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21 mars 2020 – saint Clémence
Edito
Pascal, on le sait tous maintenant, même les plus ignorants d’entre nous qui le confondaient jusque là avec la dame de la compta, déplore que l’homme soit incapable de se tenir dans sa chambre et d’y contempler depuis le balcon de son âme les choses éternelles, c’est-à-dire l’étincelle divine qui nous a été accordée. Peut-être le sage oublie-t-il cependant les terreurs de la solitude, que les pères du désert nommaient acédie, et qui donnent envie de fuir partout ailleurs que là où nous sommes confinés, parfois jusque dans la folie. L’excellent professeur Raoult, promoteur perpétuel de la chloroquine, quoi qu’il ait raison certainement dans le fond, est un excellent prototype des affres de l’égoterie galopante de cette étrange époque : « Ce n’est pas parce qu’il y a quelques personnes qui pensent certaines choses à Paris, que je suis à contre-courant. Dans mon monde, je suis une star mondiale, je ne suis pas du tout à contre-courant », raconte-t-il à La Provence, sans ciller.
Peut-être, et on ne doute pas qu’il travaille à sauver des corps. Nous lui prescrirons pourtant aujourd’hui une bonne ordonnance de modestisme. Ce n’est pas remboursé, mais ça se trouve pas loin, troisième porte à droite à l’étage supérieur de son âme. Pour vous, chers lecteurs, nous vous souhaitons un excellent jour du Seigneur, et à lundi.
Le film du soir
Les Enchaînés, Alfred Hitchcock (1948)
Dans le souci toujours constant de vous arracher au binge watching de séries TV frelatées, on continue de déterrer pour vous quelques classiques pas piqués des vers. Quoi de mieux qu’un bon vieux Hitchcock pour se réconcilier avec un samedi soir sous clé ? Ce sera Les Enchaînés (Notorious en V.O), énorme succès en son temps, malheureusement un peu oublié aujourd’hui. L’argument ? Un scénario d’espionnage comme on n’en fait plus : Ingrid Bergman est chargée par un agent secret américain de séduire un ami de son père, ancien nazi soupçonné de trafic d’uranium. Elle tombe évidemment follement amoureuse du premier, tout en se mariant au deuxième pour le bien du pays… À partir de cette intrigue classique, Hitchcock tire un mélodrame sombre et vénéneux, articulé entièrement autour de ce triangle amoureux, tout en non-dits et en trahisons. Filmé en partie au Brésil, le film dégage une atmosphère crépusculaire et éthylique, car la boutanche, c’est bien le sujet principal du film : les personnages boivent beaucoup, s’enivrent et s’embrassent passionnément (parmi les prouesses du film, le plus long baiser de l’histoire du cinéma). L’alcool est omniprésent tout au long du métrage et constituera même le pivot du récit suite à une pirouette narrative donc Hitch a le secret. Filmé en pleine « Opération Paperclip », le film surprend par son audace politique, sa noirceur morale, et impressionne évidemment par sa mise en scène tirée au cordeau. Sans oublier la classe immortelle de deux acteurs alors au faîte de leur gloire, Cary Grant, plus luciférien que jamais, et Ingrid Bergman, à tomber par terre dans chaque plan. À déguster avec un cognac millésimé.
Par Marc Obregon
La minute culture
Confinement givré
Metteur en scène à succès, Filippov revient sur ses terres natales de Sibérie afin de rencontrer un ami d’enfance dont il va partiellement voler le travail. D’emblée, on découvre un homme cynique et narcissique adepte du zapoï. Dans l’avion qui l’arrache à Moscou pour cette contrée glaciale, Filippov est déjà tombé dans les vapes plusieurs fois et ses souvenirs le trahissent. C’est sur ce mode hautement alcoolisé que cette comédie noire va se jouer. Entre deux pertes de connaissance, le metteur en scène se heurte aux coutumes locales hantées par l’URSS, mais surtout à un passé nébuleux que les nombreux personnages vont ranimer au fil des escapades. Quand la centrale électrique lâche, la ville entière livrée au froid bascule dans le chaos. Le confinement devient obligatoire et chaque déplacement peut coûter la vie. Suivi de près par le Démon du vide, l’antihéros va tout faire pour se racheter dans une ambiance de fin du monde post-soviétique absolument bordélique. Un roman foutraque en forme de course à la rédemption sur fond de guerre du feu désabusée – ultra russe.
