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The King, Adults in the room : la semaine cinéma de l’Incorrect

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Publié le

6 novembre 2019

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UN ROI…IDEAL 

 

Quel homme qu’Henry V d’Angleterre, fils et successeur de l’usurpateur Henry IV d’Angleterre, premier roi issu de la Maison de Lancastre qui ne donna que trois souverains à nos voisins d’outre-Manche. Trois souverains, cela paraît bien peu. Mais quels rois furent-ils… Parmi les plus essentiels de l’histoire britannique et européenne. C’est ce tragique qui inspira William Shakespeare pour sa série de pièces historiques consacrées aux trois Lancastre, lesquels continuent de nourrir l’imaginaire du monde entier. Co-écrit et réalisé par David Michôd, The King parvient à transmettre des impressions vivaces. C’est déjà beaucoup.

Si la matière première de The King est historique, il ne s’agit pourtant pas d’un film historique. Adaptation libre du cycle shakespearien, The King s’affranchit donc assez largement de l’histoire telle qu’elle s’est précisément déroulée. Pourtant, c’est bien d’Histoire que le film traite, et pas n’importe laquelle : la nôtre en miroir de celle de l’Angleterre. Le film de David Michôd peut être découpé en trois parties directement issues de l’œuvre de William Shakespeare. La première montre le futur Henry V, en butte à la violence et à l’égoïsme de son père, tout faire pour protéger les sujets du royaume des violences intestines dont ils sont les otages.

Ainsi affronte-t-il et tue-t-il Henry « hotspur » Percy lors d’un duel qui évite l’affrontement de deux armées anglaises. Une magnifique scène qui rappellera certains films soviétiques, tel que Les Aventures de Quentin Durward. La seconde partie dépeint avec une grande finesse le poids que la charge royale fait peser sur les épaules d’Henry V. Une fois de plus, Michôd prend ses libertés avec l’Histoire mais aussi avec l’œuvre de William Shakespeare, puisqu’Henry V semble contraint à entrer en guerre contre la France. Ladite guerre, correspondant à un épisode tardif de la Guerre de Cent Ans, immensément tragique pour la France, constituant le troisième acte du film qui se conclut par la signature du Traité de Troyes et le mariage de Catherine de Valois au susnommé roi d’Angleterre.

Bien évidemment, tout cela n’a jamais existé. Ou, du tout moins, tout cela ne s’est jamais passé ainsi. Michôd idéalise grandement son Henry V pour en faire un modèle de souverain, un modèle de Prince machiavélien qui se forge un caractère et une légitimité au rude contact de la réalité. Les Français, comme toujours dans les productions anglo-saxonnes, occupent d’ailleurs une place peu enviable dans le récit. Tantôt cruels, lâches ou tout simplement fous, ils sont à l’image de ce qu’ils étaient dans les chroniques anglaises du Moyen-Âge.

Il faut bien dire qu’Azincourt fut pour la chevalerie franque une déroute sans pareille, une humiliation en rase campagne que seule la personne de Jeanne d’Arc put effacer. Alors que la France avait relevé la tête à la fin du XIVe siècle, après les multiples défaites du début de la Guerre de Cent Ans, à commencer par Crécy, l’audace et la fureur brutale d’Henry V nous mirent à nouveau plus bas que terre. Une question de calendrier, l’Angleterre ayant mis un terme temporaire à ses conflits civils quand la France se déchirait entre les partis Armagnacs et Bourguignons. La figure du roi Charles VI ne laissa pas à la postérité que le sobriquet de « bien aimé » … C’est bien plus du « fol » ou du « fou » qu’on se souvient aujourd’hui.

Dire que The King n’est pas un documentaire serait une lapalissade. Double relecture shakespearienne et contemporaine de la période, The King parvient néanmoins à ses fins. D’abord parce qu’il montre comment ces guerres dynastiques ont présidé à la la naissance du sentiment national en ce début de XVe siècle. Ensuite parce qu’il est suffisamment ambigu et beau pour nous transporter dans ces chroniques anglaises d’autrefois. Et si les anachronismes permettaient parfois de ressentir plus pleinement ce qui a été une époque dont nous ne pouvons que deviner les contours ? De tout temps, le mythe a créé de l’Histoire. À nous Français de raconter notre Guerre de Cent Ans. N’en laissons pas plus le soin à Shakespeare qu’à Michôd. C’est peut-être la leçon à tirer de ce beau film bien interprété et bien filmé.

Gabriel Robin

LES COULISSES DE BRUXELLES                                                   

Adults in room (2h04)

De Costa-Gavras, avec Christos Loulis, Alexandros Bourdoumis, Ulrich Tukur, en salle le 6 novembre

 

Après sept années de crise, la Grèce est au bord du gouffre. Des élections, un souffle nouveau, et deux hommes vont incarner l’espoir d’un salut. Nommé par Alexis Tsípras, Yanis Varoufakis va mener un combat sans merci dans les coulisses et entre les portes closes du pouvoir européen. Réussir pendant près de deux heures à nous intéresser à l’arrière-plan de la glaciale Union Européenne prouve que le camarade Costa-Gavras, même à 86 ans, sait encore mettre en scène. Certes, il n’a que faire des nuances et sanctifie de son vivant Varoufakis, mais il le fait avec une efficacité redoutable, dézinguant non sans plaisir toute la clique bruxelloise – Moscovici et Sapin en tête – transformant les bureaux et couloirs en labyrinthe infernal et les réunions de l’Eurogroupe en passionnante partie d’échecs. De quoi faire rager les derniers europhiles.

Arthur de Watrigant 

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