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Immersion dans les arcanes du Palais Bourbon

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Publié le

9 avril 2024

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Le journaliste Wally Bordas, qui suit l’Assemblée nationale pour Le Figaro, publie « Histoires secrètes de l’Assemblée nationale » aux éditions du Rocher. Une plongée fascinante dans les intrigues et secrets d’une institution phare de la République.
© Assemblée nationale

Les pages de ce livre se tournent comme on enchaîne les épisodes d’une série Netflix dont on a envie de connaître les rebondissements. Mais, à l’Assemblée nationale, il n’est pas question de fiction. De la IIIe République à nos jours, les petites histoires contées par le journaliste épousent la grande. Les débats électriques dont seule la Chambre basse a le secret éclipsent un tout autre visage : celui des confidentialités, des duels, des joutes verbales ou encore des épisodes extraordinaires. Comme l’écrivait Honoré de Balzac, « il y a deux histoires : l’histoire officielle, menteuse, qu’on enseigne, puis l’Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements. » L’auteur nous propose de plonger dans la seconde.

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Tout commence à l’été 2024. Les lecteurs du Figaro découvrent dans leur quotidien une série d’articles qui relatent les épisodes oubliés de l’Assemblée. C’est le rubricard et passionné Wally Bordas qui se replonge dans les archives de l’institution et raconte tour à tour le jour où la chambre des députés se retrouve engloutie par la Seine, le jour où l’anarchiste Auguste Vaillant fait exploser une bombe au sein même de l’hémicycle, le jour où le Palais Bourbon est pris par les flammes, et tant d’autres.

Dans un contexte politique particulier, où l’Assemblée nationale suscite un regain d’intérêt médiatique, le journaliste a choisi l’angle historique pour appréhender le plus justement possible les épisodes contemporains. « Je voulais apporter une petite touche historique à ce qui se passait en ce moment à l’Assemblée, et découvrir quelles étaient les histoires marquantes et symboliques qui avaient touché l’institution. Par exemple, on peut s’émouvoir du comportement des Insoumis, des débordements à répétitions, mais j’ai découvert que ça a toujours existé et souvent de manière plus virulente » nous confie-t-il.

Dans un contexte politique particulier, où l’Assemblée nationale suscite un regain d’intérêt médiatique, le journaliste a choisi l’angle historique pour appréhender le plus justement possible les épisodes contemporains.

Il analyse cet engouement médiatique retrouvé : « Jusqu’à maintenant, l’AN était une chambre d’enregistrement des textes que voulait faire passer le gouvernement, mais depuis la majorité relative, ou plutôt la majorité absolue des oppositions, cela s’est un peu inversé. Il y a un intérêt énorme du fait de la diversité politique qu’il y a aujourd’hui : un groupe de gauche avec plus d’une centaine de députés, un groupe RN de plus de 80 députés et un groupe de la majorité complétement pris en tenaille.» Et, malgré l’existence perpétuelle de ces comportements passionnés, le journaliste retient néanmoins un abaissement considérable du niveau oratoire : « Quand on lit les comptes-rendus de séances, au-delà de l’aspect tonitruant que pouvaient avoir les agitateurs de l’époque, il y avait une forme de tenue, de verbe haut qui s’est complétement perdu. »

Des progressistes dans la cellule d’un royaliste

Au fil des chapitres, on se rend compte que chaque mur, chaque pièce de l’institution regorge de mystères et d’histoires oubliées dans les ténèbres de la mémoire. L’histoire du Comte Armand Léon de Baudry d’Asson en est l’illustration parfaite. Le 11 octobre 1880, le Vendéen déclenche une véritable révolte avec ses collègues députés au sein de l’hémicycle. Les coups pleuvent entre la garde républicaine et les royalistes, mais il finit par se faire arrêter. Il sera emmené dans un petit cachot au sein même du Palais Bourbon. Bien décidé à retrouver les vestiges de cette cellule, le journaliste demande aux services de l’Assemblée nationale de l’y conduire. Ceux-ci lui montreront une mauvaise pièce. Finalement, c’est grâce à l’historien Bruno Fuligni qu’il retrouvera la trace de ce cachot et indiquera aux collaborateurs parlementaires du service de communication de Renaissance que leur bureau était, initialement, une prison. Des progressistes qui se retrouvent dans les pas d’un royaliste : en voilà une ironie de l’Histoire.

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Au fond, ce que nous propose Wally Bordas, c’est d’observer l’évolution d’une institution phare de la République, calquée sur celle de la France. L’Assemblée nationale semble être le miroir grossissant d’un pays qui traverse autant de glorieuses péripéties que de funestes incidents. Le journaliste confie : « On voit, à travers tous les épisodes, que les événements qui ont eu lieu en France, ont eu des répercussions à l’Assemblée nationale. Quand on a la montée de l’antisémitisme en France, il y a le discours de Léon Blum ; quand les nazis occupent Paris, il y a la voix d’Adolphe Hitler qui retentit dans l’hémicycle ; quand on voit l’émergence des droits des femmes, il y a l’arrivée des “députettes” au Palais Bourbon ». Rendez-vous le 10 avril en librairie.

HISTOIRES SECRÈTES DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE, WALLY BORDAS, Éd. du Rocher, 208 p., 17,90 €

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