Par Alain Leroy
Le froid
Andreï Guelassimov
Actes Sud
336 p. – 22,50 €
Commander en grand format : https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782330126872
Commander en numérique : https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782330131616
L’instant réclame (on se rationne mais quand même)
Les aventures trépidantes de Gonzague et Jean-Eudes
Journal d’un confinement
Constatant comment n’importe quelle starlette surestimée s’était mise à publier son journal de confinement, Maximilien Dreyer, écrivain maudit et de droite, a décidé d’explorer à son tour ce nouveau genre littéraire. À sa manière à lui.
Par Maximilien Dreyer
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Nous autres confinés
Le meme du jour
Les brèves
Les morts du coronavirus ? Une chance pour la planète selon la télévision publique allemande
« Nous, humains, ne méritons pas mieux ». Une émission « satirique » d’une chaîne publique allemande se réjouit de la propagation du virus puisqu’il permet de tuer les générations de 65 ans et plus, responsables du réchauffement climatique.
Le présentateur clame : « La planète se guérit grâce à ce virus. Les morts de vieux s’accumulent tandis que les jeunes survivent sans effort. Ce n’est que justice. Ce sont les vieilles générations qui ont mené la planète dans un mur ».
Et de poursuivre : « Peut-être que le corona est la réponse au capitalisme. Et ça marche ! Nous allons peut-être assister à l’émergence d’un nouveau paradis vert. » Avec en fond un décor arc-en-ciel et une musique de conte de fée, il conclut : « Après tout, le problème n’est-il pas que nous sommes trop nombreux ? Moins de gens sur la planète signifie moins d’épuisement des ressources, moins de famine, moins de guerre et donc moins de raisons pour les migrants de fuir leur pays. Pour cette raison, arrêtez avec votre petit égoïsme ».
La différence entre la parole écologiste et cette émission donc ? Aucune. Hormis que l’une se veut… drôle. Pour quelqu’un venant de perdre un proche après une infection au Covid-19, assister à ce programme télé doit être poilant.
Par Étienne Faucher
#s’en sortir sans sortir
Le nouvel hashtag qui prolifère désormais sur les murs, tant virtuels que physiques, « #s’en sortir sans sortir », me semble problématique au moins pour deux raisons. La première, c’est qu’il constitue une atteinte au vers du génial poète Ghérasim Luca, puisqu’il en est une déformation injonctive, le vers original étant une question posée comme suit : « Comment s’en sortir sans sortir ? », question à laquelle le poète avait en outre répondu de manière détonante : en se tuant ; son acte suggérant, au contraire du slogan actuel, qu’il n’était pas du tout évident, justement, qu’on puisse s’en sortir sans sortir. La référence est donc un rien malheureuse. Enfin, il me semble qu’à l’égard de nos amis migrants, c’est là un démenti fort rude de leur démarche. « Vous auriez pu vous en sortir sans sortir de vos frontières si vous aviez un rien de sens civique et de couilles ! » semble-t-on leur marteler sur tous les murs, au moment-même où leur situation n’est pas des plus favorables, eux qui n’ont plus qu’à choisir entre la peste et le corona. Et même si je ne trouve pas ce reproche sans fondement, il n’est guère élégant de le formuler aussi brutalement dans les circonstances actuelles.
