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Validé : raconter les “jeunes” à la télévision

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Publié le

8 mai 2020

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Énorme carton du confinement, la production Canal + Validé a reçu une large approbation du public des moins de trente ans. Imaginée par l’ancienne « Kaïra » Franck Gambastide, cette série est un Karaté Kid pour millenials des cités, racontant l’ascension tumultueuse d’un jeune espoir du rap sur fond de bons sentiments surjoués et d’humour un peu gras. Essai réussi de « série urbaine » sur le plan commercial, Validé n’est pourtant pas la première tentative du genre.

 

Sans revenir au temps de Seconde B, sitcom némésis d’Hélène et les Garçons présentant un casting métissé dans un lycée de banlieue, les programmes pour millenials n’en sont pas à leur coup d’essai en France avec Validé. Netflix s’emploie d’ailleurs à aller chercher ce public, gros consommateur de séries. L’an passé, la plateforme avait notamment sorti Mortel, fiction fantastique à mi-chemin entre Twilight et Ma 6-T va Cracker avec une bonne dose de nunucherie. Dernièrement, les Américains avaient aussi produit un feuilleton sur les Vampires ayant un cadre sensiblement similaire.

 

Lire aussi : La chronique d’Anne-Sophie Chazaud : Le nouveau biopouvoir

 

Les producteurs le savent : le rap est la musique qui rapporte le plus d’argent en France et aux Etats-Unis. C’est peut-être même le rap qui a sauvé l’industrie du disque. Il y a donc là matière à capitaliser pour les producteurs de contenus audiovisuels, toujours avides d’une bonne affaire. Avec Validé, Canal + a visé en plein dans le mille. Porté par le rappeur Clément Hatik, plutôt bon dans son rôle, Validé fait un carton plein à grands renforts de clichés. La série réunit aussi la crème des « artistes » du genre, ayant des noms à son casting comme ceux de Kool Shen, Soprano, Lacrim, Busta Flex, Cut Killer, Cyril Hanouna ou Fred Musa de Skyrock à son casting.

Une superproduction librement inspirée de la vie du rappeur Tupac Shakur et du ridicule « clash » ayant opposé l’ourson Booba à Kaaris, se voulant une ode réaliste à la rebelle jeunesse des banlieues. De fait, le langage est réaliste – une phrase sur deux est ponctuée d’un « wallah » ou d’un « sisi la famille », les acteurs crédibles, les scènes de quartiers fidèles et le rap qui sert de bande-son pas trop mauvais (on vous rassure, ça reste à la limite du supportable). Taillée pour les adolescents, l’aventure du rappeur Apash se présente sous forme d’un récit d’apprentissage façon manga shonen, le héros progressant en affrontant divers ennemis.

 

Les stories Instagram, le buzz chez Hanouna ou la réputation de dur dans la rue. Rien d’autre n’a d’importance dans le petit monde du rap actuel. Miroir de cette superficialité et de ce matérialisme sidérants, Validé renvoie une image somme toute pathétique de la jeunesse que son réalisateur voudrait idéaliser. 

 

Le problème n’est donc pas un problème de forme, l’ensemble étant assez réussi. Non, cette série met mal à l’aise par son propos. Passons sur les lourdeurs politiques avec la micro polémique entre Apash et le Rassemblement national. C’était attendu. Le vrai point dérangeant est ailleurs : est-il une fois question de musique, même de rap ? À peine. L’écriture des chansons est au second plan. Ce qui compte ? Les stories Instagram, le buzz chez Hanouna ou la réputation de dur dans la rue. Rien d’autre n’a d’importance dans le petit monde du rap actuel. Miroir de cette superficialité et de ce matérialisme sidérants, Validé renvoie une image somme toute pathétique de la jeunesse que son réalisateur voudrait idéaliser. 

 

 

Leurs rêves ? Des tacos trois viandes dégoulinant de fromage fondu. Des partenariats avec des marques de vêtements de sport. Des soirées dans des bars à chichas accompagnés de pouffiasses de bas étage. Des virées en voitures de sport sur le périphérique. Quand ils sont un peu inspirés, ils veulent offrir des cadeaux à leurs mômans et à leurs petites sœurs. Dommage de gaspiller ces flots mitraillettes et cette rugosité dans pareilles triviales considérations. Il s’agirait de grandir, les enfants de la République.

 

Par Gabriel Robin

 
 
 
 

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