De prime abord il peut sembler étrange de consacrer un livre à l’aspect social de l’œuvre de Raymond Ruyer. Si le philosophe d’origine vosgienne a laissé quelque trace dans les livres de philosophie, c’est d’abord pour sa contribution à une pensée « finaliste » qui s’appuya à la fois sur les découvertes de son temps (physique quantique) et sur une sorte de « théologie naturelle » tâchant de concilier la science et la métaphysique. Une œuvre presque extralucide qui fut le produit d’un esprit incroyablement profus, malheureusement un peu oubliée, et qui culmina dans la Gnose de Princeton, véritable somme où Ruyer fait revivre certains préceptes de la tradition à l’aune des théories expérimentales de Max Planck et consorts.
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On connaît moins Raymond Ruyer pour son œuvre tardive, principalement composée dans le sillage des évènements de 1968 et élaborée autour d’une « critique sociale » qui s’en prend déjà aux nouveaux fétiches de ce qu’on allait appeler le « post-moderne ». Tel un Raymond Aron, qui publia son Éloge de la société de consommation, Ruyer se propose de penser le monde à rebours des idées qui font alors florès dans le gotha – à rebours de Deleuze ou Derrida qui déstructurent à tout va et détricotent soigneusement le legs philosophique occidental. [...]
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