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[Portrait] Daniel Riolo : Micro Football Club

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Publié le

5 mai 2023

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En promo pour son nouveau livre Chaos Football Club, Daniel Riolo s’est fait un nom et une voix grâce à l’AfterFoot, émission qu’il coanime chaque soir sur RMC avec son compère Gilbert Brisbois. Portrait d’un passionné de ballon, de cinéma et de politique qui chérit par-dessus tout le débat.
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Compliqué de séparer Daniel de Gilbert. D’ailleurs à la question « donnez-nous cinq personnalités du foot que vous inviteriez à votre table », Daniel Riolo (auteur de Chaos Football Club) cite Platini, Maradona « et Gilbert évidemment ». Gilbert, c’est Gilbert Brisbois avec qui il forme le duo star de l’émission l’AfterFoot, chaque soir sur RMC. Né un soir de défaite de l’Olympique lyonnais en Ligue des champions, l’After sèche les larmes des supporters depuis dix-sept ans. Si l’émission tutoie les sommets d’audience, c’est qu’elle est bien plus qu’une émission. L’After, c’est des belles histoires comme celle de « Polo », auditeur SDF devenu consultant du foot allemand, qui affirme encore qu’il n’y avait pas faute sur Battiston ; c’est des digressions merveilleuses sur le jambon de Parme et la pata negra, ou des révélations sur l’armoire à dijo de Noël Le Graët. L’After, c’est un dîner de famille où l’on s’envoie des parpaings dans la tronche, on hurle et on pleure avant de se tomber dans les bras.

On lui demande s’il est émotif, il bafouille trois mots. « Je vous demande ça parce que la précédente stagiaire s’est évanouie en interviewant Tom Cruise » lui explique-t-on

Le foot est d’abord un souvenir de jeu pour Daniel Riolo, celui avec ses cousins en Sicile dans le village de famille. Puis vient l’image en noir et blanc un soir de finale de la Coupe des clubs champions en 1976, qui vit Saint-Étienne s’écraser contre ces putains de poteaux carrés du Bayern Munich. « On m’a envoyé au lit à la mi-temps, bon je n’avais que six ans » nous raconte-t-il. Un an plus tard, la télévision couleur débarque chez les Riolo, et le jeune Daniel peut aller jusqu’au bout du quart de finale des Verts contre Liverpool. Mais le foot reste une passion, pas forcément une vocation, alors que le journalisme le titille. « J’adorais les émissions où l’on parle, je les regardais toutes » explique Daniel Riolo. « Les premiers qui m’ont marqué sont Philippe Tesson et Jean-François Kahn. Peu importent les opinions, j’aimais la rhétorique. J’avais l’impression qu’on s’amusait, que ce n’était pas un vrai travail » ajoute-t-il. Les prémices de l’After sont déjà là. Une table, des gens et des débats. Son bac en poche, c’est le droit qui l’attend. « Je m’imaginais avocat, un métier où l’on parle ». Il ira non sans difficulté jusqu’à la maîtrise. Il a vingt-sept ans, vit chez ses parents et l’idée du journalisme repointe son nez en se rappelant ce rêve de l’enfant qui, abonné à Onze mondial, guettait le facteur au bout de la rue.

Il entre à l’Institut français de presse d’Assas mais n’y reste que quelques mois, le temps de trouver un stage. Il atterrit au culot chez Spectacle, une nouvelle chaîne dédiée à la culture créée par le groupe Canal +. « J’ai dit que je savais tout faire alors qu’il n’en était rien. ». On lui demande s’il est émotif, il bafouille trois mots. « Je vous demande ça parce que la précédente stagiaire s’est évanouie en interviewant Tom Cruise » lui explique-t-on. Pas de star hollywoodienne pour sa première, mais Roland Blanche et Michel Aumont au Théâtre de l’Odéon. « J’ai senti le cadreur pas très serein au-dessus de mon épaule. » Puis il enchaînera avec le Festival de Cannes de 1998. « Je me souviens surtout des soirées » et d’un entretien avec Robert Duvall, alias Tom Hagen dans le Parrain, une référence pour Riolo le Sicilien : « C’était émouvant. » La chaîne ferme six mois plus tard. Du chômage et une bifurcation par la com’ plus tard, Daniel profite de la floraison des chaînes post-Coupe du monde pour remettre le pied à l’étrier, mais cette fois-ci dans le sport. À la télé d’abord avec InfoSport puis à la radio avec l’éphémère Sport O’FM qui lui permet de suivre son autre passion, le tennis : « Tu mènes la grande vie, tu ne vis que dans des endroits où il fait beau, tu es comme une marque de parfum : Paris, New York, Melbourne, Monte-Carlo. »

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C’est en Australie qu’il rencontre Gilbert Brisbois, installé sur place. L’alchimie prend très vite et les voilà qui ébauchent un projet : une émission de débat pour parler foot et société. Nous sommes en 2004. Riolo revient à Paris et s’offre un contrat de journaliste à Radio France au service des sports. «J’ai fait connaissance avec le régime soviétique» s’amuse-t-il. «Il y a des très bons journalistes, mais le système est au-delà de la gabegie. » Remercié à la fin de son contrat, il se prend une baffe : « J’ai été profondément touché, mais au final c’est la plus belle nouvelle de ma carrière. » Si le statut de pigiste est précaire, il lui permet de mettre un pied à RMC, où il retrouve Gilbert de retour en France et rencontre le directeur des sports François Pesenti. Ce dernier leur propose une émission d’après-match. Riolo qui commente aussi les coupes d’Europe pour CFI enchaîne alors les émissions. « J’appelais Gilbert pour lui dire de faire durer les rappels des scores le temps que j’arrive ! ». Le rêve prend forme, l’audience suit et les coups de fil avec. « On n’avait pas fait trois émissions qu’ Aulas (le président de l’Olympique lyonnais, ndlr) appellait notre boss pour nous couper le micro. » Dix-sept ans plus tard le micro est toujours allumé. Et la revue papier est née.

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