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Tigré : les abysses de l’Abyssinie

Alors que les troupes du TPLF (Front de Libération du Peuple du Tigré) menacent Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie et siège de l’Union africaine, d’une marche sur Rome version abyssinienne, le premier ministre Abiy Ahmed multiplie les déclarations aux accents belliqueux et paranoïaques et appelle à une guerre totale contre les insurgés. Le chaos qui gagne la deuxième nation la plus peuplée d’Afrique – qui se targue par ailleurs de n’avoir jamais subi de colonisation – menace l’unité éthiopienne. Mais, à terme, c’est toute la Corne de l’Afrique qui pourrait se trouver déstabilisée.

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© Abiy Ahmed

Alors qu’il sévit depuis plus d’un an, le conflit au Tigré, région septentrionale de l’Éthiopie, a atteint ces dernières semaines un point de bascule. Sous l’impulsion de son chef Abiy Ahmed, le gouvernement éthiopien a déclaré, le 2 novembre, l’état d’urgence sur tout le territoire éthiopien et suspendu l’application de la constitution. Après que les rebelles du TPLF ont revendiqué la prise des villes de Dessie et Kombolcha situées en territoire amhara à seulement 400 kilomètres au nord d’Addis-Abeba, le Premier ministre a invité les habitants de la capitale à rejoindre les rangs de l’armée régulière éthiopienne pour défendre leur ville. Forts de leur récente alliance avec les forces de l’OLA (Armée de Libération Oromo), les rebelles assurent, de leur côté, que la prise de la capitale n’est plus qu’une histoire de semaines voire de jours, ce que le gouvernement éthiopien dément formellement.

Aussi inattendue soit-elle, cette alliance fortuite entre les ethnies oromo et tigréenne autrefois rivales constitue désormais une menace réelle pour la survie du régime d’Abiy Ahmed, lequel se retrouve lâché par ses anciens alliés occidentaux et en particulier par les Américains. Entre autres déclarations indignes d’un Prix Nobel de la paix, le Premier ministre a promis de « noyer les Tigréens dans leur sang ». Exploitant la peur des « espions » pour justifier les arrestations arbitraires dans la population tigréenne à Addis-Abeba ainsi que dans le reste de l’Éthiopie, il a également dénoncé un supposé complot visant à faire « partager à l’Éthiopie le destin de la Syrie ou de la Libye ». Aussi inquiétante soit-elle, cette situation n’a pourtant rien d’inédit : en effet, c’est la troisième fois en cinq ans que le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), coalition politique au pouvoir depuis 1991, décide de déclarer l’état d’urgence en raison de tensions inter-ethniques. Désormais, le Tigré se retrouve pris en étau entre les forces loyalistes éthiopiennes au sud et les troupes du dictateur érythréen Issayas Afeworki, allié de circonstance d’Abiy Ahmed, au nord. […]

Au-delà des frontières de l'Éthiopie, la crise au Tigré menace de s'étendre aux nations voisines et de déstabiliser l'ensemble de la région

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