Le néologisme « racisé » signife la qualité assignée par un système dominant à un individu ou à un groupe en raison de ce qu’il nomme « race ». Cela permet de réduire la race à un simple concept raciste, à une construction sociale légitimant la domination des « non-racisés ». « Racisé » désigne donc concrètement aujourd’hui l’envers du privilège de la blanchité. « Ce privilège, tout comme le privilège de la masculinité et de l’hétérosexualité consiste concrètement dans le fait qu’il n’existe pas sur l’individu ainsi identifé de récit social de son abjection éventuelle qui le précéderait et qui ramènerait toutes ses conduites à des conduites d’espèces, à un particularisme potentiellement déviant et/ou dangereux » (Médiapart, 5 février 2018, tribune de N. Ajari, H. Bentouhami, JC Goddard).
Seuls les racisés peuvent utiliser de manière non-raciste le mot « race ». Et ils ne s’en privent pas. Ce retournement dialectique, la fameuse « inversion du stigmate » participe de la lutte politique du nouvel antiracisme qui repose sur la double thèse : la race n’existe pas mais le racisme (intrinsèque aux Blancs) existe et doit être combattu. L’intérêt est également que les Arabes et les Noirs ne peuvent pas être accusés de racisme. Le bénéfice politique de ce tour de passe sémantique est évidemment important puisqu’il permet d’utiliser la grille de lecture de la lutte des races en en interdisant l’accès à ceux que l’on combat. [...]
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