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Tristan Nitot : Qwant on a que l’amour

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Publié le

7 février 2019

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Tristant_Nitot_©Benjamin_de_Diesbach-3
Petit Qwant deviendra grand ? Lancé en février 2013 par Jean-Manuel Rozan, Patrick Constant et Éric Léandri, le moteur de recherche français dont l’argument premier est de ne pas espionner ses utilisateurs ni de collecter leurs données personnelles a fait bien du chemin depuis sa création, revendiquant aujourd’hui 70 millions d’utilisateurs par mois. Un petit poucet face aux géants américains, qui compte bien devenir la réplique européenne de Google. Entretien avec Tristan Nitot, pionnier du développement d’Internet, qui a rejoint l’équipe de Qwant en 2017. Internet et vous, c’est une longue histoire : vous avez découvert Unix dans les années 1980, vous êtes passé chez Netscape et vous avez pris la direction de la fondation Mozilla Europe en 2003. Comment considérez-vous l’évolution d’Internet sur le temps long ? Internet puis le Web, qui l’a fait connaître, me sont apparus comme des promesses formidables. J’ai indéniablement été un techno-utopiste avec cette idée qu’internet serait ce qu’on en ferait. Il est apparu assez vite que des tas de gens avaient sur - tout envie de modeler internet pour qu’il les serve, et qu’il fallait se battre pour que ce devienne une force positive au service de l’humain et pas seulement de quelques-uns. Dès 1997, Microsoft a voulu annexer le Web pour « couper l’oxygène de Netscape » qui menaçait la plateforme Windows et les ventes futures d’Office. La résistance s’est organisée, et ça a donné le projet Mozilla et le navigateur Firefox. Les gouvernements ont pris la suite en s’attaquant au chiffrement et en voulant transformer le Net en outil de surveillance de masse, comme avec la loi Renseignement en 2015. Les grandes plates-formes comme Google et Facebook (et d’autres) ont aussi un rôle ambivalent. Depuis les années 1990, Internet est toujours un champ de bataille pour les libertés. Vous êtes très sensible à la question du contrôle des données et de la vie privée par le biais des technologies numériques. Dans votre ouvrage Surveillance// (2016, C&F), vous décrivez et donnez des outils pour se prémunir de la surveillance électronique. En quoi Qwant représente-t-il une alternative sérieuse à la surveillance globale généralisée ? Il y a deux grands problèmes aujourd’hui auxquels s’attaque Qwant. Le premier, c’est que les Russes, les Chinois et les Américains possèdent tous au moins un moteur de recherche. Il est essentiel que l’Europe ait le sien, à moins de vouloir devenir une colonie numérique de l’Amérique ou de la Chine. Le deuxième problème, c’est que pour l’instant les Google, Facebook et compagnie ont un business model basé sur la captation des données personnelles et le profilage des utilisateurs. On voit bien à quel point cela peut être toxique pour les démocraties. Qwant est le seul moteur de recherche européen qui possède ses serveurs, ses algorithmes, son propre index. Il y a bien d’autres moteurs, mais ils ne disposent pas de ces technologies : ce sont des « passeplats » vers des moteurs étrangers, qui renforcent donc la position de Google et de ses équivalents. Ce n’est pas satisfaisant en termes de souveraineté. Qwant se présente, selon son PDG, Éric Léandri, comme la « Suisse d’internet ». Pensez-vous qu’aujourd’hui le grand public est suffisamment sensibilisé à ces problématiques pour se détourner de Google, qui règne encore massivement, et permettre à Qwant de devenir, plutôt que la Suisse, « l’Europe d’internet » ? Non, il est certain qu’il faut sensibiliser le public à ces problèmes, et c’est un vaste sujet. Les gens subissent une injonction au numérique en permanence : il faut avoir un smartphone, savoir tout faire avec, alors qu’ils ne sont pas formés à cela, à part quelques minutes dans la boutique d’un opérateur. Difficile, dans ces conditions, (...) À découvrir dans le dernier numéro de L’Incorrect et en ligne pour les abonnés.
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