Par Romaric Sangars
Recherche porteur saint
« Qui sont les porteurs sains ? » s’interrogent en boucle nos tabloïds médicalisés. « Comment les repérer ? » Nous, on chercherait plutôt les porteurs saints, ceux qui guérissent les écrouelles, ceux qui libèrent les convulsionnaires de leur fétichisme technique. Las, les médias n’aiment pas l’histoire, ils redoutent de déterrer les prophètes, ils préfèrent les comptines, les ego-trips, les tranches de vie, la valse infertile des hashtags et du référencement Google. À Antonin Artaud, qui établissait un parallélisme entre l’activité théâtrale et le travail de la peste, tous deux engendrant une « gratuité frénétique » calquée sur une intuition prophétique du monde, il faudrait opposer notre époque, où médiologie et culte de la transmission ont de facto coupé le réel de son socle moral, donc sur-naturel. Résultat, la pandémie s’accommode très bien aux restes de l’Occident digital et le confinement n’est jamais qu’une prolongation de nos petits cultes domestiques entretenus sur Instagram. Nous voici en enfer, c’est à dire dans l’expérience d’un mal auquel on retire son histoire. On peut parier que le Prion Couronné s’essoufflera de lui-même, qu’il pointera bientôt au Pôle Emploi des Cataclysmes, déconfit face à ce grand fatras d’égos et de ricanements, face à ces âmes impossibles à déciller car insensibles à toute qualité morale d’un évènement ; définitivement incapable de réduire au silence les fâcheuses icônes de la vantardise et du fanfaronnat.
Par Marc Obregon
L’entretien du 5e jour
Si le Québec fournit la chanson française en voix hystériques, la Belgique semble s’être spécialisée dans l’exportation d’humoristes faussement cocasses et dopés à la moraline, Charline Vanoenacker en représentant le spécimen le plus célèbre et le plus lamentable. Pour se faire pardonner, elle nous a aussi offert Walter, classe et caustique.
*Note de service : l’entretien a été enregistré avant le confinement et même encore avant.
La minute sérieuse
Trois scénarios possibles : jusqu’à 11 000 morts d’ici mi-avril ?
Se fondant sur des études de l’INSEE de 2016 et 2017 portant sur les capacités d’accueil des hôpitaux français, trois chercheurs ont publié des prévisions à un mois sur l’évolution de la situation française lundi dernier. Clément Massonnaud, Jonathan Roux et Pascal Crépey dans « Forecasting short term hospital needs in France » théorisent trois scénarios différents concernant la propagation du COVID 19 en France. Le 13 mars dernier, la vitesse de reproduction du coronavirus se situait selon leurs estimations entre 1.4 et 3.2 ce qui justifie que leurs scénarios se soient fondés sur les fourchette basses (1.5), moyennes (2.25) et hautes (3) de cette même vitesse de reproduction.
Au niveau national, le nombre de cas infectés au total d’ici le 14 avril devrait donc être entre 22 872 et 161 832, et le nombre de morts se situera entre 1 021 et 11 032. Le pire scénario prévoit que toutes les régions soient déjà en manque de lits et de matériel dédiés aux soins intensifs. La Corse est la première région, quelle que soit la projection, qui sera submergée dans les prochains jours suivie plus tard, selon la projection moyenne, du Grand Est et de la Bourgogne Franche-Comté.
Selon ces chercheurs, même le scénario le plus favorable prévoit que le système de santé français finira par être débordé et, même s’ils admettent qu’en cas de respect de mesures de confinement assez radicales leurs prévisions pourraient être revues à la baisse, une « réorganisation massive » du système est néanmoins souhaitable afin de permettre la création d’un plus grand nombre d’unités de soins intensifs sur le territoire. Ils restent également relativement sceptiques sur l’influence d’un réchauffement météorologique sur le ralentissement de la propagation du virus.
Par Pierre Valentin
« Penser à tous les illégalismes ordinaires » !
Samedi 21 mars, 12 612 personnes sont contaminées en France. Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, annonce 450 décès, soit malheureusement 20 % de plus en 24 heures. Il y a 5000 patients hospitalisés et de plus en plus de jeunes adultes.
Vendredi 20 et samedi 21 mars un double discours s’impose dans les médias. Premièrement, l’heure ne serait pas à la critique. Médias et ministres suivent la parole ironique du président au sujet de ceux qui ont eu une opinion au début de la crise. Une opinion différente, il ne faudrait quand même pas exagérer. Deuxièmement, vendredi soir le gouvernement et Olivier Véran mettaient le manque de masques sur le dos de leurs prédécesseurs. Facile, non ?
Samedi 21, à 9 h 28, sur France Info, le sociologue et chercheur du Cevipof Jean Viard le dit : sa plus grande crainte est « le retour des nationalismes, silencieux pour le moment ».
Il poursuit : « Il faut penser à tous les illégalismes ordinaires qui eux aussi ont besoin de manger ». Il parle des dealers et autres. Véridique.
