Skip to content

Will Franken : “Le politiquement correct a institué son obsession pathologique de n’offenser personne”

Par

Publié le

1 janvier 2019

Partage

[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1546543060212{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]

Il a été prof d’anglais à Harlem avant de conquérir les comedy clubs de New York puis d’enflammer ceux de San Francisco. Cette bête de scène américaine, authentique amoureux de l’Angleterre, s’inquiète de l’avenir du stand-up au pays de l’humour.

 

Que pensez-vous de Comedy Unleashed?

Ce club est un antidote à l’inquiétante prolifération des soirées de comédie qui donnent la priorité à la bonne pensée aux dépens de la performance des artistes et même des désirs du public. Le critère des programmateurs n’étant plus la qualité de l’humour, le stand-up s’est transformé en eau tiède. L’existence de Comedy Unleashed est salutaire.

Elle est aussi un indice de l’effondrement du niveau. (Allez expliquer ça aux comiques appointés!) Ma seule inquiétude c’est que, le succès venant, ce club soit noyauté par des opportunistes. Les ralliements tardifs menacent les authentiques révolutions.

Les retardataires, miraculeusement convertis à la liberté de pensée, risquent de neutraliser cette puissante insurrection comique plus vite que jadis les escrocs ne parvinrent à pulvériser le mouvement punk.

 

Notre culture occidentale tremble devant la propagande trans, les lubies victimaires et les dogmes de l’islam. Will Franken

 

L’humour est-il aujourd’hui censuré ?

Quiconque a un semblant d’humour connaît la réponse à votre question. Évidemment que la comédie souffre d’une forme de censure. Il suffit de voir la mélasse insipide qui dégouline sur nos scènes et nos écrans, pour s’en convaincre.

 

https://twitter.com/WillFranken/status/1060672359789682693

 

Notre culture occidentale tremble devant la propagande trans, les lubies victimaires et les dogmes de l’islam. Cela suscite des performances médiocres. La peur est un puissant agent du conformisme.

C’est dommage parce que le public anglais est client de spectacles audacieux et provocateurs. L’important, à ce stade, c’est de trouver le moyen d’alimenter le feu de la rébellion artistique.

 

Vous vous êtes appelé Sarah pendant 7 mois…

Oui, je me suis travesti. J’ai vécu en femme, ce qui m’a valu l’admiration des comiques installés. Lorsque j’ai décidé de redevenir un homme, j’ai bien senti que je décevais mes pairs. J’ai aggravé mon cas en militant pour le Brexit et scellé mon destin de paria en votant avec enthousiasme pour Donald Trump.

 

En août 2016, vous vous produisiez au « Fringe », le célèbre festival de théâtre d’Édimbourg. En marge de votre spectacle, vous avez décidé d’organiser une cérémonie de remise de prix : les Prix du Conformisme.

Le thème du Fringe 2016 était l’anti-conformisme, intitulé savoureux sachant que ce festival est depuis des années le rendez-vous des béni-oui-oui. En organisant cette parodie de prix, j’ai suscité chez mes prétendus collègues une rancœur impérissable.

Deux ans plus tard, je continue de payer pour cette blague. Je figure sur une liste noire. Des amis m’ont confié qu’à la BBC, par exemple, lorsque mon nom est évoqué pour un projet, la réponse est invariablement: « On ne peut pas embaucher Will Franken, c’est lui qui a organisé ces prix ». Le nombre de mes représentations a diminué de 80 %.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Face à face

 

Cette expérience confirme ce que je craignais: le meilleur moyen de s’attirer des ennuis n’est pas de s’attaquer aux gangs de violeurs, de condamner l’excision ou les atrocités des terroristes, c’est d’informer les comédiens qu’ils ne sont pas drôles.

 

Considérez-vous que trop de gens se lancent dans la carrière d’humoriste ?

Absolument. Jusque-là, la vocation d’humoriste obéissait au principe darwinien selon lequel les plus talentueux survivent. Ceux qui avaient cette vocation, un authentique talent, progressaient dans la profession en repoussant les limites à force d’inventivité et d’audace, tandis que les bureaucrates de l’humour ou pire, ceux qui nous infligent leur logorrhée thérapeutique à longueur de sketches, étaient éliminés et avec un peu de chance retrouvaient un travail honnête.

Malheureusement, le politiquement correct a institué son obsession pathologique de n’offenser personne. Il est admis aujourd’hui qu’il faut protéger les frêles égos des comiques auto-proclamés. Ce phénomène de surpopulation, conjugué à l’interdiction d’émettre le moindre jugement, conduit à l’effondrement programmé de cette forme artistique.

Sylvie Perez

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

EN KIOSQUE

Découvrez le numéro du mois - 6,90€

Soutenez l’incorrect

faites un don et défiscalisez !

En passant par notre partenaire

Credofunding, vous pouvez obtenir une

réduction d’impôts de 66% du montant de

votre don.

Retrouvez l’incorrect sur les réseaux sociaux

Les autres articles recommandés pour vous​

Restez informé, inscrivez-vous à notre Newsletter

Pin It on Pinterest