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Qui était vraiment le général Lecointre ?

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21 juin 2021

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Son nom était sur toutes les lèvres en avril dernier. Le général Lecointre, chef d’état-major des armées, quittera ses fonctions après le 14 juillet. Aucun coup de théâtre en cela, l’affaire était prévue et publique depuis de longs mois. Qui était-il vraiment ? Libre esquisse psychologique par Alain Lagayonne, officier.
Lecointre

Un article de Challenges du 17 juin laisse entendre que, contrairement à tant d’autres avant lui qui ont été aspirés par le secteur privé (le général de Villiers avait rejoint le Boston Consulting Group) ou de hautes fonctions honorifiques (le général Puga est Grand chancelier de la Légion d’honneur, il a présenté à Emmanuel Macron les insignes de sa fonction et en semblait tout émoustillé), le général Lecointre aurait décidé de consacrer une partie de son temps enfin libre à devenir visiteur de prison. Ce point est peut-être emblématique de ce qu’est en profondeur François Lecointre. Issu d’une longue lignée de militaires, fils d’officier de marine, Saint-Cyrien (surnommé Coin-Coin par ses camarades de promo), partagé toute sa vie entre un redoutable désir de parvenir au sommet de la carrière et une certaine idée de l’honneur, de l’homme et du métier des armes, le général est une personnalité ambivalente.

La grande affaire de sa vie est l’assaut qu’il mène pour reprendre le pont de Verbanja en 1995 en Bosnie-Herzégovine

Ses expériences opérationnelles sont multiples : Côte d’Ivoire, Bosnie-Herzégovine, guerre du Golfe, Mali, Somalie… et Rwanda qui le marquera fortement (il a publiquement défendu l’honneur de l’armée française encore très récemment). Les expériences les plus violentes, les plus marquantes, il les vit dans ses années de lieutenant et de capitaine. Ses affectations parisiennes sont partagées essentiellement entre l’état-major de l’armée de Terre et les cabinets ministériels (Brienne et Matignon) ; très peu en interarmées, ce qui l’aura probablement pénalisé dans sa conduite des armées.

La grande affaire de sa vie est l’assaut qu’il mène pour reprendre le pont de Verbanja en 1995 en Bosnie-Herzégovine. François Lecointre est toujours très ému au souvenir de ses deux Marsouins tués au combat ; nombreux sont ceux qui peuvent témoigner l’avoir vu l’œil humide en évoquant le sujet grave du rapport du soldat et de la mort.

François Lecointre est devenu un phénomène de cirque, on le montrait partout, on le promenait de conférences en témoignages

Cette affaire de Verbanja a eu un grand retentissement à l’époque, elle marquait le refus de la France de se laisser neutraliser par les règles ubuesques de l’ONU. Il faut rendre justice en cela à Jacques Chirac qui a eu la volonté d’utiliser l’armée française… comme une armée. « La reprise du pont de Verbanja restera dans la mémoire de nos armées comme un symbole, celui de la dignité retrouvée, du refus de toutes les humiliations » dira le président de la République lors des obsèques militaires. Et comme ce combat servait la haute politique de l’Élysée, François Lecointre est devenu un phénomène de cirque, on le montrait partout, on le promenait de conférences en témoignages. Les élèves officiers de plusieurs promotions à Coëtquidan ont été biberonnés par ce récit. Il n’est probablement pas simple d’être un héros. Remarquons en passant que cet assaut et le nom de Lecointre sont les seuls connus par les Français ; pourtant beaucoup de soldats ont combattu, parfois au corps à corps, en particulier en Afghanistan et partout en Afrique depuis plus de 30 ans[...]

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