Vendredi 20 mars, matin, l’un des principaux responsables du syndicat des médecins libéraux du Grand Est le disait clairement : « Cette administration devra rendre des comptes ».
Le fait marquant est cependant la volonté de l’exécutif de refuser la responsabilité du scandale de l’absence de masques, tout en fustigeant ceux qui « se permettent » (Emmanuel Macron) d’avoir tout su avant. La vraie question est idéologique. Bien sûr, les soignants et la France manquent de masques, et la décision n’a pas été prise par l’exécutif actuel. C’est le résultat de la mondialisation en marche. La réalité : le stock stratégique français de masques doit être d’un milliard. La France n’en avait que 110 millions au début de la pandémie. L’exécutif actuel a été élu, par un nombre assez faible de Français, pour prolonger et même accentuer la politique de mondialisation, sa politique menée à l’égard de l’hôpital depuis 2017 le montre. Celle des retraites aussi : pourquoi travailler plus de 42 ans d’une existence si je dois crever loin de mes enfants, d’un banal virus, à 52 ans ? Idéologiquement, le gouvernement actuel n’a fait que poursuivre ce qui était à l’oeuvre depuis le début du XXe siècle. Ceux qui s’opposent à la mondialisation depuis les années 90 du siècle passé avaient simplement raison. Pourquoi ne pas le reconnaître et ainsi sécuriser le monde futur ?
Par Matthieu Baumier
Nos voisins du jour
L’Espagne est en état d’alerte, deuxième État européen le plus touché par l’épidémie. Lionel, qui s’est installé en Espagne il y a maintenant deux ans, nous fait part de la situation sanitaire dramatique du pays.
Aviez-vous présagé un tel tsunami ?
Non, car jusqu’aux annonces du gouvernement en fin de semaine dernière on ne savait pas l’ampleur que cela avait pris, l’Espagne étant restée longtemps en arrière-plan sur le sujet.
Vous habitez Madrid et, comme sur l’ensemble du territoire, la police et l’armée sont mobilisées pour confiner la population. Est-ce que cela porte ses fruits ?
Oui très efficace semble-t-il, les Espagnols de Madrid ont le sens des autres et sont plutôt disciplinés. Il est vrai que la communication du gouvernement a été très claire une fois la décision prise en Conseil des ministres.
Sur les réseaux sociaux, circulent beaucoup de vidéos d’italiens allant sur leur balcon pour chanter tous ensemble. Y a-t-il en Espagne ce même phénomène de cohésion nationale ?
Oui, on trouve des vidéos de barres d’immeubles à Madrid où les gens applaudissent les services de santé et chante l’hymne national… En Catalogne, je ne sais pas.
Avant le pic en Espagne, le gouvernement avait-il pris des mesures strictes pour endiguer la propagation de l’épidémie ?
Jusqu’à la semaine dernière, rien ne semblait différent de ce que l’on voyait en France.
Selon vous, la situation est-elle mieux gérée en France ou en Espagne ?
Je pense que c’est mieux géré en Espagne d’après les échos que j’ai de la France, par exemple. le passage de la frontière hier était contrôlée dans le sens France Espagne mais libre dans le sens Espagne France.
On voit que les Français, notamment les Parisiens, ont beaucoup de mal à respecter les consignes et ne respectent pas la confinement. Les Espagnols sont-ils meilleurs élèves ?
À Madrid, oui c’est clair. En revanche, Pedro Sanchez, président du gouvernement a dû batailler pour trouver un accord avec sa majorité et la Catalogne voit dans ces décisions un risque dans le déclenchement de l’état d’alerte « contre » eux : perdre en autonomie.
L’impact économique du coronavirus sur la France sera considérable. On sait que l’Espagne a des difficultés économiques plus importantes que la France, le COVID-19 va-t-il tuer les PME espagnoles et les autres secteurs ?
Comme en France, le gouvernement doit faire des annonces de soutiens aux entreprises, on parle de nationalisation du secteur bancaire etc. Les « amortisseurs sociaux » ne sont pas comparables à ceux de la France, plus importants chez nous qu’ici, où en revanche les solidarités familiales jouent à plein.
Qu’en est-il des hôpitaux espagnols, sont-ils débordés, en manque de moyens ?
