique »

Les catholiques doivent contre-attaquer : oui, il y a un grave problème de pédophilie dans l’Église. Non, la pédophilie n’est pas un problème proprement catholique. De nombreuses études ont été effectuées (principalement aux États-Unis), et toutes mènent à la même conclusion : non, l’Église n’est pas particulièrement touchée par le phénomène, qu’on retrouve dans toutes les religions et toutes les autres institutions (notamment dans l’Enseignement). La plus importante de ces études, celles de l’Université de Santa Clara en Californie, concluait même en 2010 que les prêtres catholiques étaient 1,6 à 4 fois moins concernés par les relations sexuelles avec des mineurs que le reste de la population américaine. Rien de très surprenant en somme : en France, 94% des enfants victimes de viol le sont par l’un de leurs proches (un père, un oncle, un cousin…). Il reste donc 6% à se partager entre le prof de sport, le centre aéré et, éventuellement, un curé.

Un calcul macabre, mais qui remet les choses en perspective : la pédophilie est un fléau qui touche toutes les sociétés, qui bien souvent, l’enfouissent sous le tapis des tabous. Des enfances en enfer et des vies brisées, dont l’Église n’a pas le monopole de la responsabilité. Depuis quelques années en France, les langues se délient. Des dizaines affaires éclatent dans le monde du sport, et dans L’Éducation Nationale, 30 agents ont été radiés suite à des affaires de pédophilie en 2016, 27 en 2015. Des cas nombreux et récents, qui n’ont pas « profité » de la même exposition médiatique que les affaires touchant l’Église et remontant parfois aux années 80.

 

En France, 94% des enfants victimes de viol le sont par l’un de leurs proches (un père, un oncle, un cousin…). Il reste donc 6% à se partager entre le prof de sport, le centre aéré et, éventuellement, un curé

 

Cette situation révèle que l’Église et les catholiques n’ont toujours pas intégré qu’ils étaient désormais minoritaires en France. En 2018, moins de 5% des Français assistent à la messe. Et si 64% des Français se déclarent encore « catholique », 56% ont « une mauvaise image de l’Église ». Un attachement culturel au monde chrétien, mais un désamour pour l’institution : les églises sans l’Église. Mais que vaut l’un sans l’autre ? Un instrument sans musique ? Sur la question de la pédophilie comme sur les autres sujets (mariage, avortement…) l’Église peine à convaincre au-delà de son petit cercle de fidèles. Une vieille dame un peu seule, ancienne notable désargentée, que personne n’écoute désormais car elle parle à elle-même.

Alors que toutes les minorités de France et de Navarre arrivent efficacement à se mobiliser et à faire entendre leur voix au moindre risque « d’amalgames », les catholiques n’apportent aucun contre discours sur la question de la pédophilie. L’enjeu est pourtant de taille, et nous l’avons vu, les arguments ne manquent pas. Une double tâche attend les catholiques français : redoubler de vigilance pour que ces actes ne soient qu’un mauvais souvenir, et repartir à la conquête des cœurs sur le terrain médiatique et culturel pour se débarrasser de ce stigmate infâmant. [/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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