Le gouvernement a réquisitionné semble-t-il des locaux privées (hôtels, centres d’accueil de l’Église catholique…) pour accueillir des malades au cas où les hôpitaux seraient saturés.
Propos recueillis par Adélaïde Barba
Derrière la crise migratoire, la rivalité géopolitique entre l’Europe et la Turquie
Fin février, alors que l’offensive du régime syrien et de son allié russe dans la région d’Idlib a conduit à la mort de 33 soldats turcs, le président Erdogan annonçait ouvrir ses frontières avec l’Europe pour laisser passer les 3,6 millions de migrants présents sur son sol. En rupture avec le pacte de mars 2016 avec l’UE où, en échange de 6 milliards d’euros, il devait stopper le flux migratoire, Erdogan cherche à obtenir le soutien des Européens face à la Syrie et la Russie alors que la situation militaire à Idlib lui est défavorable.
Cet afflux de personnes risque de renforcer la propagation du Covid 19, ce qui a conduit la Grèce, pays le plus touché, à imposer le confinement des migrants dans des camps. Mais cette crise migratoire n’est qu’un des sujets de distorsion entre l’Europe et la Turquie. Erdogan, au pouvoir depuis 18 ans, membre du parti islamiste AKP, est animé par un néo-ottomanisme : il veut renforcer l’influence turque sur les anciens territoires de l’Empire ottoman. Ainsi, les autres sujets de friction concernent l’occupation du nord de Chypre par l’armée turque depuis 1974, l’occupation du nord de la Syrie, visant à empêcher la formation d’une entité politique kurde en dépit de l’aide des Kurdes contre Daesh. À ce titre, le chantage d’Erdogan vise à obtenir le soutien des Européens pour la création d’une zone tampon sous contrôle turc en territoire syrien pour in fine y reloger les migrants et changer la composition ethnique, empêchant l’émergence d’un État Kurde. Enfin, la Turquie met à mal les intérêts européens en Libye, en soutenant le gouvernement de Tripoli dominé par les islamistes contre le maréchal Haftar. Un soutien qui lui donne les clés de la seconde porte d’entrée de l’Europe pour les migrants, et qui a conduit à un accord en novembre dernier avec Tripoli. Cet accord prolonge les frontières maritimes turques en Méditerranée orientale compromettant ainsi le projet européen de gazoduc East Med pour exploiter l’important gisement gazier au sud de Chypre. Autant de sujets qui amènent l’Europe à revoir sa politique à l’égard de la Turquie, pays membre de l’OTAN et candidat à l’adhésion à l’UE.
Le 12 mars, le président Macron a appelé à éviter le « repli nationaliste » devant la pandémie. Pourtant, face aux agissements turcs et au risque d’un potentiel islamisme viral dans les rangs des migrants, on peut se demander si un repli souverainiste ne serait pas la meilleure réponse des peuples européens dans cette crise ?
Par Guillaume Duprat
Erdogan veut-il faire mourir les Italiens ?
Le sultan néo ottoman et l’islamiste frère musulman Erdogan aime bien faire du chantage vis-à-vis de l’Europe. Il y a trois semaines, il avait fait affréter des cars de toute la Turquie vers la frontière grecque pour y convoyer des migrants et les déverser en l’Europe. Une manière pour lui de se venger de l’appui qu’il espérait dans son bras de fer avec la Russie concernant la poche résiduelle d’Idlib où il appuie les islamistes. Une manière aussi de négocier un peu plus d’argent que les 6 milliards d’euros donnés en 2016 par l’Union européenne pour contenir les migrants en Turquie. Non content de faire pression sur l’Europe par le chantage à l’immigration, le sultan Erdogan bloque aujourd’hui des centaines de milliers de masques achetés et payés à la Turquie par deux grands groupes italiens pour se protéger contre le coronavirus. Selon le Corriere qui a révélé l’information, l’Italie aurait commandé 27 millions de masques. Mais trois semaines plus tard, ils sont toujours bloqués à la frontière par le service des douanes à la demande d’Erdogan. Un cynisme qui justifierait des sanctions exemplaires de la part de l’Europe qui a trop souvent cédé aux caprices du sultan.
Par Benoît Dumoulin
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